Une page d’histoire va s’écrire dans les Hauts-de-Seine, à l’ouest de la capitale française, pendant les Jeux de Paris 2024. Le stade Yves-du-Manoir, dernier vestige du rendez-vous olympique en 1924, deviendra le premier – et l’unique – site de compétition utilisé pour deux éditions des Jeux. A 100 ans d’écart.
Peu probable, et un rien incongru : l’historique enceinte de Colombes vivra sa deuxième vie olympique au son de la balle et des crosses de hockey sur gazon. Un sport peu connu du public français.
Aux manettes de la discipline au sein du COJO Paris 2024 : Antoine Berger (photo ci-dessus). FrancsJeux poursuit avec cet ancien moniteur de ski, passé par le rugby à 7, sa série d’interviews des sport managers du comité d’organisation.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Antoine Berger : Je viens de la montage et de l’univers du ski. J’ai d’abord travaillé comme marketing et export manager Europe pour des marques de ski et de snowboard. Puis j’ai bifurqué vers un projet dans le rugby à 7, en 2017, en devenant responsable d’une étape des Seven Series à Singapour et d’une autre, féminine, organisée en France. L’année suivante, j’ai rejoint la Fédération internationale de hockey (FIH) à Lausanne, au poste de « project and event manager ». Je m’occupais de l’organisation des compétitions de hockey sur gazon dans les événements multisports, Jeux olympiques, Jeux olympiques de la Jeunesse, Jeux du Commonwealth. En parallèle, je me suis occupé du développement du hockey5s, le format court de la discipline.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
La première concerne les Jeux de la Jeunesse, dans leur version d’été, à Buenos Aires en 2018, dans un grand pays de hockey sur gazon. J’ai suivi toute la phase de planification du tournoi de hockey, disputé sur le format du hockey5s, puis son organisation plus opérationnelle sur place, pendant l’événement. Pour les Jeux de Tokyo 2020, la préparation des compétitions a occupé mon quotidien dès mon entrée à la FIH en 2018. Les Jeux étaient au coeur de mon projet, depuis leur planification avec le test-event, la planification, jusqu’à l’événement au Japon, où j’ai travaillé en étroite collaboration avec le sport manager japonais du hockey sur gazon.
Un souvenir marquant des Jeux ?
Mon premier souvenir des Jeux olympiques remonte à Sydney 2000. Plus particulièrement le moment où Cathy Freeman a allumé la flamme pendant la cérémonie d’ouverture. Je n’avais pas encore 10 ans, j’étais devant ma télévision, trop jeune pour comprendre la dimension et l’importance de l’événement, mais il m’a beaucoup marqué. Plus récemment, la finale du tournoi masculin de hockey sur gazon aux Jeux de Tokyo 2020, avec la victoire de la Belgique aux penalties face à l’Australie. Ma première finale comme témoin privilégié. La tension a été extrême jusqu’aux derniers instants. Pour moi, c’était aussi la fin d’un projet personnel.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
L’héritage que laisseront les Jeux de Paris 2024 pour le hockey sur gazon. Aujourd’hui, il reste un sport relativement mineur en France, contrairement à certaines autres nations. J’accorde beaucoup d’importance à cette notion d’héritage, elle me tient énormément à coeur. J’aimerais contribuer à mieux installer la discipline dans le paysage sportif français après les Jeux olympiques, la faire connaître du grand public, partager ses valeurs. Autre dossier prioritaire, comme pour les autres sport managers du COJO : la qualité de l’expérience des athlètes. Nous devons les placer dans les meilleures conditions pour réaliser des grandes performances. Et, par ricochet, garantir la meilleure expérience possible également pour le public.
Le site du hockey sur gazon : ses atouts, le défi dans la perspective des Jeux ?
Nous avons la chance et l’honneur, mais aussi la responsabilité, de disposer du stade Yves-du-Manoir à Colombes. Un site historique, puisqu’il avait servi pour les Jeux de Paris en 1924, notamment pour l’athlétisme et les cérémonies. Il est le seul équipement qui aura accueilli deux éditions des Jeux olympiques à un siècle d’intervalle. Une super histoire à raconter, un magnifique projet d’héritage. Mais, en même temps, un important dossier de rénovation et de réhabilitation, pour les terrains de compétition, mais aussi pour l’ensemble de la plaine de jeux utilisée au quotidien par les écoles des alentours. Trois terrains vont être installés pour les Jeux, dont deux resteront après la compétition, dédiés exclusivement au hockey sur gazon. A terme, le stade Yves-du-Manoir abritera la Maison du Hockey, où viendra s’installer la fédération française.
Paris 2024 sera une réussite pour le hockey sur gazon si…
J’aimerais voir le plus de monde possible dans les tribunes. Pour les deux terrains de compétition, la jauge totale se situera à 18.000 places. Nous aurons réussi les Jeux si le stade est plein le plus souvent possible, avec une grande ferveur dans le public, et une présentation qui mélangera le sport, le spectacle et la transmission des valeurs du hockey. On pourra également parler de réussite, après les Jeux, si la fédération française enregistre une hausse du nombre de ses licenciés.