Paris 2024

Pour Alibaba, un ballon d’essai avant l’explosion

— Publié le 17 janvier 2020

L’avenir du mouvement olympique s’est toujours décidé à Lausanne. Les choses ne semblent pas prêtes de changer. Aux Jeux d’hiver de la Jeunesse 2020, le CIO ne se contente pas de tester en conditions réelles une poignée de nouveaux sports ou disciplines, comme le hockey 3×3 en équipes mixtes ou le ski alpinisme. Il a également offert au géant chinois Alibaba un laboratoire à la hauteur de ses ambitions.

La présence d’Alibaba dans l’univers olympique remonte à 2017. Le  groupe chinois a signé avec le CIO, au mois de janvier, un contrat de partenariat d’une durée de 12 ans. Il est entré dans la place par la grande porte, pour s’asseoir à la table réservée aux membres du programme mondial de marketing TOP.

Depuis, Alibaba ne cesse de répéter que son engagement dans le mouvement olympique ne se réduira pas à un chèque à neuf chiffres et une stratégie de communication. Chris Tung, le directeur du marketing du groupe chinois l’a assuré à Associated Press aux Jeux de la Jeunesse 2020 à Lausanne : « Nous ne nous contentons pas de mettre les anneaux à côté de notre logo. Nous souhaitons également mettre à profit notre technologie pour aider à transformer et à améliorer les Jeux. Nous gardons toujours cet objectif à l’esprit. »

A Lausanne, la présence d’Alibaba reste discrète. Au moins en apparence. Les Jeux de la Jeunesse se révèlent peu compatibles avec un déploiement de force commercial, surtout dans leur version estivale. Mais en coulisses, les Chinois s’activent.

Ils travaillent avec les équipes d’OBS, l’entité du CIO dédiée à la production audiovisuelle, pour donner un nouveau coup d’accélérateur à la diffusion des images olympiques, notamment via les réseaux sociaux. Objectif : gagner encore en vitesse pour le traitement des milliers d’heures de compétitions et d’interviews, créer plus de contenu, réduire le personnel et les moyens techniques.

Comment ? Avec le cloud. Connu dans le monde entier pour sa plateforme de commerce en ligne, Alibaba pointe également en tête de peloton sur le marché du « cloud computing ». A Lausanne 2020, le géant asiatique prolonge les essais réalisés deux ans plus tôt aux Jeux d’hiver de PyeongChang 2018. Mais la vraie révolution reste à venir : Tokyo 2020, dans un premier temps, puis surtout Pékin 2022.

A domicile, pour les Jeux d’hiver, Alibaba pourra déployer sa technologie et son savoir-faire sur la billetterie et la vente de produits dérivés, dont il a déjà sécurisé un contrat d’exclusivité.

Chris Tung le prédit sans un seul seul mot au conditionnel : « Avec le cloud, les spectateurs et les athlètes ne vivront plus les Jeux olympiques comme ils le font encore aujourd’hui. Mais il faudra attendre les Jeux de Paris 2024 et Los Angeles 2028 pour assister vraiment à tout ce que les nouvelles technologies permettront de réaliser. Nous verrons alors une explosion. »

Parmi les « merveilles » annoncées par Alibaba, la possibilité pour les visiteurs d’effectuer leurs achats de produits dérivés sur les plateformes de vente d’Alibaba, puis d’être livrés quelques heures plus tôt à leur chambre d’hôtel. Aux oubliettes, les interminables files d’attente à l’entrée des boutiques officielles installées sur les sites ou au parc olympique.

Autre cible identifiée par Alibaba : le football. Le groupe chinois est partenaire de la Coupe du Monde des clubs 2021, la première organisée par la FIFA en taille XL, avec 24 équipes. Elle se déroulera en Chine.

« Nous sommes très heureux de cette opportunité », a sobrement expliqué Chris Tung à Associated Press. Avant de suggérer : « Il est stratégique pour nous d’augmenter notre présence et notre influence comme sponsor dans le football. »

La suite logique, déjà évoquée comme une quasi certitude par certains experts du marché, pourrait voir Alibaba rejoindre le cercle des partenaires officiels de la FIFA. L’accueil par la Chine de la Coupe du Monde de football deviendrait alors une évidence.