Le monde de l'escrime

Ruben Limardo, épéiste et président

— Publié le 6 mars 2024

Il a déjà marqué l’histoire. Celle de son pays, le Venezuela, mais aussi celle de son sport, l’escrime. En décrochant la médaille d’or à l’épée individuelle aux Jeux de Londres 2012, Ruben Limardo (photo ci-dessus) est devenu le premier champion olympique vénézuélien depuis les Jeux de Mexico 1968. Et le premier escrimeur latino-américain sacré aux Jeux d’été depuis 1904.A 38 ans, l’épéiste continue à vivre sa passion au présent. Sur le terrain, mais aussi en dehors. Très impliqué dans le développement de sa discipline, il préside la commission des athlètes de la Fédération internationale d’escrime (FIE), une position qui lui assure une place au comité exécutif de l’instance.A moins de 150 jours des Jeux de Paris 2024, où il vise une cinquième participation olympique, Ruben Limardo a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : Comment avez-vous découvert l’escrime au Venezuela ? 

Ruben Limardo : J’ai découvert l’escrime grâce à mon ancien entraîneur, Ruperto Gascón. Il était venu d’Union soviétique au Venezuela en 1993 comme maître d’armes. 

Quelle place occupe l’escrime dans votre pays ?

Après ma médaille d’or olympique à l’épée aux Jeux de Londres en 2012, l’escrime a connu au Venezuela un essor important. Jusque-là peu connue, elle est devenu d’un coup un sport largement reconnu. Comme dans le reste du monde, la pandémie de CODVID-19 a stoppé son élan et ralenti son rythme. Mais la Fédération vénézuélienne d’escrime a multiplié les efforts et les initiatives pour retrouver une belle croissance, notamment chez les nouvelles générations. 

Où en est aujourd’hui le développement de l’escrime au Venezuela, et plus largement en Amérique du Sud ? 

Au Venezuela, le nombre d’escrimeurs est en hausse depuis deux ans. Mais nous manquons d’entraîneurs pour le haut niveau. Ce n’est un secret pour personne que la population vénézuélienne s’est déplacée dans le monde entier, un exode qui n’a pas été sans conséquence sur la dynamique sportive nationale. Mais, malgré des moyens souvent limités, les efforts ont été considérables et les résultats sont aujourd’hui reconnus un peu partout sur la planète. Sur le reste du continent sud-américain, les pays ont vraiment essayé de progresser pour se mêler à la concurrence internationale. C’est surtout vrai dans l’épée masculine, où les athlètes sud-américains sont de plus en plus nombreux dans le haut du classement mondial.

Comment l’escrime pourrait-elle accélérer son développement dans cette partie du monde ? 

Le développement passe par l’école. Avec une meilleure présence dans le système scolaire, en primaire et secondaire, l’escrime pourrait gagner un grand nombre de nouveaux licenciés. A terme, cela permettrait également de créer des compétitions universitaires. Mais la question des entraîneurs est également décisive. Il est indispensable d’accélérer la formation de cadres techniques sur le continent. A l’heure actuelle, il reste très difficile pour un escrimeur sud-américain de se rendre à des stages de haut niveau en dehors des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

Comment envisagez-vous votre rôle de président de la commission des athlètes de la FIE ? 

Je veux défendre les athlètes, leurs intérêts, leurs préoccupations et leurs demandes. Et, ainsi, mériter la confiance qui m’a été accordée pour assurer cette fonction. La présidence de la commission des athlètes m’a vraiment permis d’élargir ma vision de l’escrime et de tous ses aspects. Beaucoup de programmes ont déjà été lancés par la FIE pour les athlètes. Des projets sont également en phase de développement, par et pour les escrimeurs. J’ai bien l’intention de contribuer à les étendre et les consolider.

Quels changements ou initiatives souhaiteriez-vous promouvoir en tant que porte-parole des athlètes de la FIE ?

Je souhaite oeuvrer pour un équilibre des ressources et des moyens de promotion entre les continents. Par son histoire et ses résultats, l’Europe concentre une grande partie des ressources. Je crois avoir un rôle à jouer pour que les pays les plus éloignés de la pratique, et ceux où le potentiel de développement est le plus important, puissent bénéficier de moyens accrus. Une politique équilibrée à l’échelle mondiale bénéficiera à tous. Elle contribuera à augmenter la communauté des escrimeurs, et à la rendre encore plus forte.