— Publié le 14 mai 2019

L’AMA à l’heure du choix entre Banka et Diaz

Institutions Focus

La fin de règne approche pour Craig Reedie. Elu à la présidence de l’Agence mondiale antidopage (AMA) en 2014, le dirigeant écossais, ancien joueur de badminton et membre du CIO, doit rendre les clefs de son bureau et emporter ses cartons au début du mois de novembre prochain. Soulagé, semble-t-il. Heureux d’en terminer d’une mission où il a encaissé les coups sans jamais pouvoir les rendre.

Qui lui succédera ? La réponse devrait intervenir ce mardi 14 mai, à Montréal, au siège de l’AMA. Les représentants des gouvernements doivent se réunir pour désigner leur candidat. Ils ont le choix entre deux « jeunots », le Polonais Witold Banka (photo ci-dessus), 34 ans, et le Dominicain Marcos Diaz (ci-dessous), 44 ans.

Tous les deux sont des anciens athlètes de haut niveau. Witold Banka a œuvré sur la piste, au 400 m et 4×400 m. Marcos Diaz a fait carrière dans la natation en eau libre. L’un et l’autre ont ensuite bifurqué vers la politique. Le Polonais est l’actuel ministre des Sports de son pays. Le Dominicain, un cran en-dessous, occupe le siège de vice-ministre des Sports.

En désignant leur candidat, ce mardi, les représentants des états en feront automatiquement le futur président de l’AMA. L’organisation internationale a adopté depuis sa création, en 1999, le principe d’une présidence tournante, entre les gouvernements et le mouvement sportif, ses deux piliers et contributeurs.

Le Canadien Dick Pound avait inauguré la fonction (1999 à 2007), au titre du mouvement sportif. L’Australien John Fahey (2008 à 2013) avait suivi, comme représentant des gouvernements. Il avait ensuite laissé la place à Craig Reedie (2014 à 2019). Le tour est maintenu venu pour les états de reprendre la première place.

A quelques heures du vote, l’issue reste très incertaine. Selon plusieurs proches de l’AMA, rencontrés la semaine passée à SportAccord, la campagne n’a pas permis de dégager un réel favori. Witold Banka n’est pas le moins motivé. Il a déjà assuré qu’il renoncerait, en cas de victoire, à son mandat de ministre des Sports.

Le candidat choisi par les gouvernements ne prendra pas immédiatement place dans le bureau présidentiel. Il sera officiellement intronisé lors de la Conférence mondiale sur le dopage dans le sport, prévue à Katowice, en Pologne, du 5 au 7 novembre 2019. Dans l’intervalle, il accompagnera Craig Reedie pendant une période dite de passation de pouvoir.

Ce mardi 13 mai, les continents devront choisir le futur président de l’AMA au terme d’un scrutin où le nombre de voix est déjà connu : cinq pour l’Europe, quatre pour l’Amérique, quatre pour l’Asie, trois pour l’Afrique, deux pour l’Océanie.

Pour rappel, Witold Banka a déjà franchi un obstacle, en obtenant le feu vert de l’Europe. En concurrence avec la Norvégienne Linda Helleland, très offensive mais sans doute trop virulente à l’égard du mouvement sportif, et avec le Belge Philippe Muyters, il a été choisi en début d’année par le Conseil de l’Europe.

Officiellement, Linda Helleland n’est pas écartée de la course. Elle n’a jamais annoncé son retrait, laissant planer le doute sur ses intentions. Elle peut postuler à la présidence à la condition d’obtenir le soutien écrit d’au moins un membre du Conseil de fondation de l’AMA. Et cela, au plus tard le 31 mai. Pas gagné d’avance, mais sûrement pas impossible.

Entre Witold Banka et Marcos Diaz, les points de rencontre s’avèrent plus nombreux que les antagonismes. En plus de leur jeunesse, peu habituelle à la tête de l’AMA, mais certainement opportune, les deux candidats ont fait campagne sur l’idée que les athlètes doivent désormais participer au processus décisionnel à tous les niveaux.

Les deux hommes, déjà présents au sein de l’AMA, ont voté pour la réintégration de la Russie, avant même que son agence nationale antidopage, la RUSADA, ait rempli toutes ses obligations rédigées noir sur blanc sur la feuille de route de l’AMA.

Pour le reste, les deux postulants se distinguent par quelques propositions. Le Polonais propose la création d’un fonds destiné à la construction de nouveaux laboratoires antidopage dans les régions les moins bien pourvues. Le Dominicain souhaite voir plus de diversité dans les rangs de l’AMA. Il insiste également sur l’urgence de doter l’agence de moyens accrus.