— Publié le 3 juin 2014

Entre trucages et corruption, sale temps pour la FIFA

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Le mois de juin était annoncé comme le mois du ballon rond. Il le sera. Mais pas exactement sur le même terrain. A moins de deux semaines de l’ouverture du Mondial, l’heure est aux affaires. Et, hasard ou pas, elles se télescopent.

La plus médiatique: les révélations de la presse britannique sur la corruption présumée autour de l’attribution du Mondial 2022 au Qatar. Selon le Sunday Times, le Qatari Mohamed Bin Hammam, ancien membre du Comité exécutif de la FIFA, radié pour corruption en 2012, aurait déboursé 5 millions de dollars en pots de vin pour acheter des voix.

Les médias anglais, très en pointe sur le sujet, vont jusqu’à mettre en cause Michel Platini, le président de l’UEFA, citant une rencontre entre les deux hommes à l’époque des faits. Une accusations que le Français réfute, naturellement. « Je ne suis plus étonné par la diffusion de rumeurs sans fondement qui visent à salir mon image dans un moment important pour l’avenir du football. Plus rien ne me surprend », explique-t-il dans un communiqué.

Michel Platini précise: « Je trouve ahurissant que des conversations avec un collègue du Comité exécutif de la FIFA de l’époque puissent se transformer en complot d’Etat. J’ai bien sûr rencontré Mr. Mohamed Bin Hammam à plusieurs reprises en 2010, puisque nous étions tous deux membres du même Comité exécutif depuis 2002. Lors de ces conversations avec Mr. Bin Hammam, l’objet des discussions était la candidature à la Présidence de la FIFA. M. Bin Hammam cherchait en effet à me convaincre de me présenter à la Présidence de la FIFA pour les élections de 2011 ».

La FIFA, étonnamment muette sur cette affaire depuis son déclenchement, a annoncé une enquête. Elle devrait se terminer en fin de semaine, voire la semaine suivante. Il serait étonnant, en plein Mondial, qu’elle accouche de découvertes ou d’annonces spectaculaires.

Interrogé par le quotidien Le Temps, le professeur de droit Mark Pieth, estime pourtant « plausible » le système de corruption présumée à la FIFA. Missionné par la Fédération internationale pour un rapport sur sa gouvernance, le Suisse explique avoir fait connaissance à son arrivée en 2011 avec « un univers dominé par les jeux de pouvoir, le patronage et les patriarches installés depuis des décennies. Trop de personnes y ont accumulé les dettes et des faveurs à recevoir ». Mark Pieth suggère même que des voix ont pu être achetées de la même façon pour l’attribution d’autres éditions du Mondial de football.

Autres révélations, venues des Etats-Unis cette fois: le New York Times avance, documents à l’appui, que plusieurs matchs de préparation du Mondial 2010 en Afrique du Sud ont été truqués. Le quotidien américain a eu accès à un document interne de la FIFA, jamais rendu public, selon lequel « au moins cinq matchs et potentiellement plus » précédant le Coupe du monde 2010 ont été visés par les organisations de paris clandestins. Les enquêteurs de la FIFA auraient mis en évidence que les organisations qui ont truqué ces rencontres ont bénéficié de la complicité d’officiels sud-africains. Le New York Times a ensuite procédé à sa propre enquête en Afrique du Sud, Malaisie, Angleterre et Finlande, qui ont confirmé les conclusions de la FIFA.

Enfin, dernier pavé dans la mare, le plus d’actualité : la presse anglaise, encore elle, rapporte une conversation d’un reporter du Sun avec un agent nigérian, lequel assure pour corrompre au moins deux joueurs de la sélection du Nigéria au Mondial 2014. Pour 50.000 euros, le joueur écoperait volontairement d’un carton jaune. Pour le double, il provoquerait un penalty ou s’arrangerait pour recevoir un carton rouge. L’agent en question assure également pouvoir entrer en contact avec un haut dirigeant de la Fédération nigériane de football et, contre une somme d’argent, influencer le parcours des Super Eagles au Mondial brésilien.