— Publié le 25 novembre 2019

A Tokyo, l’impossible quête d’un logement pour les JO

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Le CIO ne s’y est pas trompé. En annonçant la semaine passée l’arrivée au sein du programme mondial TOP de l’Américain Airbnb, l’organisation olympique a donné le ton. Selon son communiqué, la plateforme de logement entre particuliers permettra de « générer des revenus directs pour les hôtes et les communautés locales. »

A Tokyo l’an prochain, comme à Paris quatre ans plus tard, les propriétaires d’appartements pourront donc s’enrichir. Cool. Mais qu’en sera-t-il des visiteurs ? Pour eux, il n’est pas certain que l’arrivée d’Airbnb comme partenaire mondial du CIO change la donne. Dans la capitale japonaise, notamment, trouver un toit pour les prochains Jeux d’été se révèle un exercice réservé à une élite fortunée.

Charline Picon, la championne olympique de planche à voile en 2016, n’en fait pas partie. La véliplanchiste française a posté la semaine passée sur son compte Tweeter un appel à l’aide : « Hey, Tokyo 2020, si vous ne voulez pas de fans étrangers l’été prochain… dites le nous ! Les prix Airbnb pour une nuit : rien à moins de 600 euros« . En illustration de son tweet, une carte détaille les prix affichés par la plateforme : ils s’échelonnent entre 633 et 3.365 euros la nuit.

Les hôtels ? Pas mieux. La quotidien japonais Yomiuri Shimbun a mené l’enquête. Le résultat est édifiant. A Tokyo et dans les environs proches, les tarifs proposés pendant la période des Jeux de 2020 sont souvent 2 à 4 fois supérieurs aux prix habituels. La hausse s’est accélérée au mois de mai dernier, lorsque le comité d’organisation a lancé la première loterie de la billetterie, réservée au public japonais.

Un hôtel du quartier Minato, par exemple, où les chambres sont habituellement proposées à 20.000 yens par nuit (167 euros), affiche un tarif de 40.000 yens pour le même hébergement à la période des Jeux. Un « capsule hôtel » du quartier Shinjuku a multiplié ses prix par quatre. Une auberge du quartier Chuo a presque doublé ses prix.

Réaction d’une Japonaise de 26 ans habitant à Osaka : « Je pense me résoudre à rentrer chez moi, sans rester la nuit à Tokyo, après avoir assisté à la compétition ». La jeune femme, qui a obtenu des places pour les épreuves d’athlétisme, prévoit d’inviter ses parents, installés dans la région de Nagano. Mais les chambres doubles encore accessibles sur Internet se négocient actuellement à plus de 100.000 yens la nuit (834 euros !). « J’ai payé environ 140.000 yens pour les billets (1.168 euros). Je n’ai plus les moyens de payer une chambre », a-t-elle expliqué au Yomiuri Shimbun.

La situation n’est sans doute pas bloqué. Selon une enquête réalisée en juin dernier par l’hebdomadaire Hoteres, plus de 150 hôtels devraient ouvrir leurs portes à Tokyo d’ici l’an prochain. La capacité d’accueil devrait donc augmenter de plus de 20.000 chambres.

Dans le même temps, le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020 remettra bientôt sur le marché un contingent de chambres d’hôtels non réservées par ses différents « clients », organisations olympiques internationales, partenaires, comités nationaux olympiques ou médias. Il en avait sécurisé par avance environ 46 000, dans plus de 300 hôtels. « Nous annulerons les chambres dès que nous aurons la confirmation qu’elles ne sont plus nécessaires », a assuré un porte-parole de Tokyo 2020.

Suffisant pour équilibrer la balance entre l’offre et la demande ? Pas sûr. Mais les Japonais s’activent. La municipalité de Kawasaki, ville située entre Tokyo et Yokohama, négocie actuellement avec une compagnie privée l’installation dans son port d’un paquebot de croisière. Ses 928 chambres peuvent accueillir 1.870 personnes.

A Chiba, les autorités locales en appellent à la population pour tenter de trouver une solution à la pénurie d’hébergements. Elles ont lancé un programme incitant les habitants à louer une ou plusieurs chambres de leur logement à des visiteurs étrangers. Objectif annoncé : proposer une offre d’une centaine de maisons.