— Publié le 12 décembre 2016

Face à la Russie, les athlètes appellent au boycott

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Vitaly Mutko, l’ex ministre russe des Sports, aujourd’hui élevé au rang très envié de vice Premier ministre, l’a annoncé comme une faveur: la Russie accepte la décision du CIO de procéder à une nouvelle analyse des échantillons des Jeux de Londres 2012 et Sotchi 2014. Au surlendemain de la publication du rapport McLaren, un refus de sa part aurait été suicidaire. « Le CIO a décidé de re-tester tous les prélèvements, laissons-le faire », a lâché Vitaly Mutko au site R-Sport. Mais le dirigeant russe, qui était ministre des Sports en 2012 et 2014, s’est empressé de préciser que son pays surveillerait d’un œil le processus.

La machine est lancée. Jusqu’où ira-t-elle? Difficile de répondre. Vendredi 9 décembre, quelques heures seulement après la conférence de presse du juriste canadien missionné par l’AMA pour faire la lumière sur la réalité du dopage en Russie, un dirigeant scandinave a appelé le mouvement sportif à rayer au moins provisoirement le sport russe de la carte. Michael Ask, le président de l’agence danoise antidopage, a suggéré que la Russie n’ait plus le droit d’organiser d’événements sportifs majeurs sur son sol, y compris la Coupe du Monde de football en 2018.

Peu réaliste. A moins que les athlètes s’en mêlent et prennent la tête du mouvement. Ils sont les premiers concernés. Les premières victimes, également, de la triche d’état mise en musique par les autorités sportives russes depuis au moins deux olympiades.

A ce titre, le cas des prochains championnats du monde de bobsleigh et skeleton, prévus en février 2017 à Sotchi, sur la piste des Jeux d’hiver en 2014, pourrait servir de révélateur. En début de mois, le New York Times a informé que la commission des athlètes de la Fédération américaine avait voté à l’unanimité pour un boycott de la compétition. Depuis, un autre voix a repris le même refrain. Une voix très écoutée dans la discipline.

Au surlendemain de la publication du second rapport McLaren, la Fédération de Lettonie de skeleton a annoncé sa décision de boycotter à son tour les Mondiaux 2017 à Sotchi. Une initiative qui privera la compétition du plus illustre athlète de la discipline, Martin Dukurs (photo ci-dessous), quadruple champion du monde (2011, 2012, 2015 et 2016), médaillé d’argent aux Jeux de Vancouver en 2010 puis Sotchi en 2014.

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La Fédération lettone a fait connaître sa décision dans un communiqué publié dimanche 11 décembre. Le texte se veut direct et sans langue de bois. « Trop c’est trop, écrit l’organisation nationale. Au moment où notre fédération internationale en est à « lire et assimiler » le rapport McLaren, nous faisons de notre côté ce que nous pouvons. Nous serons heureux de disputer les Mondiaux n’importe où dans le monde, mais nous ne PARTICIPERONS PAS aux championnats du monde à Sotchi, en Russie, où l’esprit olympique a été bafoué en 2014″.

Martin Dukurs ne s’est pas exprimé publiquement sur le sujet. Mais son père et son coach ont confirmé le boycott de l’équipe de Lettonie. Le numéro 1 mondial du skeleton a relayé le communiqué de sa fédération sur la page Facebook qu’il partage avec son frère Tomass, classé 4ème aux derniers Jeux d’hiver.

A Sotchi, en 2014, Martin Dukurs avait été privé du titre olympique par le Russe Alexander Tetriakov, sacré sur ses terres. Depuis, le nom du spécialiste russe de skeleton a été cité dans le rapport McLaren.

La Lettonie est la première nation à annoncer officiellement son boycott d’une compétition internationale organisée en Russie. Les Etats-Unis pourraient suivre. Au Canada et en Grande-Bretagne, plusieurs athlètes ont interpellé récemment la Fédération internationale de bobsleigh et skeleton pour lui demander de retirer à Sotchi les Mondiaux 2017.