— Publié le 16 mai 2023

France 2025, un beau projet jeté aux oubliettes

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L’annonce n’a rien d’un coup de tonnerre. Elle était attendue. Mais elle n’en reste pas moins spectaculaire. Confirmant des informations relayées depuis plusieurs jours, le comité d’organisation de la Coupe du monde de rugby à XIII 2025 en France a jeté l’éponge.

Son conseil d’administration s’est réuni lundi 15 mai, pour une rencontre de la dernière chance. Il devait « délibérer sur la viabilisation du modèle économique et financier » du rendez-vous mondial du rugby à XIII. A l’évidence, les discussions sont restées stériles. Le tournoi planétaire, attribué à la France en 2021, se jouera ailleurs.

La raison ? L’argent. « Malgré tout le travail effectué, la sécurisation d’un risque de déficit n’a pas pu être apportée, a précisé le comité d’organisation dans un communiqué. Les conditions de viabilité financière définies initialement par l’Etat pour apporter son soutien au projet, posées dès le mois de janvier 2022, n’étaient en effet pas pleinement réunies. »

En fin d’année passée, la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, avait accordé au comité d’organisation un délai de trois mois pour apporter des garanties financières. Mais ce coup de pouce de l’Etat, déjà engagé à hauteur de 700.000 euros dans le projet – plus une large participation aux frais et aux salaires du comité d’organisation – n’a pas empéché l’inévitable.

Malgré ses démarches, France 2025 n’a jamais pu dénicher un diffuseur prêt à casser sa tirelire pour les droits de la compétition. Dans le même temps, plusieurs potentielles villes-hôtes ont trainé les pieds pour concrétiser leur volonté d’accueillir des rencontres.

Pour cette troisième édition organisée exclusivement en France, après 1954 et 1972, le comité d’organisation avait vu les choses en grand. Trop grand, peut-être.

La Coupe du Monde 2025 devait proposer au public non pas un seul, mais quatre tournois, destinés respectivement aux moins de 19 ans, aux féminines, au rugby à XIII en fauteuil, et bien sûr aux hommes. Au total, pas moins de 128 matches à disputer dans quarante stades, en cinq semaines.

Pour le rugby à XIII français, le coup est rude. Le projet porté par Luc Lacoste, le président de la fédération française, devait être l’affaire du siècle pour une discipline en mal de reconnaissance et de médiatisation. Le dirigeant français avait été nommé au conseil d’administration de la fédération internationale, l’International Rugby League (IRL), en octobre dernier. Il siège parmi les trois membres de l’European Rugby League (ERL).

Les contours de la compétition avait été présentés en grande pompe, en janvier 2022, lors d’une conférence de presse ouverte par Jean Castex, alors Premier ministre (photo ci-dessus). « Il était temps que cela revienne chez nous ! », s’était-il enthousiasmé.

Le coup est rude, également, pour le mouvement sportif français, qui avait déjà identifié le Mondial 2025 comme un trait d’union entre les Jeux de Paris 2024 et la prochaine olympiade. A condition, toutefois, de ne pas tourner au fiasco. France 2025 l’explique dans son communiqué : « Cette décision difficile est prise pour ne pas mettre en danger la robustesse des modèles des grands événements sportifs internationaux que la France veut porter désormais. »

A deux ans de l’événement, l’IRL devra trouver sans tarder un plan B solide et crédible. Pas simple. « Je ne peux pas cacher ma déception que je leur ai clairement transmise en personne, a commenté son président, Tony Grant. Bien que nous nous soyons concentrés sur la France, nous allons maintenant accélérer notre réflexion sur d’autres options d’urgence. Le conseil d’administration se réunira face à face en juillet et nous pourrons alors déterminer ensemble nos prochaines étapes et examiner les autres candidatures que nous avons reçues non seulement pour 2025, mais aussi pour 2029 et 2033″.

En Europe, l’Angleterre pourrait être la meilleure option, mais elle a déjà organisé la dernière édition du tournoi, à l’automne dernier, après un report d’une année dû à la crise sanitaire. A la place, tout désigne l’Australie et la Nouvelle-Zélande, déjà hôtes de la compétition en 2017 avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée.