— Publié le 4 avril 2024

A Brisbane 2032, les athlètes s’invitent dans le débat

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La dernière réunion de la commission de coordination du CIO, organisée la semaine passée en mode virtuel, a pu laisser penser le contraire par les discours confiants et sereins de ses participants. Mais tout ne va pas pour le mieux à Brisbane, à huit ans et quelques poignées de semaines des Jeux d’été en 2032.

La preuve : les athlètes s’invitent dans le débat ouvert depuis des mois sur la question des sites de compétition. Habituellement très discrets à ce stade de la préparation, ils ont décidé de se faire entendre.

Un groupe d’anciens olympiens et paralympiens du Queensland a pris officiellement la parole, cette semaine, pour demander aux autorités de l’Etat de renoncer à son idée de prévoir les compétitions d’athlétisme dans un stade déjà existant de la banlieue de Brisbane. Ils militent pour l’abandon du projet, actuellement présenté comme l’option prioritaire, d’utiliser les installations du Queensland Sport and Athletics Centre (QSAC).

Parmi les meneurs de la fronde figurent quelques-unes des figures les plus reconnaissables du sport australien des quatre dernières décennies. En tête de liste, Sally Pearson, la championne olympique du 100 m haies aux Jeux de Londres 2012, les nageurs Leisel Jones, triple médaillée d’or olympique en brasse et en relais, Jon Sieben, champion olympique du 200 m papillon à Los Angeles 1984, et Grant Hackett, triple médaillé d’or au 1500 m et en relais.

Dans un courrier adressé au gouvernement du Queensland, les 14 anciens athlètes détaillent par le menu les raisons pour lesquelles le QSAC, un complexe presque cinquantenaire aux dimensions et équipements très éloignés des standards olympiques, ne peut pas accueillir l’athlétisme aux Jeux de Brisbane 2032.

« Bien que nous comprenions que vous souhaitiez tirer le meilleur parti des Jeux pour les contribuables, nous ne pensons pas que le site du QSAC le permette, non seulement d’un point de vue financier, mais aussi en termes d’héritage pour Brisbane et le Queensland, plaident-ils. Franchement, un stade principal d’une capacité de seulement 40.000 personnes serait une honte qui ne représenterait en aucun cas l’esprit d’ouverture du Queensland. »

La prise de position des athlètes australiens n’était pas vraiment attendue. Elle rajoute une voix à un débat qui s’éternise depuis des mois, aucune option ne semblant réunir les conditions de coût, d’héritage et de modernité.

A l’origine, il était prévu de démolir en partie, puis réaménager, le Gabba Stadium, l’historique enceinte de cricket de Brisbane. Mais la facture annoncée a effrayé le gouvernement du Queensland. Le projet a été enterré.

Autre option, recommandée le mois dernier par une commission indépendante : la construction d’un stade ultramoderne de 55.000 places dans un parc du centre-ville. Ambitieux. Mais, encore une fois, beaucoup trop cher : 2,21 milliards de dollars US. Enterré, lui aussi.

Dernière piste explorée par les autorités du Queensland, la plus low cost  : les cérémonies d’ouverture et de clôture au Lang Park, un stade de rugby, et l’athlétisme au QSAC, dans la banlieue sud de la ville. Ce complexe serait rénové pour les besoins des Jeux, un projet estimé à 1,6 milliard de dollars australiens.

Crédible ? Pas vraiment, à en croire les anciens athlètes australiens. Selon eux, une telle option ne serait pas à la hauteur de l’événement. Elle risquerait également de menacer l’avenir de l’athlétisme dans le Queensland. « Le QSAC est la pépinière de l’athlétisme dans l’État, transformer ses installations ne pourrait que nuire à nos performances pour ces Jeux à domicile, avancent-ils dans leur courrier. Tout le monde se souvient du magnifique événement organisé par Sydney en 2000. Le Queensland mérite quelque chose de tout aussi spectaculaire, sans une pièce maîtresse qui sentirait le compromis. Il n’est pas trop tard pour changer d’avis. »

Seront-ils entendus ? A en croire la réponse de Steven Miles, le Premier ministre du Queensland, en début de semaine face aux médias, rien n’est moins sûr. « Ils ont droit à leurs opinions, a-t-il expliqué, mais nous écoutons les habitants du Queensland. Ils me parlent de leur hôpital, de leur école, de la difficulté qu’ils ont à joindre les deux bouts. Lorsque le Queensland est confronté à ce genre de défis quotidiens, je ne peux pas justifier de dépenser des milliards supplémentaires pour des stades, quel que soit le nombre d’athlètes qui me le demandent. »