Candidatures

Milan/Cortina 2026, une bonne idée et un casse-tête

— Publié le 5 avril 2019

Qu’on se le dise : la compacité n’est plus en vogue dans le mouvement olympique. La tendance est à l’éclatement des sites. Avec un mot d’ordre : la réduction des coûts. Et tant pis si elle s’accompagne d’une multiplication des kilomètres et des temps de trajet.

A Milan, jeudi 4 avril, la commission d’évaluation du CIO a fait étape au stade San Siro, la mythique enceinte de football, rebaptisée Giuseppe-Meazza en 1980. Octavian Morariu, son président, et la troupe d’experts et de membres de l’institution olympique ont foulé sa pelouse. Sympa. Ils ont tous semblé apprécier.

Surtout, ils ont écouté l’équipe de la candidature italienne leur expliquer la raison de cet arrêt prolongé. En cas de victoire du projet Milan/Cortina d’Ampezzo dans la course aux Jeux d’hiver 2026, la cérémonie d’ouverture se déroulerait dans le stade San Siro.

Sur le papier, l’idée fait mouche. L’enceinte milanaise appartient à l’histoire. Elle a accueilli deux Coupes du Monde de football, en 1934 et 1990. Elle avoue 80.000 places. Les diffuseurs apprécieront. Organiser une cérémonie d’ouverture olympique ne gonflerait pas la facture des Jeux d’hiver. Le CIO appréciera. Tout bénef, donc.

Seul ennui, mais de taille : le dispositif proposé par la candidature italienne prévoit trois villages des athlètes. Le plus proche du stade serait posé à une petite quinzaine de minutes. Cool. Mais il n’est pas censé héberger plus d’un tiers des compétiteurs. Depuis les deux autres, prévus à Cortina d’Ampezzo et Livigno, il faudrait aux athlètes et à leur encadrement voyager entre 4 et 6 heures, par la route, pour se rendre à la cérémonie d’ouverture. Puis, pire encore, encaisser un trajet identique après l’événement pour retrouver leurs chambres. Injouable.

Octavian Morariu et Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, ont levé un sourcil en découvrant l’équation. Mais, prudents, ils semblent vouloir faire confiance aux Italiens pour en trouver la clé.

« Il s’agit évidemment d’un sujet dont il faudra discuter avec le comité de candidature, a reconnu le dirigeant roumain, jeudi, après sa visite du stade de Milan. Nous savons qu’ils travaillent dur pour imaginer une solution. Le transport a toujours été un facteur important pour les athlètes. Nous allons en discuter davantage avec nos collègues italiens du comité de candidature, vendredi, lors de nos échanges à Milan. »

Imperturbable, Giovanni Malagò ne se défait jamais de son optimisme de façade. Le président du comité olympique italien (CONI) évacue le sujet d’un revers de la main, mais sans avancer pour autant la moindre solution. « Je pense que ce n’est pas un problème, a-t-il assuré jeudi après-midi. Nous nous sommes fixés comme mission de mettre tous les athlètes dans les meilleures conditions pour assister à la cérémonie d’ouverture, en utilisant toutes les options de transport disponibles. »

Pour la cérémonie d’ouverture, les Italiens souhaitent également profiter du patrimoine national. Elle serait organisée à Vérone, dans les arènes de la ville, construite 30 ans après la naissance de Jésus Christ. Elles affichent une capacité de 30.000 places. Un choix séduisant. Mais un autre casse-tête pour le comité de candidature, la ville de Vérone étant située à 2 heures de route de Milan.

En d’autres temps, la commission d’évaluation du CIO aurait hurlé au scandale. Son rapport aurait rangé parmi les points faibles du dossier l’éclatement des sites et les temps de transport. Cette fois, pourtant, le sujet semble presque anecdotique. Surtout, la délégation du CIO a dû supporter les mêmes contraintes lors de sa visite en Suède, le mois dernier. La différence entre les deux rivaux ne se fait donc pas au chapitre des transports.

Les deux dossiers restent incomplets, mais le discours officiel se veut toujours empreint du même optimisme. Interrogé jeudi après-midi à Milan, Octavian Morariu n’en démord pas : « Ma première impression est que nous avons affaire à des gens très bien, passionnés par ce qu’ils font. Les Italiens possèdent une grande expérience, ils ont l’habitude d’organiser des compétitions. Tous les sites choisis ont une très forte identité. C’est très, très positif pour la candidature. »

La commission d’évaluation du CIO en a terminé de ses visites des sites. Elle doit poursuivre son évaluation du dossier italien, ce vendredi 5 avril, par une journée de présentation et d’échanges avec le comité de candidature. Une avant-dernière journée qui pourrait être marquée par l’envoi d’un courrier du Premier ministre italien, Giuseppe Conte, officialisant la contribution financière de l’Etat au projet olympique.