— Publié le 21 juin 2022

« J’aimerais beaucoup voir une candidature française »

Événements Focus

Un calendrier sportif chargé jusqu’à menacer de rompre les a repoussés au second rang de l’actualité. Mais les Jeux méditerranéens débutent en fin de semaine à Oran, en Algérie (25 juin au 5 juillet). Ils étaient initialement prévus en 2021, ils ont été reportés d’une année en raison de la crise sanitaire.

Vingt-six nations, 24 sports, plus de 3.000 athlètes et près de 5.000 volontaires mobilisés. Costaud. Mais l’événement peine à se défaire d’une interrogation : quelle place occupent aujourd’hui les Jeux méditerranéens dans le mouvement sportif ?

Bernard Amsalem, le vice-président du Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM), chargé de diriger depuis plus de deux ans la commission de coordination, a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : Comment se présentent les Jeux méditerranéens 2022 à Oran ?

Bernard Amsalem : Beaucoup d’efforts ont été consentis par le gouvernement algérien pour cet événement. Plusieurs équipements nouveaux ont été construits, dont un stade de 45.000 places pour l’athlétisme et le football. Plusieurs autres ont été rénovés. Leur architecture est très réussie. L’héritage des Jeux a également été pensé. Pour le logement, la Cité universitaire d’Oran a été rénovée, avec une capacité de 4.000 lits pour les délégations étrangères. L’Eurovision a fait elle aussi un effort, dans le cadre de son contrat avec le Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM), avec 84 heures de direct dans 16 pays, contre seulement 4 lors de l’édition précédente à Tarragone. Tout est bien structuré et parfaitement calé. Les Jeux devraient très bien se passer.

La participation est-elle à la hauteur ?

Nous avons enregistré la participation de 3.434 athlètes issus de 26 pays, soit environ 6.100 personnes avec les officiels et les entraîneurs. Tous les pays et tous les sports ont joué le jeu. La seule exception est l’équitation. Nous pension la retirer du programme, nous l’avons finalement conservée car la région d’Oran possède une longue tradition équestre. Mais la fédération internationale (FEI) n’a pas fait le choix d’inscrire l’événement à son calendrier. Du coup, seulement 11 pays sont présents, alors que le comité d’organisation prend à sa charge les dépenses de voyage des chevaux. Plusieurs grandes nations des sports équestres ne participeront pas, comme la France, l’Espagne et l’Italie.

Dans un calendrier sportif aussi chargé, que peut-on attendre des Jeux méditerranéens en termes de performances et de niveau des compétitions ?

La concurrence est rude, surtout cette année. Nous le savons, il ne s’agit pas d’un événement du niveau des championnats du monde. Mais dans plusieurs sports, comme la lutte, le judo ou l’haltérophilie, où la qualification aux Jeux olympiques se fait par le classement mondial, Oran 2022 permet de gagner des points. En athlétisme, le plateau se révèle un mélange intéressant de jeunes espoirs, pour qui l’événement constituera une première expérience internationale dans leur parcours vers Paris 2024, et d’athlètes beaucoup plus confirmés. La sélection française, notamment, compte des gens comme Alexandra Tavernier au marteau, Thomas Jordier au 400 m, Yohan Kowal au semi-marathon, Ludvy Vaillant au 400 m haies, mais aussi un espoir du 110 m haies, Just Kwaou-Mathey, qui vient de battre son record personnel en 13 sec 27.

La préparation de l’événement semble ne pas avoir toujours été très fluide. Vous avez vous-même tiré la sonnette d’alarme, l’an passé, sur les retards dans l’organisation…

Les Jeux méditerranées d’Oran sont financés par le gouvernement algérien. Inévitablement, il y a eu des retards liés à la lenteur de certains services de l’Etat et la pesanteur administrative, notamment pour les appels d’offres. Nous étions inquiets. Mais tout a été réglé en novembre dernier avec l’arrivée de Mohamed Aziz Derouaz à la tête du comité d’organisation. Il a été un grand joueur de handball, international, il est un ancien ministre des Sports. En deux mois, il a remis les choses en ordre. Il a tout débloqué, dont la communication, le numérique… Aujourd’hui, tout est calé. Les autorités algériennes accordent une grande importance à cet événement. En termes d’image, bien sûr, mais aussi d’héritage. Les équipements neufs ou rénovés doivent contribuer au développement de la pratique sportive, surtout chez les jeunes.

Quelle place peuvent avoir les Jeux méditerranéens dans un calendrier sportif international de plus en plus chargé, où les événements multisports sont de plus en plus nombreux ?

Les Jeux méditerranéens ont été créés en 1951. Nous en sommes à la 19ème édition. Le moment est venu de les rajeunir, avec l’ajout de sports nouveaux. Les disciplines urbaines, en priorité. A Oran, le teqball est en démonstration. Nous devons aller plus loin, pour rajeunir l’image, le public et la participation. Nous allons en discuter en novembre lors de l’assemblée générale du CIJM. Pour les éditions à venir, le programme doit tenir compte de l’évolution de la société.

Comment se présente l’avenir de l’événement ?

La prochaine édition a déjà été attribuée. Elle se déroulera en 2026 dans la ville italienne de Tarente. Nous avions reçu une seule candidature. Le choix était d’autant plus logique que le nouveau président du CIJM, Davide Tizzano, est italien. Pour la suivante, en 2030, l’appel à candidatures et la décision interviendront en 2024. J’aimerais beaucoup voir une candidature française. La France n’a plus organisé les Jeux méditerranéens depuis 1993. Elle pourrait présenter un très beau projet, entre Marseille et Nice. Il s’inscrirait très bien dans l’héritage des Jeux de Paris 2024.