Candidatures

Dialogue ou candidature, les villes hésitent encore

— Publié le 30 novembre 2022

Candidature ou dialogue ? La question est devenue très tendance dans le mouvement sportif international. Trois ans après le virage spectaculaire opéré par le CIO pour son processus de sélection des villes-hôtes des Jeux, le débat reste ouvert. Mais une vaste enquête publiée mardi 29 novembre apporte plusieurs éléments de réponse.

Aux manettes du sondage, l’agence BCW Sports, filiale sportive du géant mondial de la communication et des relations publiques BCW (Burson Cohn & Wolfe). L’enquête a interrogé 100 villes dans le monde, dites « actives » dans la quête d’événements sportifs internationaux, au cours du quatrième trimestre de l’année 2022. Avec une question centrale : préférez-vous en passer par une campagne de candidature classique, bouclée par un vote, ou suivre les étapes d’un processus de dialogue ?

Le résultat n’affiche aucune unanimité. Les deux options ont leur lot de partisans. Mais le sondage réalisé par BCW Sports dégage trois tendances.

La première peut surprendre. Près de 80 % des répondants ont reconnu que le processus de sélection avait une influence, élevée ou moyenne, sur leur décision de se lancer dans l’aventure. En clair, les potentiels postulants à l’accueil d’un événement sportif majeur se renseignent, en grande majorité, sur les règles du jeu avant de se lancer dans la bataille.

Par ailleurs, près d’une personne interrogée sur deux a expliqué qu’une expérience négative dans une candidature passée avait conduit à renoncer à renouveler l’essai pour le même événement. Une réponse qui suggère que les battus attribuent plus volontiers leur échec au processus de décision qu’à leur propre dossier.

Deuxième leçon : les villes penchent de plus en plus en faveur du processus de dialogue. Elles sont plus de la moitié (56 %) à reconnaître préférer cette option à celle d’une campagne de candidature pure et dure. Mais elles sont nombreuses à avancer que les formules actuelles de dialogue proposées par les instances internationales devraient être améliorées. Elles leur reprochent surtout un manque de clarté et de transparence dans le calendrier et la prise de décision.

L’enquête de BCW Sport ne le mentionne pas, mais la dernière attribution olympique par le CIO, pour les Jeux d’été en 2032, pourrait à elle seule illustrer toutes les réserves avancées par les villes interrogées. Une demi-douzaine de pays était en course, dont le Qatar, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, la Corée du Sud. L’Australie et Brisbane ont raflé la mise. La commission exécutive du CIO les a choisies, dans un premier temps, comme les seules à poursuivre le dialogue. Puis la session a réglé l’affaire en marge des Jeux de Tokyo 2020. Les autres postulants ont suivi le feuilleton à distance, découvrant parfois les épisodes sans en connaître à l’avance la date de diffusion.

Enfin, dernier enseignement de l’enquête : les villes veulent de la clarté, de la cohérence et de la transparence dans le processus de sélection. Dialogue ou candidature, peu importe, elles aspirent à une procédure et un choix final qui ne soient ni obscurs ni bancals. Elles veulent en connaître toutes les règles du jeu, notamment sur le moment de la décision et l’identité des décisionnaires.

Dans la foulée du CIO, plusieurs fédérations sportives internationales ont choisi de privilégier un processus de dialogue, avec un appel aux manifestations d’intérêt, puis une phase d’échanges et de discussions, et enfin l’annonce de la ville ou du pays retenu. World Rowing, notamment, a pris ce virage. L’UCI, également.

La Fédération des Jeux du Commonwealth (CGF) a attribué l’édition 2026 de l’événement multisport à l’état australien du Victoria au terme d’une procédure comparable. Mais elle l’a fait par défaut. Sa première campagne de candidature, d’un format plus à l’ancienne, s’est terminée dans une impasse. Les potentiels hôtes des Jeux avaient tous renoncé les uns après les autres.