— Publié le 25 octobre 2023

Pour Milan-Cortina 2026, une piste sans ligne d’arrivée

Événements Focus

Un feuilleton. A moins de 1.000 jours de l’événement (J – 835 ce mercredi 25 octobre), la piste de bobsleigh, luge et skeleton des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 prend les allures d’une série télé à rebondissements, où chaque épisode se plait à tordre le scénario jusqu’à le menacer de rupture.

Mardi 24 octobre, une réunion au sommet a réuni à Milan tous les acteurs du projet. Elle se voulait « informelle », mais le casting rassemblé autour de la table en dit long sur l’importance des discussions : Andrea Abodi, le ministre des Sports, venu porter la voix du gouvernement ; les maires de Milan et de Cortina d’Ampezzo, Giuseppe Sala et Gianluca Lorenzi ; les présidents des régions Lombardie et Vénétie, Attilio Fontana et Luca Zaia ; les présidents des provinces de Trente et Bolzano, Maurizio Fugatti et Arno Kompatscher ; plus, bien sûr, le président de Milan-Cortina 2026, Giovanni Malagò, le vice-président, Luca Pancalli, et le directeur général, Andrea Varnier. Du lourd, donc.

A l’ordre du jour, un seul sujet : la piste de glisse. Une urgence. Mais, curieusement, un dossier où les options restent très ouvertes. L’étranger, comme annoncé la semaine passée, mais aussi l’Italie.

Giovanni Malago l’a en effet expliqué lundi 16 octobre à Mumbai, pendant le rapport du comité d’organisation de Milan-Cortina 2026 devant la 141ème session du CIO : le gouvernement italien ne veut plus entendre parler d’une rénovation de la piste historique de Cortina d’Ampezzo, construite pour les Jeux d’hiver en 1956. Le dirigeant italien a confié que la demande lui avait été faite deux jours plus tôt d’enterrer définitivement le projet.

Mais, surprise, l’option italienne ne semble plus tout à fait écartée. Jamais en retard d’un revirement, le gouvernement de Giorgia Meloni aurait changé d’avis. La perspective d’aller chercher à l’étranger ce qui pourrait exister à domicile ne serait plus jugée aussi séduisante.

Certes, les Italiens n’ont pas rayé de leurs notes les options autrichienne (Igls, près d’Innsbruck), et suisse (Saint-Moritz). Mais la tendance irait désormais vers une solution nationale.

Deux choix sont évoqués : Cortina d’Ampezzo et Cesana. Le premier est connu : la piste Eugenio Monti, un vestige du passé dont le coût de reconstruction n’a pas cessé de grimper depuis la phase de candidature. Abandonnée la semaine passée, elle vient de revenir dans la discussion, mais dans une version low cost.

Le deuxième choix, la piste de Cesana, en Emilie-Romagne, n’avait encore jamais été cité parmi les options. Pas vraiment étonnant, puisque cet équipement construit pour les Jeux d’hiver de Turin en 2006 ne fonctionne plus depuis le rendez-vous olympique. La machinerie utilisée pour sa réfrigération a été démontée après les Jeux.

Mardi 24 octobre, l’option Cesana a été largement discutée. Elle pourrait même s’installer rapidement en tête de la pile. Sa remise en marche est estimée à 34 millions d’euros, pris en charge par l’Etat. Les travaux pourraient être bouclés en une année. Après les Jeux de Milan-Cortina 2026, la piste connaîtrait une nouvelle vie, avec l’installation d’un centre national de haut niveau pour le bobsleigh, le skeleton et la luge, d’un centre de formation pour les jeunes et d’un funpark pour les sports de glisse. L’héritage, concept très apprécié à Lausanne.

Le comité d’organisation l’a annoncé dans un bref communiqué publié au terme de la réunion : une série d’évaluations sera prochainement menée. Ses conclusions seront communiquées « dans les délais convenus avec le CIO. » Quand ? Mystère.

A moins de 28 mois de l’événement, le ciel ne semble toujours pas dégagé. Et il pourrait bien se charger de nuages au-dessus du comité d’organisation. La presse italienne rapporte en effet que la Cour des comptes de Vénétie a ouvert une enquête sur les raisons, et surtout le coût, de l’abandon du projet de reconstruction de la piste Eugenio Monti à Cortina d’Ampezzo.

Les magistrats souhaitent comprendre pourquoi il a fallu attendre si longtemps avant de réaliser que le projet n’était pas viable. Ils veulent découvrir la raison pour laquelle l’appel d’offres pour les travaux de rénovation de la piste n’a pas abouti. Enfin, ils sont curieux d’en apprendre un peu plus sur la somme d’argent public déjà dépensée sur le projet. A ce jour, en pure perte.