Candidatures

Suisse 2030 dévoile son étude et affiche ses chiffres

— Publié le 19 octobre 2023

Elle est entrée dans la course sur le tard, sans vraiment prévenir. Elle a posé un pied, puis un autre. Avec prudence. Mais la Suisse continue d’avancer dans la bataille à trois pour l’accueil des Jeux d’hiver en 2030. Elle semble même accélérer nettement l’allure.

Aux manettes du projet, le Comité olympique suisse (Swiss Olympic) a posé mercredi 18 octobre une pièce décisive sur l’échiquier. Il a dévoilé aux médias son étude de faisabilité, préparée depuis plusieurs mois en collaboration avec les fédérations olympiques des sports d’hiver et Swiss Paralympic.

Le document l’affirme sans nuance : la Suisse « dispose du potentiel, des connaissances et du soutien de la population pour organiser des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver selon un nouveau concept à partir de 2030. » La formule résume le propos : le dossier suisse peut avancer avec des chances de victoire.

« Le Conseil exécutif de Swiss Olympic propose au Parlement du sport de déclarer au CIO, lors de son assemblée du 24 novembre, qu’il est prêt à entamer la prochaine phase de dialogue pour des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver en Suisse », explique Jürg Stahl, le président de l’instance helvétique.

Prochaine étape le 24 novembre, donc. Il restera alors seulement quelques jours avant la réunion de la commission exécutive du CIO, prévue du 28 novembre au 1er décembre à Paris, au cours de laquelle seront dévoilés les projets invités à poursuivre la course en phase de « dialogue ciblé » pour 2030 et 2034.

Son projet olympique et paralympique, la Suisse lui avait déjà donné des contours inédits, avec un concept national impliquant les quatre régions linguistiques. Les Jeux de toute la Suisse, selon la formule affichée. Avec le dévoilement de son étude de faisabilité, Swiss Olympic en dit un peu plus long.

Sans surprise, le dossier prévoit l’organisation des épreuves dans des infrastructures existantes. Les compétitions sont prévues sur douze sites, dans quatre régions. La cérémonie d’ouverture se déroulerait à Lausanne, la clôture à Berne. La Suisse ne possédant pas d’anneau de patinage de vitesse, « une solution serait recherchée dans les pays voisins. »

Le budget ? L’étude de faisabilité assure qu’il pourrait être bouclé par des fonds privés. Elle avance que les Jeux d’hiver pourraient générer des recettes de l’ordre de 1,5 milliard de francs suisses (1,58 milliard d’euros au cours actuel). Près de la moitié de ce montant, soit 710 millions, proviendrait de la contribution financière du CIO. Le reste serait apporté par le partenariat et la billetterie. « Avec ces recettes et selon l’approche dite « built-to-budget », nous parvenons à financer les dépenses opérationnelles des Jeux », avance Urs Lehmann, le président de la Fédération suisse de ski.

L’étude le précise : l’Etat et les cantons seraient sollicités pour une participation financière de 50 millions de francs suisses (des deux côtés). Les pouvoirs publics investiraient également dans les domaines de l’héritage et de la sécurité.

Autre annonce : le soutien du public. Il se révèle à la hauteur des attentes des porteurs du projet, mais sans pour autant crever le plafond. Swiss Olympic révèle les résultat d’un sondage réalisé par l’institut gfs.bern, selon lequel 67 % des personnes interrogées se déclarent favorables au principe de Jeux olympiques et paralympiques en Suisse.

Prudents, les porteurs du projet ont évacué le principe d’un référendum, ces « votations » qui ont enterré une à une les dernières candidatures suisses aux Jeux olympiques. Il n’est pas prévu à l’échelon national, mais certains des cantons concernés pourraient vouloir en passer par les urnes. Toujours risqué. Mais Urs Lehmann l’explique : « En cas de refus d’un canton, nous avons envisagé des plans B. » La carte des sites serait alors réécrite pour tenir compte de l’opinion des habitants.

Son communiqué l’affiche sans se cacher : la candidature suisse aux Jeux d’hiver ne concerne pas seulement l’édition 2030. Elle voit au-delà. « L’accent est mis sur l’organisation de Jeux olympiques et paralympiques en 2030, précise le document. L’année 2034 reste une option en tant qu’année d’organisation alternative. »

La manoeuvre est pertinente : les Suisses se donnent deux chances au lieu d’une seule. Mais ils seront fixés au même moment, la 141ème session du CIO ayant entériné en début de semaine à Mumbai le principe d’un double vote pour les Jeux d’hiver en 2030 et 2034.