— Publié le 22 juin 2023

« Le penalty de Neymar, un moment pour l’Histoire »

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Ses règles de sélection, une participation très inégale et l’éloignement des rencontres ont souvent tenu le football à l’écart de l’ambiance olympique. Sur le papier, les Jeux de Paris 2024 seront confrontés aux mêmes écueils. A moins que la présence espérée de Kilian Mbappé ne suffise à renverser la tendance.

Ludovic Heurley (photo ci-dessus), en charge du football et du cécifoot au COJO Paris 2024, l’a expliqué à FrancsJeux dans le cadre de la série d’interviews des managers sport du comité d’organisation : le défi n’est pas mince. Mais pour cet ancien de la FFF, le ballon rond pourrait bien se laisser gagner l’an prochain par l’esprit des Jeux.

FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?

Ludovic Heurley : Je suis un enfant de la Fédération française de football (FFF). J’y ai travaillé pendant 16 ans. Les cinq ou six premières années, j’étais affecté au département billetterie. Puis j’ai évolué vers l’organisation des équipes de France, où j’étais en charge des espoirs et des féminines. Les quatre dernières années, avant de rejoindre le COJO Paris 2024, mes missions ont été plus internationales. J’étais détaché auprès de l’UEFA pour m’occuper des événements.

Votre expérience passée des Jeux olympiques ?

J’ai vécu les Jeux de Tokyo 2020 de l’intérieur, pour le compte de la FIFA. J’étais affecté au site de Sapporo, dans la préfecture d’Hokkaido. Un vrai challenge, avec 11 matches disputés en seulement sept jours. L’expérience a été très particulière, dans le contexte sanitaire. Assez terrifiante et étrange au départ, mais finalement assez incroyable.

Un souvenir marquant des Jeux ?

Sur le plan humain, avoir suivi le parcours aux Jeux paralympiques de Tokyo de l’un de mes collègues, Gilles de la Bourdonnaye, le manager sport du tennis de table au COJO Paris 2024. J’ai été très impressionné par la performance de certains pongistes, un Egyptien notamment, qui jouait en tenant sa raquette dans la bouche. Sinon, le penalty réussi par Neymar lors de la séance de tirs au but de la finale du tournoi de football des Jeux de Rio 2016. Le contexte était d’une extrême tension, face à l’Allemagne, deux ans après la demi-finale du Mondial 2014. Neymar a tiré le dernier penalty. Il a marqué. Pour beaucoup, cela reste l’un des plus grands moments de l’histoire du football en termes de force mentale.

Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?

Deux sujets sont en tête de la pile, à conclure rapidement après de longs mois d’échanges et de discussions avec la FIFA. Le premier concerne la liste finale des terrains d’entraînement pour les équipes qualifiées aux Jeux olympiques. Nous devons trouver un accord avec la FIFA. Le second sujet est relatif à la localisation de la VAR et de son équipe. Nous avançons, elle devrait être installée à l’IBC (le Centre international des diffuseurs). La FIFA est très impliquée dans les Jeux, très regardante également, notamment sur les questions relatives aux arbitres.

Les sites du football et du cécifoot : leurs atouts, les défis dans la perspective des Jeux ?

Pour le tournoi olympique de football, nous allons disposer de sept stades en France, tous régulièrement utilisés pendant la saison (Paris, Bordeaux, Nice, Lyon, Saint-Etienne, Nantes Marseille). Le programme prévoit 58 matches – masculins et féminins – en seulement 18 jours. A titre de comparaison, un Mondial totalise 64 rencontres en un mois. Le défi sera de faire rayonner l’esprit olympique, malgré l’éloignement de Paris, et faire en sorte que le football trouve pleinement sa place aux Jeux. Pour le cécifoot aux Jeux paralympiques, la situation se présente plus simplement. La compétition se déroulera dans Paris, au stade Tour Eiffel, au coeur du Champ-de-Mars, avec des joueurs logés au village des athlètes. Le site aura servi au beach volley pendant les Jeux olympiques. Nous allons devoir retirer les tonnes de sable utilisées pour les terrains, puis poser un plancher solide et sans bruit, et une pelouse synthétique. Nous aurons du temps pour cette transition, mais ça s’annonce malgré tout comme une prouesse technique. Le challenge, au cécifoot, sera de donner à l’événement une dimension sociale qui restera après les Jeux. Prouver que tout le monde peut faire du sport, quel que soit son handicap.

Paris 2024 sera une réussite pour le football et le cécifoot si

La priorité reste l’expérience des athlètes. Pour le football, les Jeux de Paris 2024 seront une réussite si la compétition se laisse gagner par l’esprit olympique, malgré l’éloignement de Paris. Les joueurs sont très attachés aux Jeux. L’événement ayant lieu en Europe, où évolue la majorité des joueurs, la participation devrait être au rendez-vous. Pour le cécifoot, nous aurons réussi si les projecteurs restent allumés une fois la compétition terminée. La flamme ne doit pas s’éteindre le soir de la cérémonie de clôture.