Isolée depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, exclue des compétitions internationales et mise au ban du mouvement olympique, la Russie ne baisse pas les bras. A deux ans des Jeux de Paris 2024, elle lance même la contre-offensive. Avec l’ambition assumée de rester visible sur l’échiquier sportif.
Première réussite, saluée par le Kremlin comme une « victoire« , la réélection dimanche 7 août du Russe Arkadi Dvorkovitch à la présidence de la Fédération internationale des échecs (FIDE). La « victoire » en question n’a pas fait un pli : le Russe a obtenu 157 voix sur les 179 possibles. Surtout, il a devancé sans la moindre angoisse son seul rival, le grand maître Andrii Baryshpolets, crédité de seulement 16 suffrages. Le battu du jour est ukrainien. Tout un symbole.
Précision tout sauf anecdotique : Arkadi Dvorkovitch n’est pas le premier Russe venu. Agé de 50 ans, il était vice-premier Ministre entre 2012 et 2018, jusqu’à son élection à la présidence de la FIDE. Un homme de Vladimir Poutine, donc.
Réaction du Kremlin, par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov : « Evidemment, c’est une très bonne nouvelle et une victoire très significative. »
Autre signe de la volonté de la Russie de continuer à peser sur le mouvement sportif : l’annonce par le ministre des Sports, Oleg Matytsin (photo ci-dessus), de la création prochaine de compétitions sportives internationales. Le dirigeant russe n’en est pas à sa première promesse d’un retour des athlètes de son pays sur la scène. Mais, cette fois, Oleg Matytsin a étalé ses cartes.
L’ex président de la FISU (Fédération internationale du sport universitaire) a expliqué avoir déjà tendu la main aux pays membres de deux organisations internationales supposées proches de la Russie : le BRICS et l’OCS. Le premier groupe rassemble, en plus de la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. L’Iran et l’Argentine ont demandé à rejoindre le bloc. L’Arabie saoudite, la Turquie et l’Égypte ont exprimé eux aussi leur intérêt à en devenir membre, ou à formaliser leur partenariat avec le groupe.
La seconde organisation, l’OCS (Organisation de coopération de Shanghaï), recense 18 pays, dont huit nations membres (Chine, Russie, Inde, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan et Tadjikistan), quatre observateurs (Afghanistan, Biélorussie, Iran et Mongolie) et six partenaires (Arménie, Azerbaïdjan, Cambodge, Népal, Sri Lanka et Turquie).
« Nous travaillons sur différents formats avec les pays des BRICS et de l’OCS, a expliqué Oleg Matytsin en marge des championnats de Russie d’athlétisme à Cheboksary. Quatre milliards de personnes y vivent. Il ne s’agit pas d’une alternative aux championnats du monde, mais de nouvelles compétitions« .
Le ministre russe a insisté : « Le sport mondial ne peut espérer prospérer sans la participation de la Russie. Je pense que l’exclusion de nos athlètes ne durera pas longtemps. Mais elle offre la possibilité de renforcer nos liens sportifs avec les pays du BRICS et de l’OCS« .
Les pays concernés joueront-ils le jeu, au risque de se retrouver à leur tour en position difficile ? L’avenir répondra. Mais une chose est sûre : la Russie semble déterminée à remettre ses athlètes sur le chemin des stades. A deux ans des Jeux de Paris 2024, les qualifications olympiques vont bientôt débuter. Elles le feront sans les Russes et Biélorusses.
Le risque d’un exil des meilleurs Russes ? Oleg Matytsin n’y croit pas. « Je ne crains pas qu’ils changent de nationalité, je ne vois pas de raisons objectives pour qu’ils le fasse, suggère-t-il. L’argent n’est la motivation principale de tout le monde. En Russie, nous ne récompensons pas seulement nos sportifs avec des primes, nous leur assurons également des avantages sociaux, une aide à la formation… Je ne crois pas au risque d’un départ en masse. Nous allons surmonter cette difficulté. »