Les choses changent au CIO. Elles changent vraiment, pas seulement en paroles. L’évolution profite à certains, dont les athlètes, plus écoutés que jamais, les femmes, mieux représentées que par le passé, les sports non olympiques, moins ostracisés qu’au cours de la dernière décennie. Mais ce vent nouveau, insufflé depuis plus de deux ans par Thomas Bach, fait son lot de victimes. Les deux dernières en date se nomment Gianni Infantino et Sebastian Coe.
Vendredi 3 juin 2016, la commission du CIO a annoncé au troisième jour de sa dernière réunion avant les Jeux de Rio une liste de huit membres « proposés » pour intégrer en août prochain l’organisation olympique. Huit noms qui, sauf improbable rejet, seront tous acceptés au sein du CIO lors de la session prévue en marge des JO de 2016. Pour rappel, ce contingent de huit futurs membres, quatre hommes et autant de femmes, est composé de l’Indienne Nita Ambani, fondatrice et présidente de la Fondation Reliance; la Finlandaise Sari Essayah, présidente du Parti Chrétien Démocrate finlandais; l’Italien Ivo Ferriani, président de la Fédération internationale de bobsleigh et skeleton; le Colombien Luis Moreno, président de la Banque inter-américaine de développement; la représentante de la Papouasie Nouvelle-Guinée Auvita Rapilla, membre du comité exécutif de l’ACNO; le Sud-Africain Anant Singh, producteur et réalisateur de films; la Canadienne Tricia Smith, présidente du comité olympique canadien; l’Autrichien Karl Stoss, président du comité olympique d’Autriche.
Huit noms. Deux grands absents: Gianni Infantino et Sebastian Coe. Le président de la FIFA et son homologue de l’IAAF n’entreront pas au CIO en août 2016 à Rio de Janeiro. Le football, sport le plus riche de la planète, et l’athlétisme, premier sport olympique, ne seront pas représentés par leurs présidents respectifs au sein de l’organisation. Une première. Sepp Blatter, le prédécesseur de Gianni Infantino, a été membre du CIO entre 1999 et 2015. Avant lui, le Brésilien Joao Havelange avait siégé à Lausanne entre 1963 et 2011. Même constat à l’IAAF: Lamine Diack, le Sénégalais à qui Sebastian Coe a succédé en août dernier, a été membre du CIO entre 1999 et sa démission en novembre 2015. L’Italien Primo Nebiolo avait, avant lui, représentée l’IAAF au sein de l’organisation aux cinq anneaux.
Certes, il a été signifié aux deux hommes qu’il leur serait donné une seconde chance en septembre 2017. Le CIO doit coopter un nouveau bataillon de membres lors de la session de Lima, au Pérou, où doit être choisie la ville-hôte des Jeux de 2024. Une liste qui devrait, selon toute vraisemblance, compter un nombre significatif de présidents de fédérations internationales. Gianni Infantino et Sebastian Coe pourraient en être, sous réserve que le vent des affaires s’éloigne enfin des environs de leur bureau, à Zurich pour le premier, à Monaco pour le second. Brian Cookson, Jean-Christophe Rolland et David Haggerty, respectivement présidents des fédérations internationales de cyclisme (UCI), d’aviron (FISA) et tennis (ITF), pourraient également être invités à rejoindre le CIO. Une invitation qui pourrait aussi arriver dans la boîte aux lettres du prochain président de l’ISU, dont l’identité sera connue en fin de semaine.
Seb Coe et Gianni Infantino devront patienter une longue année. En soi, rien de dramatique. Les deux hommes ont assez à faire, en ces temps difficiles pour le football et l’athlétisme, pour ne pas risquer de trouver le temps long et s’ennuyer des réunions du CIO. Mais leur absence de la liste des nouveaux promus a valeur de symbole. Elle illustre la volonté du CIO de laver plus propre que par le passé, au risque de se passer de personnalités marquantes. Une volonté également manifestée par l’urgence à écarter des Jeux un maximum d’athlètes convaincus de dopage à Pékin 2008 et/ou Londres 2012.
En attendant Lima 2017, la FIFA et l’IAAF ne sont pas absentes de l’organisation olympique. Les Africains Issa Hayatou et Lydia Nsekera, respectivement vice-président et membre du Conseil de la FIFA, siègent au CIO. L’IAAF est encore mieux représentée, avec son premier vice-président, Sergey Bubka, et deux membres du Conseil, Nawal El Moutawakel et Frank Fredericks, présents à la commission exécutive. Mais pour le Suisse comme pour le Britannique, cette absence sonne comme une forme de punition.