— Publié le 5 mai 2014

L’ITTF veut changer le plan de table

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Le tennis de table a rayé le mot surprise de son vocabulaire. Dimanche 4 mai, la Chine a placé ses deux formations en finales des Mondiaux par équipes à Tokyo. Les garçons, vainqueurs de Taïwan, doivent rencontrer l’Allemagne pour le titre. Les filles ont balayé Singapour. Elles devraient en faire de même avec le Japon pour la médaille d’or. La Chine a décroché les six derniers titres chez les garçons et 17 des 19 dernières éditions chez les filles.

Impressionnant. Unique. Décourageant. Et, surtout, très inquiétant pour l’avenir de la discipline. Adham Sharara, l’actuel président de la Fédération internationale de tennis de table (ITTF), le sait mieux que quiconque.  Le Canadien, en place depuis une quinzaine d’années, en est tellement conscient qu’il a pris la décision de renoncer à son siège présidentiel pour aider son sport à retrouver une plus grande universalité.

En septembre prochain, Adham Sharara donnera les clefs de l’ITTF à son actuel vice-président, l’Allemand Thomas Weikert. Une décision surprenante de la part du Canadien, âgé de 61 ans, qui avait été réélu pour un nouveau mandat l’an passé à Paris, après une bataillé serrée face à l’Italien Stefano Bosi. « Mais la situation exige un changement radical », explique-t-il.

Adham Sharara ne quittera pas l’ITTF. Il y conservera un siège créé à son intention, « indépendant et non politique », qui devrait lui permettre d’accompagner plus facilement une réforme du tennis de table. Le Canadien explique: « L’écrasante domination de la Chine menace l’avenir de notre sport. J’ai assisté aux Jeux d’hiver de Sotchi, où je me suis ennuyé au spectacle du patinage de vitesse, car je savais à l’avance que les Pays-Bas allaient l’emporter. Le tennis de table est pareil, il est devenu trop prévisible. »

Pour y remédier, le Canadien veut agir dans deux directions. La première implique les Chinois eux-mêmes. « Ils doivent nous aider à relancer l’intérêt du tennis de table dans le monde, dit-il. En ouvrant leurs portes aux équipes étrangères, qui pourraient ainsi s’entraîner avec eux, et beaucoup apprendre de leurs entraîneurs. Cela pourra prendre 5 ou 6 ans, mais tout le monde y gagnera. Une fois ce délai passé, ils pourront refermer leurs frontières et recommencer à battre tout le monde. »

Deuxième piste: un changement des règles. A Tokyo, le Comité directeur de l’ITTF, réuni en marge des Mondiaux par équipes, a déjà adopté plusieurs mesures destinées à limiter l’omniprésence des pongistes chinois sur les podiums internationaux. Il a été décidé d’autoriser des doubles composés de joueurs de différentes nations dans les championnats planétaires. Et le nombre de joueurs d’un même pays aux championnats du monde individuel , actuellement fixé à sept pour les simples, ne pourra plus dépasser cinq. Seul le pays hôte des Mondiaux pourra en aligner un sixième.

La réforme est timide, mais elle a le mérite d’exister. Adham Sharara n’en fait pas mystère: il espère voir le tennis de table s’imposer parmi les cinq premiers sports mondiaux. Et il est prêt, pour cela, à y sacrifier son fauteuil présidentiel.