— Publié le 15 janvier 2024

Face à la polémique, l’IIHF patine à reculons

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Marche arrière toute pour la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF). Après avoir annoncé la semaine passée la décision de son Conseil de suspendre la participation des équipes nationales d’Israël – masculine, féminine et moins de 20 ans – des prochains championnats du monde, l’instance se dit aujourd’hui prête à revoir sa position. Et laisser la porte ouverte aux sélections israéliennes pour une participation aux rendez-vous mondiaux.

Luc Tardif, le président de l’IIHF, l’a expliqué dans une réponse écrite à Radio-Canada : « Nous avons déjà bien avancé avec les autorités bulgares vendredi. Si tout va bien et ceux-ci confirment certaines garanties de sécurité lundi (15 janvier), on devrait être en mesure d’y intégrer l’équipe d’Israël », pour le Mondial des moins de 20 ans.

Rappel des faits. Mercredi 10 janvier, l’IIHF annonce via un communiqué que son Conseil a pris la décision de retirer Israël des Mondiaux masculins division 2 groupe B, prévus du 22 au 28 avril à Belgrade, en Serbie. Une décision justifiée par un souci d’assurer « la sécurité de tous les participants, y compris israéliens ».

La suspension concerne également l’équipe féminine, dont le rendez-vous mondial est prévu au printemps, mais en Lettonie. Dans l’immédiat, elle affecte encore plus directement la participation israélienne aux Mondiaux des moins de 20 ans division III groupe B, qui doivent débuter le 22 janvier. Initialement prévu en Israël, le tournoi a été déplacé à Sofia, en Bulgarie.

L’annonce de l’IIHF a provoqué des réactions indignées dans le camp israélien. Le Jérusalem Post rapporte les propos de Simon Davidson, le président de la commission des sports de la Knesset, pour qui cette décision est « arbitraire ». Elle serait même illégale, dit-il, selon les règles du CIO.

Le Comité olympique israélien, de son côté, envisageait dès la semaine passée de porter plainte contre l’instance mondiale du hockey sur glace devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Pour sa présidente, l’ancienne judoka Yael Arad, « nous assistons à une décision dangereuse et sans précédent qui pue l’antisémitisme sous couvert de sécurité pour les athlètes ».

Plus mesuré dans ses propos, le capitaine de l’équipe israélienne, Eliezer Sherbatov (photo ci-dessus), installé au Québec, l’a confié à Radio-Canada : « Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais dans un premier temps fâché, mais je peux comprendre la décision de l’IIHF qui ne peut pas garantir notre sécurité. Je suis déçu, car c’est un tournoi prestigieux et on avait tous hâte de se retrouver pour rejouer ensemble. Mais quand je vois l’ampleur de l’antisémitisme en ce moment, c’est peut-être une bonne décision. On ne nous exclut pas comme les Russes ont pu être exclus. L’IIHF a tout simplement eu peur pour nous et notre sécurité et celle des autres équipes. »

Face au tollé engendré par sa décision, l’IIHF a tenu à clarifier sa position dans un communiqué, publié en fin de semaine passée sur son site Internet. L’instance explique que sa décision « ne constitue pas une sanction à l’encontre de la Fédération israélienne et n’affecte pas le statut de la Fédération israélienne en tant que membre à part entière et en règle de l’IIHF. »

Elle annonce que son Conseil se réunira en février et mars pour « évaluer les conditions de sécurité liées aux championnats. Cela permettra au Conseil de l’IIHF de traiter chaque championnat au cas par cas, en tenant compte des faits propres à chaque lieu où un championnat est prévu. »