— Publié le 15 octobre 2021

Pour le CIO, les pieds en Grèce mais la tête en Chine

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Ses pensées sont tournées vers l’avenir, mais le mouvement olympique n’oublie pas son passé. Même le plus ancien. Pour la première fois depuis 2004 et les Jeux d’Athènes, la commission exécutive du CIO se réunira en cette fin de semaine en Grèce, berceau de l’olympisme. Thomas Bach et sa troupe se retrouveront samedi 16 octobre à Athènes pour une réunion en mode présentiel. Un retour aux sources. A tous les sens du terme.

Le lendemain, dimanche 17 octobre, la délégation conduite par le dirigeant allemand fera le court voyage vers Olympie pour une journée toute entière marquée par l’Histoire. Au programme, la célébration du centenaire de la création de la commission exécutive du CIO. Elle se déroulera devant le monument Pierre de Coubertin.

Le même jour,  mais un peu plus tard, les membres du gouvernement du CIO assisteront à l’inauguration de l’Académie internationale olympique, récemment rénovée dans l’ancienne Olympie. La nouvelle présidente grecque, Katerina Sakellaropoulou, est annoncée, preuve de l’importance de l’événement pour le pays hôte.

Lundi 18 octobre, nouveau temps fort, avec la traditionnelle cérémonie un rien désuète de l’allumage de la flamme olympique. Même décor, l’ancienne Olympie. Et un protocole réduit au minimum par les contraintes sanitaires : un nombre d’invités limité aux seuls incontournables, un cérémonial expurgé du superflu, pas un seul spectateurs admis dans l’enceinte.

Enfin, la flamme sera transportée dès le lendemain vers le stade Panathénaïque, à Athènes, où les Grecs la remettront officiellement aux Chinois, à un peu plus de 100 jours de l’ouverture des Jeux d’hiver de Pékin 2022.

Une séquence grecque, donc, la première depuis près de deux décennies. Avec une pincée de Chine. Mais nul besoin de lire l’avenir dans les astres pour prédire que l’actualité du début de semaine sera plus chinoise que grecque.

L’absence de spectateurs, l’annulation du relais à travers la Grèce, et la présence réduite de médias ne pourront sans doute pas l’empêcher : l’allumage de la flamme olympique, et sa transmission aux organisateurs chinois, relanceront le débat sur la question des droits de l’homme.

Plusieurs centaines de policiers grecs seront déployés dès ce weekend à Olympie pour assurer la sécurité des événements. Selon un officiel grec s’exprimant sous couvert d’anonymat, cité par l’agence Reuters, « la présence de la police grecque sera renforcée pour l’allumage de la torche par rapport à ce qui avait été mis en place pour les Jeux de Tokyo 2020. Le scénario d’une perturbation potentielle est évidemment sérieusement envisagé par la police« .

Les potentiels agitateurs, pour l’essentiel membres de groupes de défense des droits de l’homme, restent très discrets quant à leurs plans et projets. Mais certains d’entre eux ne cachent pas leur intention de faire le voyage vers la Grèce au cours du weekend ou en tout début de semaine prochaine pour se faire entendre. Avec, toujours, la même demande : le retrait des Jeux d’hiver 2022 à la Chine.

A l’évidence, ils ne seront pas entendus. John Coates, le vice-président de l’instance, a donné le ton en milieu de semaine en s’exprimant devant le National Press Club en Australie sur la question de la Chine et des droits de l’homme. « La mission du CIO est de veiller à ce qu’il n’y ait pas de violations des droits de l’homme dans le cadre du déroulement des Jeux, au sein des comités nationaux olympiques ou du mouvement olympique, a-t-il suggéré. Mais nous n’avons pas la capacité d’aller dans un pays et de lui dire ce qu’il doit faire. Tout ce que nous pouvons faire, c’est attribuer les Jeux olympiques à un pays, dans des conditions définies dans un contrat d’accueil (…) et veiller ensuite à ce qu’elles soient respectées. »

Hasard du calendrier, John Coates a tenu ces propos au moment où était inaugurée à Athènes une exposition de photos, intitulée « Pékin 2022 Global Culture Tour », dans un centre de conférence et d’exposition située dans le centre de la capitale grecque. Elle est organisée par l’ambassade de Chine en Grèce, le ministère chinois de la Culture et du Tourisme et le comité d’organisation des Jeux d’hiver de 2022, en collaboration avec la ville d’Athènes et son centre culturel chinois.

Dans les deux camps, chinois et grec, le ton s’est voulu très diplomatique. « Je suis convaincu que, avec le soutien de nombreux pays dont la Grèce, et de la communauté internationale, la Chine présentera à nouveau au monde une expérience olympique merveilleuse, extraordinaire et exceptionnelle« , a déclaré Xiao Junzheng, l’ambassadeur de Chine en Grèce.

« Je suis sûr que nous allons vivre un grand événement, un modèle exemplaire pour les futurs Jeux olympiques d’hiver« , a suggéré de son côté Lefteris Avgenakis, le vice-ministre grec de la Culture et des Sports.

« Cette exposition rapproche encore plus nos deux pays qui ont beaucoup de choses en commun« , a ajouté Spyros Capralos, le président du Comité olympique grec, par ailleurs membre du CIO. Cool. Mais les prochains jours pourraient bien plomber l’ambiance.