— Publié le 30 octobre 2015

A Washington, les Américains ont joué à domicile

Institutions Focus

La campagne pour les Jeux d’été en 2024 est bien lancée. Hasard du calendrier, elle a débuté sur le sol américain. Une aubaine pour l’équipe de Los Angeles 2024. Un millier de délégués venus du monde entier, représentant 204 comités nationaux olympiques, se sont croisés comme dans un hall de gare, depuis le début de la semaine, dans les larges couloirs de l’hôtel Hilton de Washington. Ils étaient invités, comme tous les automnes à pareille époque, à l’assemblée générale de leur association, l’ACNO. Une réunion où il a beaucoup été question, en marge des discours parfois longuets, des présentations à la chaîne et des innombrables rapports de commission, de la course aux JO en 2024.

Les Américains jouaient à domicile. Ils en ont profité. Dans un hôtel où il était impossible de ne pas tomber tous les vingt pas sur des affiches associant les anneaux olympiques au drapeau des Etats-Unis, la présence de la candidature de Los Angeles n’a pas été trop visible. Mais la force de frappe américaine a renvoyé les concurrents dans l’ombre.

Mercredi 28 octobre, le comité olympique américain (USOC) a reçu l’ensemble des délégués pour une réception dans le décor aux dimensions hors normes du National Building Museum. En entrant dans la salle principale, tous ont retenu leur souffle. Commentaire d’un invité africain: « C’est bluffant. Là, ils font vraiment fort. »

Le lendemain, même sens de la démesure pour la soirée de gala, organisée au DAR Constitution Hall, une salle de concert aux allures de cathédrale, passée à la postérité pour avoir accueilli en 1939 la première mondiale du film « Mr Smith au Sénat ». Un nouveau déploiement de force. Prévisible et sans grande surprise, mais rondement mené.

Commentaire de Gunilla Lindberg, la secrétaire générale de l’ANCO, également membre de la commission exécutive du CIO, ce vendredi 30 octobre: « Notre assemblée générale n’était en aucune manière liée à la course pour les Jeux de 2024. Mais si tout se passe bien, si l’organisation est sans faille, comme cela a été le cas tout au long de la semaine à Washington, il est certain qu’un tel événement constitue une belle opération de relations publiques pour le pays qui le reçoit. »

Non contents de posséder les clefs de la maison, les Américains ont aussi fait le buzz, ces deux derniers jours à Washington. Jeudi matin, la maire de la capitale, Muriel Bowser, s’est pointée au pas de course dans l’immense salle de convention de l’hôtel Hilton pour le discours d’ouverture. Anecdotique, au moins pour les trois-quarts du propos. Mais sa conclusion a laissé l’assistance perplexe. « Lorsque vous évoquerez les prochains grands événements sportifs, n’oubliez pas Washington car notre ville peut représenter une belle option », a-t-elle suggéré en s’adressant à l’assistance. Avant de lâcher: « A bientôt en 2028 ». Maladresse linguistique, improbable plaisanterie ou attaque directe en direction de l’équipe de Los Angeles, préférée à celle de la capitale pour la course aux Jeux de 2024? Difficile de trancher. Mais sa phrase a longtemps alimenté les conversations dans les couloirs de l’hôtel.

Le lendemain, le vice-président américain en personne, Joe Biden, a poussé la porte de la même salle de convention, en ouverture des débats de la matinée. Sa venue avait été annoncée, mais jamais confirmée. Elle a fait son effet. Joe Biden s’est installé à la tribune (notre photo) pour un court discours où il a surtout tenu à s’excuser de l’absence, la veille, d’un représentant du gouvernement pour l’ouverture de l’événement. « Mon ami Eric Garcetti (le maire de Los Angeles) avec qui j’ai pris un petit-déjeuner m’a expliqué qu’il était dommage que personne, parmi les autorités fédérales, ne soit venu accueillir une telle délégation de personnalités et de leaders venus du monde entier, a confié le vice-président des Etats-Unis. Il a raison. Je m’en excuse. Je ne suis qu’un modeste remplaçant de Barack Obama, mais je suis très heureux d’être parmi vous. »

La partie ne fait que commencer. Les Américains ont eu l’avantage du terrain. Pour la suite de la bataille, les cartes seront nettement mieux distribuées.