— Publié le 6 juin 2014

« Les chaînes ne croient plus à la boxe »

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Une fois n’est pas coutume, la France accueille une réunion de boxe professionnelle d’envergure mondiale. Le Camerounais Carlos Takam, en cours de naturalisation française, affronte ce vendredi 6 juin 2014 à Levallois l’Américain Tony Thompson pour le championnat du monde WBC Silver. Un combat entre deux poids lourds dont le vainqueur pourrait se voir prochainement offrir l’occasion de défier l’Ukrainien Vladimir Klitschko, le maître de la catégorie. Vincent Amini, l’un des deux co-organisateurs de la soirée, a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux: Comment monte-t-on un combat mondial de boxe professionnelle aujourd’hui en France?

Vincent Amini: Rien n’est simple. Nous avons organisé plusieurs soirées de boxe, au cours des deux dernières années, avec le club de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Nous arrivions à attirer les fans et les sponsors avec des galas dîners qui fonctionnaient bien. Cette fois, nous changeons de dimension en passant d’une salle de 8 à 900 personnes à une enceinte de plus de 3500 places. L’événement est co-organisé avec la ville de Levallois. Nous prenons des risques, le budget dépasse désormais les 100.000 euros. Notre objectif est de ne pas perdre d’argent.

Pourquoi la France organise-t-elle aussi peu de grandes réunions de boxe?

Pour reprendre une formule très juste de l’ancien boxeur Christophe Tiozzo, je dirais qu’il y a eu « trop de combats de merde. » Par ailleurs, la boxe professionnelle manque aujourd’hui de médias, d’argent et elle est gangrenée par les décisions maison. Certaines de ces explications sont un peu franco-françaises, notamment l’absence de médias. En Allemagne, certains combats remplissent des stades. En Angleterre, une grosse soirée a récemment vendu 60.000 billets en peu de temps. Pourtant, le public français aime encore la boxe. La retransmission sur l’Equipe 21 du dernier combat de Vladimir Klitschko a dépassé les 500.000 téléspectateurs, un score tout à fait honnête.

Comment est médiatisée la soirée de ce vendredi 6 juin?

Elle est diffusée sur Ma Chaîne Sport. Cette chaîne nous suit depuis plusieurs années, elle nous fait confiance. Les autres n’y croient plus.

Qu’attendez-vous de la réunion de Levallois?

Nous espérons qu’elle aura une suite. Nous changeons de dimension, nous prenons des risques financiers, mais il ne s’agit pas d’un coup sans lendemain. Nous espérons qu’il y aura un après, avec plus de partenaires et un intérêt accru des chaînes de télévision. Cette soirée compte cinq combats de grande qualité. Et, chose importante, est elle organisée sous l’égide de la WBC, la plus propre des fédérations mondiales de boxe professionnelle.

Que pensez-vous de la décision de l’AIBA, la Fédération internationale de boxe, de créer son propre circuit professionnel?

Avant de s’intéresser au monde professionnel, l’AIBA devrait commencer par mieux gérer le secteur amateur. Elle devrait faire le ménage parmi ses arbitres avant de s’occuper du reste. Aux Jeux de Londres, certains décisions étaient de nature à vous déhoûter pour toujours de ce sport. Je pense notamment à la façon dont le Français Alexis Vastine a été battu sur décision des juges aux Jeux de Londres. Une injustice flagrante.