Pas de temps à perdre dans le mouvement olympique. A 431 jours de l’ouverture des Jeux de Tokyo 2020, les fédérations internationales planchent déjà sur leur stratégie pour l’édition suivante. Avec un objectif commun : gagner des places, ou au moins ne pas en perdre, aux Jeux de Paris 2024.
Avec l’arrivée des sports additionnels, désormais inclus dans le quota de 10.500 athlètes établi par le CIO, le défi s’annonce de taille. La Fédération internationale d’aviron (FISA) s’y prépare. Jean-Christophe Rolland (photo ci-dessous), son président, l’a expliqué à FrancsJeux à l’occasion de SportAccord 2019 à Gold Coast.
FrancsJeux : Quelle est aujourd’hui la place de l’aviron dans le mouvement olympique ?
Jean-Christophe Rolland : Le système est devenu très compétitif. Il n’est plus possible pour une fédération internationale de vivre sur ses acquis. Nous devons nous adapter aux enjeux du moment, en priorité la volonté du CIO de réduire le coût des Jeux. A cela, se rajoute le poids du passé. Les sports les plus anciens bénéficient toujours d’une position favorable. L’aviron en fait partie. Nous tirons profit de l’histoire.
Le CIO a pris l’habitude d’évaluer les sports après chaque édition des Jeux. Quelle a été votre évaluation après les Jeux de Rio 2016 ?
L’analyse du CIO est très fine, elle se fait épreuve par épreuve. Aux Jeux de Rio, l’aviron a présenté un très bon taux de tickets vendus par rapport aux tickets disponibles. Nos épreuves ont presque toutes été disputées à guichets fermés.
L’évaluation du CIO est notamment utilisée pour classer les sports olympiques dans les cinq groupes, un classement déterminant pour l’attribution des subventions. Comment jugez-vous la position de l’aviron ?
Nous sommes dans le groupe C. Au milieu, donc. Cette position me semble conforme à notre place. Mais le CIO ne cherche pas à classer les sports, il évalue leur contribution aux Jeux olympiques.
L’aviron a perdu des quotas, entre Rio 2016 et Tokyo 2020. Cette diminution est-elle inéluctable ?
Nous avions 550 rameurs aux Jeux de Rio 2016, nous en aurons 526 l’an prochain à Tokyo. L’aviron a déjà contribué à l’effort de maîtrise des coûts et de la taille des Jeux voulu par le CIO. Aux Jeux de Paris 2024, les 248 compétiteurs des sports additionnels seront intégrés dans le quota de 10.500 athlètes. Nous sommes actuellement en pleine discussion avec le CIO sur notre contribution à cette nouvelle donne. Nous allons encore diminuer. Pourtant, nous avons déjà raclé l’os pour les Jeux de Tokyo.
Vous aurez donc moins d’épreuves aux Jeux de Paris 2024 ?
Non. Le nombre d’épreuves n’est pas menacée. Nous allons devoir réduire encore le nombre de bateaux par épreuve. Le challenge ne sera pas facile, d’autant que je veux essayer de faire entrer l’aviron de mer aux Jeux de Paris 2024.
Une nouvelle discipline, au moment où le CIO demande des réductions. Est-ce réaliste ?
Cela s’annonce compliqué, mais j’espère pouvoir présenter au CIO les bons arguments. Nous ferons nous-mêmes les arbitrages. L’aviron a longtemps adopté sur la question des quotas une position très défensive. Il s’agissait de défendre la place des poids légers aux Jeux. Depuis les Jeux de Rio, notre démarche est devenue beaucoup plus positive et proactive. Nous avons réduit nos effectifs. Nous continuerons à le faire, mais tout en militant pour l’entrée de l’aviron de mer.
Cette course à la réduction du nombre de quotas n’est-elle pas incompatible avec l’idéal d’universalité, recherché par le CIO ?
Je ne crois pas que tous les sports doivent être universels. La FISA compte actuellement 155 pays membres. Nous avons sans doute atteint une certaine limite dans notre développement mondial. L’aviron n’est pas un sport de ballon. Nous avons besoin d’équipements coûteux, mais la FISA n’a pas aujourd’hui la capacité d’investissement pour construire des bassins partout dans le monde. En revanche, certains pays côtiers, en Afrique notamment, possèdent un environnement naturel propice à la pratique de l’aviron de mer. L’entrée de cette discipline aux Jeux de Paris 2024 contribuerait à une plus grand université de notre sport. C’est l’un de mes arguments pour convaincre le CIO de nous suivre dans cette voie.