Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2030, la Suisse se tourne vers ses voisins

— Publié le 5 janvier 2023

La course aux Jeux d’hiver 2030 accueillera-t-elle bientôt un nouveau concurrent ? Possible. Le quotidien suisse Le Temps révèle qu’un groupe de travail aurait été constitué dans le Valais pour plancher sur un projet olympique. Il préparerait un dossier de candidature de l’Espace Mont-Blanc pour l’édition 2030, regroupant la Suisse, la France et le nord de l’Italie.

L’idée serait partie du Valais, où les échecs successifs des candidatures pour les Jeux d’hiver en 1976, 2002, 2006 et 2026 n’ont pas étouffé toutes les ambitions. Le dernier échec en date, notamment, a laissé des traces douloureuses. Présenté comme une option solide et crédible, le projet Sion 2006 a été enterré par les électeurs, le non l’emportant par 53,98% en juin 2018 lors de l’inévitable « votation » organisée dans le canton.

Mais le rêve olympique n’est pas mort. Le succès des Jeux de la Jeunesse d’hiver 2020 à Lausanne lui aurait même donné un sérieux coup de fouet.

A ce stade, le projet suisse reste embryonnaire. Mais il a déjà défini un périmètre, l’Espace Mont-Blanc. Le dossier regrouperait le Valais, la station française de Chamonix et la vallée d’Aoste en Italie. Un concept à trois pays qui ne serait pas pour déplaire au CIO, l’instance olympique encourageant les postulants de nations voisines à s’associer pour les Jeux d’hiver.

Réaliste ? Sur le papier, sûrement. La décision récente de la commission exécutive du CIO de repousser à la session des Jeux de Paris en 2024 l’attribution des JO d’hiver 2030 ouvre la voie à des nouvelles candidatures. Elle laisse le temps de construire un dossier et d’entamer la phase de dialogue avec la commission de future hôte.

Mais le projet porté par le Valais devra surmonter un obstacle de taille : la réticence du comité national olympique suisse à se lancer aussi vite dans l’aventure. Interrogé par Le Temps, le porte-parole de Swiss Olympic, Alexander Wäfler, s’est montré catégorique : « La seule entité apte à décider si le moment est venu pour le dépôt d’une candidature est Swiss Olympic. Et nous estimons qu’il n’est pas réaliste de le faire pour des JO qui auront lieu dans un peu plus de sept ans« .

Le message de Swiss Olympic est clair : une candidature pourquoi pas, mais pas avant 2034 ou 2038. Prudence, prudence.

Fin de l’histoire ? Peut-être pas. Réduite à un match à deux entre Sapporo et Salt Lake City depuis le retrait de Vancouver, la bataille pour les Jeux d’hiver 2030 avance désormais sur une seule jambe après la décision des Japonais, annoncée le mois dernier, de mettre leur projet « en pause« . Les Américains, de leur côté, ne font pas mystère de leur préférence pour les Jeux en 2034, l’option 2030 leur semblant peu armée face à la concurrence commerciale des Jeux de Los Angeles 2028.

A ce stade, le scénario d’un retrait pur et simple de Sapporo n’est pas exclu, les Japonais ayant expliqué vouloir organiser une consultation nationale avant de relancer la mécanique. La course aux Jeux d’hiver serait alors réduite à une seule candidature, Salt Lake City.

Dans un tel contexte, le CIO serait à coup sûr plus que soulagé de voir un nouveau dossier s’inviter à la table des discussions. Et même, qui sait, à lui proposer la meilleure place.

Les porteurs du projet de l’Espace Mont-Blanc devront faire vite. Mais en proposant un dossier transfrontalier peu coûteux, durable et politiquement solide, ils pourraient convaincre le CIO. Et dissiper les craintes de Swiss Olympic.