Candidatures

Stockholm/Are 2026, une candidature presque parfaite

— Publié le 18 mars 2019

Les Suédois ont-ils réussi leur examen de passage ? Sans doute. Débarquée lundi dernier à Stockholm, la commission d’évaluation du CIO pour les Jeux d’hiver en 2026 a bouclé samedi 16 mars, au même endroit, sa visite de cinq jours. Comme attendu, elle l’a fait en distribuant généreusement les bons points.

Octavian Morariu, le président de la commission, a résumé avec des trésors de diplomatie l’impression laissée par le projet suédois aux membres du CIO et aux experts olympiques. Le dirigeant roumain a sorti de sa poche les mots et les expressions les plus en vogue du moment. Agenda 2020, Nouvelle norme, durabilité et budget maîtrisé. Convenu, certes, mais jamais désagréable à entendre pour un comité de candidature.

« La candidature suédoise bénéficie grandement de l’utilisation des installations déjà existantes, toutes de grande qualité, à Stockholm, Åre, Falun et Sigulda, a expliqué Octavian Morariu samedi 16 mars, à l’occasion de la conférence de presse finale de la visite de la commission d’évaluation. En ce sens, elle reflète pleinement l’Agenda olympique 2020. » Bingo.

Audacieux, voire téméraires, les Suédois ont tiré sur leur dispositif olympique jusqu’à le menacer de craquer de toutes ses coutures. La station d’Are, où seraient disputées les épreuves de ski alpin, est située à 600 km de Stockholm. Il faut trois bonnes heures de bus depuis la capitale pour rejoindre Falun, site choisi pour le ski nordique. Quant à la piste de luge, bobsleigh et skeleton, elle se cache à Sigulda, en Lettonie, pays voisin de la Suède.

La commission d’évaluation du CIO a noté les distances et les temps de trajet. Mais elle n’a pas tiqué. Tout est permis, désormais, sous réserve de présenter un budget sans une once de graisse.

Autre bon point pour la candidature suédoise : une cote de popularité en hausse auprès du grand public.

Un sondage réalisé au mois de février par Publicis pour le CIO, donc indépendant, révèle un soutien à la hausse de la population du pays. Pas moins de 55% des Suédois interrogés se déclarent favorables à l’idée d’organiser les Jeux d’hiver 2026 à Stockholm/Are. Seulement 17% expriment leur désaccord. Ils sont encore 28% à se déclarer indécis.

En avril 2018, un même sondage commandé par le CIO révélait un taux de soutien inférieur à 50% (49% à Stockholm, 46% dans l’ensemble de la Suède). A l’approche de l’échéance, l’idée olympique fait donc son chemin dans l’opinion publique.

Commentaire d’Octavian Morariu : « Nous sommes heureux de constater que le soutien du public ne cesse d’augmenter, comme en témoigne le récent sondage du CIO. Nous nous réjouissons également du soutien et de l’engagement du secteur privé. » Habile, le comité de candidature a profité de la visite de la délégation du CIO pour annoncer la signature de partenariats avec deux géants de l’économie suédoise, Ericsson et Permobil, une entreprise de technologie médicale.

Il n’empêche, le dossier suédois reste incomplet. Principale zone d’ombre : le « partage des rôles et des responsabilités », selon l’expression employée samedi 16 mars par Octavian Morariu. En clair, qui paye pour quoi.

Le gouvernement suédois n’a toujours pas pris officiellement position en faveur de la candidature. Certes, le CIO se dit prêt à lui laisser du temps, malgré les règles écrites. Mais la candidature suédoise ne pourra pas faire l’économie d’un soutien affiché des autorités politiques.

Viendra-t-il ? Pas sûr. Amanda Lind, la ministre suédoise des Sports et de la Culture, a indiqué en fin de semaine que le gouvernement était actuellement en train de prendre sa décision. Elle a suggéré que cette décision serait prise et annoncée dans les semaines à venir, très certainement avant la date limite du 12 avril initialement fixée par le CIO. Mais Amanda Lind s’est refusée à indiquer vers quel côté le gouvernement allait pencher. Tout juste a-t-elle précisé qu’il étudiait dans le détail les questions de sécurité liées aux Jeux d’hiver.

La commission d’évaluation du CIO poursuivra sa visite des candidatures aux Jeux d’hiver en Italie, du 2 au 6 avril. Le vote pour l’attribution des Jeux d’hiver en 2026 se déroulera le 24 juin 2019 à Lausanne, pendant la prochaine session du CIO.