— Publié le 8 septembre 2022

Pour la Russie, le temps de l’isolement est terminé

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Hasard du calendrier ? Alors que le CIO doit réunir à partir de ce jeudi 8 septembre sa commission exécutive à Lausanne, pour l’avant-dernière fois de l’année, la Russie passe à l’offensive pour en finir de son isolement du mouvement olympique. Elle le fait par les mots. Mais pourrait bientôt passer aux actes.

Les mots, d’abord. A Vladivostok, où se tient cette semaine le Forum économique oriental (FEE), les officiels russes se sont succédés face aux médias, dont l’agence de presse TASS, pour évoquer le statut des athlètes et leur avenir à court terme dans le mouvement olympique. Avec un leitmotiv : leur exclusion doit cesser.

Dmitry Chernyshenko, le vice-Premier ministre russe, connu dans le mouvement sportif international pour avoir présidé le comité d’organisation des Jeux d’hiver de Sotchi 2014, s’est exprimé au nom du Kremlin. Il a évoqué les Jeux de Paris 2024. « Nous nous préparons à la participation de notre équipe olympique aux prochains Jeux olympiques d’été, a expliqué Dmitry Chernyshenko. Nous verrons ce qui se passera« .

Un cran en-dessous, mais lui aussi très haut placé, le ministre russe des Sports, Oleg Matytsin. Présent à Vladivostok, il s’est montré un peu plus concret que son collègue du gouvernement. Reprenant un discours déjà évoqué au cours des dernières semaines, l’ancien pongiste a expliqué que la Russie allait prochainement organiser des compétitions sportives internationales où ses athlètes pourraient s’exprimer.

« Nous ne cessons de lancer des invitations à nos collègues des BRICS et de l’OCS pour qu’ils viennent participer à des compétitions ou des rencontres bilatérales, a précisé Oleg Matytsin lors du Forum économique oriental. Nous allons devoir utiliser tous les formats de participation pour nos athlètes dans le respect des principes de l’Olympisme. Nous ne nous isolons pas. La position de notre président est que nous sommes une puissance sportive autosuffisante dotée de ressources considérables. »

Le message est clair : exclue du mouvement sportif international à la demande du CIO, la Russie se tourne vers ses alliés pour organiser ses propres compétitions. Les BRICS réunissent, en plus de la Russie, le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. L’OCS (Organisation de coopération de Shanghai), de son côté, regroupe la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Inde, le Pakistan et l’Iran.

Les actes, maintenant. Oleg Matytsin l’a confié aux médias : la Russie a fait revivre cette année, pour la première fois depuis 30 ans, les tournois des Spartakiades, un rassemblement sportif de masse créé à l’époque de l’Union soviétique. « Nous allons les organiser tous les quatre ans« , a assuré le ministre des Sports.

Autre décision : la mise en place par le gouvernement russe d’une grille de primes destinées aux athlètes, mais aussi à leurs entraîneurs. Elles pourraient être distribuées en échange d’une participation aux futures compétitions que la Russie souhaite organiser avec ses pays alliés.

En parallèle, la Russie se prépare à contester la recommandation du CIO aux fédérations internationales de bannir ses athlètes. Viacheslav Fetisov, la légende du hockey sur glace russe, double médaillé d’or olympique (Sarajevo 1984 et Calgary 1988), a expliqué à l’agence TASS que les athlètes allaient très officiellement demander des explications à Thomas Bach. Ils souhaitent obtenir une justification de cette exclusion, « qui n’est pas prévue par la Charte olympique« .

Toujours selon Viacheslav Fetisov, actuel premier vice-président de la commission de la culture physique et des sports de la Douma, un groupe de champions olympiques russes planche sur la meilleure forme à adopter pour s’adresser au CIO et à son président. Mais la décision est prise.

« Il n’est pas prévu dans la Charte olympique que des athlètes puissent être bannis pour des raisons politiques, a-t-il expliqué. Sinon, il faudrait exiger des changements non seulement dans la Charte, mais aussi dans les statuts des fédérations internationales. Mais le mouvement sportif ne pourrait plus alors se revendiquer comme tel, car le sport est fait pour unir les gens et créer une atmosphère d’unité. »