— Publié le 14 mars 2022

Aux Jeux de Pékin, la Chine a crevé le plafond

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Le rideau est tombé, dimanche 13 mars, sur les Jeux paralympiques d’hiver de Pékin 2022. Allumée vendredi 4 mars, la flamme a été éteinte au Nid d’oiseau de la capitale chinoise, au cours d’une cérémonie de clôture marquée par la présence du président chinois, Xi Jinping.

Débuté sur fond de conflit en Ukraine, en l’absence des délégations russe et biélorusse, le rendez-vous paralympique s’est achevé dans une ambiance encore dominée par la situation géopolitique.

Dans son discours d’ouverture, le président du Comité international paralympique (IPC), Andrew Parsons, avait lancé un vibrant appel à la paix. Dimanche soir, le Brésilien n’a pas repris tout à fait les même mots, mais son message n’a pas dévidé de sa ligne pacifiste. Le Brésilien a qualifié les athlètes paralympiques de « lueur d’espoir » et de « champions de la paix« .

Mais, comme dix jours plus tôt à l’ouverture, son discours a été partiellement censuré par la télévision chinoise. La CCTV, chaîne publique d’un état chinois allié affirmé de la Russie, a gommé sans le moindre embarras les deux expressions d’Andrew Parsons, lueur d’espoir et champions de la paix, malgré la prudence du président de l’IPC à ne pas citer directement la guerre en Ukraine.

Pour les Chinois, la réussite des Jeux paralympiques est sans nuance. Comme aux Jeux olympiques, leur bulle sanitaire est restée hermétique, malgré une poussée des cas de COVID dans le pays. Surtout, leurs athlètes ont crevé le plafond des ambitions les plus optimistes en termes de performances.

En dix journées de compétition, la délégation chinoise a raflé 61 médailles, soit plus du double que l’Ukraine (29), classée à la deuxième place au tableau des nations. Les Chinois ont remporté dix-huit titres. Sidérant.

A l’échelle paralympique, la Chine a pourtant toujours été un sans-grade. Le pays a participé pour la première fois au rendez-vous hivernal à Salt Lake City en 2002. Mais il a dû attendre les Jeux de PyeongChang en 2018 pour décrocher sa première médaille d’or, sur la glace du curling.

Aux Jeux olympiques de Pékin, deux semaines plus tôt, la poussée de croissance de la Chine (3ème avec 15 médailles dont 9 en or) avait étonné, mais sans vraiment dépasser l’entendement. Aux Jeux paralympiques, elle a surpris tout le monde, à l’image du triplé réalisé en snowboard cross hommes, catégorie UL (membres supérieurs), ou de la moisson de podium réussie par Zhang Mengqiu, cinq fois médaillée en ski alpin.

Le miracle ? Le travail, répondent les Chinois. L’entraîneur italien de l’équipe chinoise de ski alpin, Dario Capelli, recruté cinq ans plus tôt, l’explique : « Pendant 11 mois, ces athlètes ont bossé sans relâche, sans s’accorder le moindre répit. A mon arrivée en 2017, je me suis rendu compte que la plupart d’entre eux étaient débutants. On est parti de zéro. Mais le travail accompli a été colossal. Ils se sont investis à fond. »

L’argent a fait le reste. Selon les médias chinois, les autorités sportives ont dépensé sans compter pour rattraper le retard. La préparation des Jeux de Pékin a été sans égale dans l’histoire encore réduite du mouvement paralympique chinois. Comme pour les disciplines olympiques, la Chine a recruté des entraîneurs étrangers (un coach russe, Nikolai Sharshukov, a été débauché pour prendre en mains l’équipe de de hockey). Elle a multiplié les stages un peu partout dans le monde, plaçant ses athlètes dans des conditions idéales, débarrassés des contraintes matérielles et financières.

Dans le même temps, la Chine a mis en place un vaste plan de détection nationale. Une année seulement après avoir obtenu l’organisation des Jeux d’hiver en 2022, un circuit de compétitions paralympiques a été créé de toutes pièces pour booster la pratique et dénicher les meilleurs espoirs.

Autre raison de la performance historique de la délégation chinoise : une concurrence allégée par l’exclusion de la Russie et de la Biélorussie. Aux Jeux paralympiques de PyeongChang 2018, les athlètes russes étaient engagés sous bannière neutre, mais ils avaient raflé 24 médailles, dont huit en or. Ils pointaient à la deuxième place du classement des nations. Les Biélorusses, de leur côté, étaient montés 12 fois sur le podium, dont quatre fois sur la plus haute marche.

Leur absence a libéré des places, notamment en ski de fond et biathlon. Les Chinois en ont profité. Andrew Parsons lui-même l’a reconnu : l’exclusion des deux pays a « sans aucun doute affecté les résultats. »