— Publié le 7 octobre 2014

« Un quart du sport mondial est gangrené »

Institutions Focus

Le sport mondial va mal. Plus mal que jamais. Il est gangrené par la fraude, les tricheurs et la corruption. Telle est, en substance, la teneur des propos tenus par un expert du genre, David Howman, le directeur exécutif de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Présent à Londres, à l’invitation de « Securing Sport », une conférence internationale sur la sécurité dans le sport, le Néo-Zélandais n’a pas fait dans la nuance. Il n’en a pas l’habitude. Mais ses propos en ont surpris plus d’un dans l’assistance.

« Actuellement, on peut avancer que 25% du sport mondial a des ramifications criminelles. C’est une information qui nous est parvenue par des sources juridiques. Et cela depuis quelques années déjà ».

Dopage, trafic de produits illicites, mais aussi corruption, paris truqués et matchs organisés… Le mal serait partout. Et il serait planétaire. David Howman, prudent, ne cite pas de noms, mais il avance ses pions: « Les personnes qui se font beaucoup d’argent en distribuant des produits stéroïdiens, pas forcément d’ailleurs au niveau de l’élite mais aussi aux gamins, sont les mêmes que celles qui sont impliquées dans les matchs truqués et la corruption ».

Même son de cloche chez Mohammed Hanzab, le président du Centre international pour la sécurité dans le sport (ICSS), une organisation indépendante créée en 2010 et basée à Doha, au Qatar. S’exprimant à l’occasion de la même conférence, il a assuré que le sport était aujourd’hui « placé sous la menace de risques encore jamais rencontrés dans le passé ». Une situation qui ne peut être réglée, selon Mohammed Hanzab, sans une action commune et solidaire de tous les états et gouvernements.

A Londres, lors de la conférence « Securing Sport », une réunion à huis clos a rassemblé des ministres des sports du Portugal, de Singapour et du Cap Vert, des représentants de l’UNESCO, de l’OCDE, de l’AMA, du Conseil de l’Europe et du Commonwealth. Au centre des discussions, la façon de mener une action commune, indépendante des intérêts nationaux.

Une autre réunion, au moins aussi importante, doit se tenir à Doha au cours du premier semestre 2015. Organisée par l’ICSS et l’UNESCO, elle devrait attirer une centaine de représentants de gouvernement, d’experts internationaux et de leaders du monde sportif. Une nouvelle fois, il s’agira de poser les bases d’une collaboration internationale pour lutter contre la triche, la corruption et les trafics. La tâche est immense. Pour beaucoup, elle semble même déjà insurmontable.