Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2030, Sapporo accélère encore

— Publié le 15 avril 2022

Le coup d’envoi de la compétition n’a pas été officiellement donné. Et rien n’a encore été précisé quant à la date et le lieu de l’arrivée. Mais dans la course aux Jeux d’hiver 2030, un candidat avance plus vite que les autres. La ville japonaise de Sapporo, sur l’île d’Hokkaido, roule à un train d’enfer.

Le mois dernier, le maire de Sapporo, Katsuhiro Akimoto, a assuré devant les médias que le projet olympique et paralympiques n’en passerait pas par l’étape toujours périlleuse d’un référendum. Le premier élu de la ville a expliqué que les résultats positifs d’une récente consultation en ligne, marquée par un taux de soutien de 58 % des habitants de Sapporo pour le projet olympique et paralympique, en disaient assez long. Inutile, selon lui, d’appeler les habitants à se rendre aux urnes.

Katsuhiro Akimoto a avancé un nouveau pion mercredi 13 avril. Le maire de Sapporo a annoncé aux médias la création prochaine, sans doute dès le mois de mai, d’un comité de promotion des Jeux d’hiver 2030. Il devrait prendre le nom de « Hokkaido-Sapporo 2030 ». Et répondra à un double objectif : réunir les milieux sportif et d’affaires autour du projet, et en favoriser une meilleure connaissance, notamment chez les personnes encore hostiles ou réticentes.

Pas question, en effet, d’ignorer les opposants à la candidature. Le maire de la ville l’a expliqué à la NHK : « Il existe encore un certain nombre de voix qui s’opposent au projet. Je les entends et je les prends au sérieux. Avec ce comité, nous allons tenter de répondre à leurs inquiétudes et leurs préoccupations. »

Officiellement, le CIO n’a pas établi de calendrier précis pour la désignation de la ville-hôte des Jeux d’hiver 2030. L’instance olympique a entamé des discussions ciblées avec les potentiels candidats, dont Sapporo, Salt Lake City, Vancouver et les Espagnols de Barcelone/Pyrénées 2030. Elles pourraient déboucher, peut-être dès cette année ou en début d’année prochaine, sur la désignation d’un candidat dit préférentiel, comme l’avait été Brisbane pour les Jeux d’été en 2032. La décision finale pourrait ensuite revenir à la session du CIO à Mumbai en 2023.

A ce stade de la course, les Japonais semblent avoir pris la tête de la meute. Ils veulent les Jeux et le répètent. Avec une motivation plus touristique que sportive : imposer Sapporo sur la carte mondiale des sports d’hiver.

Le Japan Times l’expliquait récemment : Sapporo peine encore à attirer une clientèle internationale, malgré son passé de ville olympique (elle a organisé les Jeux d’hiver en 1972). Les touristes étrangers passent par Sapporo, mais souvent sans s’attarder. Ils préfèrent aller skier sur les pentes de stations plus renommées, à l’image de Niseko, distante d’une centaine de kilomètres.

La ville compte pourtant six domaines skiables, dont Sapporo Bankei et Sapporo Teine, situés entre 20 minutes et une heure de route du centre de l’agglomération. Mais les derniers chiffres des autorités locales révèlent que seulement 20 % des skieurs viennent de l’étranger ou du reste du Japon.

En cause, un manque cruel d’hôtels de luxe. Selon plusieurs experts du secteur, cités par le Japan Times, la clientèle chinoise ne trouve pas à Sapporo le niveau de standing qu’elle recherche à l’étranger. A l’inverse, la station concurrente de Niseko offre des standards plus élevés. A la différence de Sapporo, la pandémie n’y a pas freiné la construction d’hôtels ou de résidences haut de gamme, avec un rythme soutenu de 1.000 à 2.000 nouveaux lits par an depuis le début de la crise sanitaire.

Une victoire japonaise dans la course aux Jeux d’hiver 2030 pourrait modifier durablement la donne. Le projet de construction d’un hôtel du groupe Marriott serait concrétisé. L’extension de la ligne du Shinkansen d’Hokkaido, le train à grande vitesse, serait avancée. Elle est aujourd’hui annoncée pour le printemps 2031.

Confiants dans leur succès, les élus de Sapporo ont déjà commandé une étude sur l’impact économique direct des Jeux d’hiver en 2030. Il est estimé à 350 milliards de yens pour la seule ville de Sapporo, soit environ 2,5 milliards d’euros, et 450 milliards de yens (3,3 milliards d’euros) pour toute la préfecture d’Hokkaido.