— Publié le 2 octobre 2023

Sur la question russe, l’IPC a pris les devants

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La nouvelle en a surpris beaucoup. Réuni en fin de semaine passée en assemblée générale extraordinaire à Manama, au Bahrein, le Comité international paralympique (IPC) s’est prononcé par vote en faveur d’une participation sous bannière neutre des athlètes russes aux Jeux de Paris 2024.

A un peu plus de 300 jours du prochain rendez-vous paralympique, la décision de l’IPC est intervenue en deux temps. Une première motion a invité les délégués à se prononcer par vote sur une suspension totale du Comité paralympique russe. Elle a été rejetée par 74 voix contre 65, et 13 abstentions.

La seconde motion portait sur la suspension partielle de l’instance paralympique russe. Elle a été adoptée à une large majorité de 90 voix contre 56 (6 abstentions). Le Comité paralympique russe est donc écarté du mouvement pour une période de deux ans, mais sa suspension est « sujette à révision lors de la prochaine assemblée générale ordinaire ». Elle se déroulera l’an prochain.

Mais l’IPC l’a expliqué dans un communiqué : « En raison de la suspension partielle, le Comité paralympique de Russie perd tous ses droits en tant que membre de l’IPC. Toutefois, ses sportifs sont éligibles pour participer individuellement et de manière neutre aux Jeux paralympiques de Paris 2024. »

Plus tard dans la journée, vendredi 29 septembre, l’IPC a organisé un autre scrutin, dédié cette fois à la Biélorussie. Par 79 voix pour, 57 contre et 9 abstentions, il a été décidé de suspendre son comité national paralympique. Mais, comme dans le cas de la Russie, les athlètes biélorusses seront autorisés à titre individuel et sous conditions aux Jeux de Paris 2024.

« J’attends de tous les membres de l’IPC qu’ils respectent la décision prise aujourd’hui lors de l’assemblée générale, a déclaré Andrew Parsons, le président de l’IPC. J’espère désormais qu’à l’approche des Jeux paralympiques de Paris 2024, on se concentrera sur le sport et les performances des para-athlètes. » 

La porte est donc ouverte. Elle pourrait même ne plus se refermer, même s’il faut attendre de connaître avec précision les conditions de neutralité imposées par le comité exécutif de l’IPC pour une participation aux prochaines épreuves paralympiques.

Les résultats des deux scrutins le laissent deviner : la question russe n’a pas été réglée comme une simple formalité, vendredi dernier à Manama, par le mouvement paralympique international. Elle a été largement débattue. Elle a provoqué des divisions au sein de l’PC. Et son issue a fait son lot de mécontents.

La France en fait partie. Quelques heures seulement après l’annonce de la décision, le Comité paralympique français s’est fendu d’un communiqué sans langue de bois. « Le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), aux côtés de la quasi-totalité des comités paralympiques européens, considère que le risque de manipulation, même sous bannière neutre, demeure non maitrisable alors que les Jeux paralympiques doivent rester un espace de paix et de neutralité, explique le document. Cette position n’a pu recueillir le soutien nécessaire, malgré l’appui de la commission des athlètes paralympiques de l’IPC. Le CPSF soutient désormais le comité exécutif de l’IPC auquel il revient de déterminer les conditions de participation, au cas par cas, des athlètes russes et biélorusses, sous bannière neutre. Il reste très vigilant quant à l’attitude des autorités et athlètes concernés afin de préserver les compétitions paralympiques. Le CPSF dénonce les pressions exercées, de par le monde, sur certains comités paralympiques nationaux. »

Avec cette décision, l’IPC se démarque une nouvelle fois du CIO sur la question russe. A la différence de l’instance olympique, où la commission exécutive règle la question en petit comité, le sujet a été soumis au vote des pays membres. Surtout, il est désormais réglé, à un peu moins d’une année de l’échéance. Le CIO, lui, repousse la décision au « moment le plus approprié », une formule assez vague pour lui autoriser toutes les options.

Pour rappel, le CIO et l’IPC ont souvent adopté des positions opposées sur la question russe. Aux Jeux de Rio 2016, l’instance olympique avait accepté une équipe du Comité olympique de Russie (ROC), alors que son pendant paralympique avait interdit toute participation russe.

Six ans plus tard, aux Jeux d’hiver de Pékin 2022, le CIO avait une nouvelle fois accepté la présence d’une équipe neutre présentée par le ROC. Mais le déclenchement de l’offensive militaire en Ukraine, moins de deux semaines avant le début des Jeux paralympiques, avait placé l’IPC dans une situation inédite. L’instance avait accepté dans un premier temps une équipe russe sous bannière neutre, avant de se raviser sous la pression de certains de ses pays membres, et lui fermer la porte des Jeux à la veille de l’ouverture.