— Publié le 22 octobre 2015

En Russie, les olympiens font marcher le pays

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La Russie ne manque pas d’argent. Son comité olympique non plus. Alexander Zhukov (notre photo), son président, entré au CIO en 2013 (et membre de la Douma entre 1994 et 2004), l’a expliqué mercredi 21 octobre à Moscou, à l’occasion du premier Forum de l’Association mondiale des olympiens: le comité olympique russe est aujourd’hui la première organisation sportive publique du pays. Elle regroupe 178 fédérations, olympiques ou non, et recense 75 comités olympiques régionaux. Un mastodonte, sur lequel Vladimir Poutine pose un regard plus que bienveillant. Le président russe a assisté, mercredi, à l’inauguration du Forum des olympiens, au cœur d’une journée où figurait pourtant à son agenda, en tête de liste, une rencontre avec Bachar Al-Assad.

L’argent ne manque pas, donc. Les idées non plus. Invité à s’exprimer devant l’assemblée des olympiens, dans la vaste salle du Ritz-Carlton de Moscou, Alexander Zhukov a détaillé par le menu les « innovations » d’un mouvement olympique russe beaucoup plus imaginatif qu’il n’y parait. Une impressionnante série de programmes nationaux que le comité olympique mène de front. En voici le menu.

  •  Les Légendes olympiques. La Russie n’oublie pas ses anciens. Un joyeux bataillon de grands noms du passés, tous âgés de plus de 65 ans, parcourt le pays avec des manières de rock stars. Ils sont une trentaine, tous olympiens, invités à se relayer pour rencontrer les jeunes, assister à des spectacles, montrer l’exemple et distiller les valeurs du sport.
  • La Patrouille olympique. Elle embarque tous les ans une bonne centaine d’olympiens, passés ou actuels, pour un périple dans les écoles du pays. L’idée: inciter les enfants à se mettre au sport, leur parler des Jeux, joindre le geste à la parole en leur donnant des cours. En 2015, plus de 90.000 écoliers ont été éduqués à la passion olympique, à travers un millier d’heures de cours.
  • L’Innovation olympique. Le programme le plus connecté du lot. A l’initiative du comité olympique russe, les utilisateurs du métro de Moscou sont invités à faire de l’exercice. Un aller-simple est offert à ceux d’entre eux capables d’enchaîner une trentaine de flexions de jambes sans défaillir. Ils ont été plus de 10 000, cette année, à voyager ainsi à l’oeil après avoir transpiré sur une machine. Une série de vidéos du projet a été postée sur YouTube. Elle en est à plus de 3,5 millions de vues.
  • Le Centre de recherches du comité olympique. Il a été ouvert au printemps 2014, avec l’ambition de capitaliser sur l’élan et les résultats des Jeux d’hiver de Sotchi. Ses laboratoires ambulants se déplacent dans le pays, 12 mois sur 12, à la rencontre des athlètes et des équipes nationales en stage d’entraînement ou en compétition.
  • La Journée olympique. Pas vraiment une invention russe, l’opération étant désormais planétaire. Mais les Russes lui ont donné une dimension très… russe. En 2015, plus de 2 millions de personnes y ont participé. Le comité national olympique a sollicité une soixantaine de ses médaillés aux Jeux pour entraîner le grand public. En prime, une journée olympique d’hiver a été ajoutée cette année au programme.
  • La Journée de la marche. Encore une fois, le programme laisse sans voix quant à sa démesure. Le 3 octobre 2015, une marche nationale a débuté à 11 heures tapantes, dans 11 villes du pays, chacune représentant l’un des 11 fuseaux horaires qui découpent la Russie. Il était demandé aux participants de marcher 2 km. Les olympiens ont montré l’exemple et mené le cortège. Bilan: 200.000 marcheurs. Et un milliard de pas comptabilisés. « Nous en espérions la moitié », reconnaît Alexander Zhukov. Pas mal.