— Publié le 3 juin 2013

Cette femme est une pionnière

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Sur la carte du football mondial, le Burundi n’a jamais semblé beaucoup plus épais qu’une tête d’aiguille. Son équipe nationale occupe la 124ème place du classement FIFA, entre Chypre et le Botswana. Mais ce pays africain peut se vanter de posséder, depuis vendredi 31 mail, une pionnière du ballon rond. Lydia Nsekera est devenue la première femme élue au comité exécutif de la Fédération internationale de football.

 

L’évènement s’est produit à l’Ile Maurice, où se tenait le Congrès de la FIFA. Il était prévu, annoncé, programmé. L’institution mondiale avait pris, longtemps en arrière, la décision de faire un pas vers la parité en élisant une femme au « comex », le saint des saints de la FIFA, sorte de gouvernement où se pressent les 24 dirigeants les plus puissants de la planète football. Mais l’élection pour 4 ans de la Burundaise Lydia Nsekera n’en reste pas moins une date historique.

 

La dirigeante africaine était en concurrence avec l’Australienne Moya Dodd, la Néo-Zélandaise Paula Kearns et la représentante des îles Turks-et-Caïcos, Sonia Bien-Aimé. Elle l’a emporté avec 95 voix et intègre pour 4 années le comité exécutif. Moya Dodd (70 voix) et Sonia Bien-Aimé (38 voix) y font également leur entrée, mais elles sont cooptées pour seulement un an.

 

Fille d’un ancien président de club de football, issue d’une des familles royales du Burundi, la princesse Lydia Nsekera préside sa fédération nationale depuis 2004. Agée de 46 ans, elle explique souvent avoir découvert le ballon rond dans les pas de son père. « Je l’accompagnais au stade alors que j’avais à peine 6 ou 7 ans », raconte-t-elle. Devenue chef d’entreprise, patronne d’un garage d’une vingtaine de salariés, elle n’a jamais quitté le monde du football. Veuve, Lydia Nsekera élève seule ses deux garçons. Elle est également membre du CIO.

 

Son élection est historique, mais le chemin reste long. Lydia Nsekera siègera au comité exécutif de la FIFA entourée de 23 hommes. Et il n’est pas certain que sa voix y soit toujours écoutée. Sepp Blatter, le président de la Fédération internationale, a commenté la nouvelle avec une certaine ironie : « Il nous a fallu 109 ans pour en arriver là. » Avant de profiter de l’occasion pour s’adonner à son exercice favori, ces temps-ci : critiquer l’UEFA. « L’UEFA avait quatre sièges à renouveler maintenant, ils auraient pu mettre des femmes, ils n’ont pas le courage, a suggéré le Suisse. Ils ont mis des hommes, des bons, certes, mais nous, nous ouvrons aux femmes. » Michel Platini, le patron de l’UEFA, a sûrement peu apprécié…