Événements

Budapest, l’outsider devenu incontournable

— Publié le 17 septembre 2019

Il faudra bien s’y faire : le mouvement olympique ne peut plus ignorer Budapest. Son renoncement dans la course aux Jeux d’été en 2024 n’a pas découragé la capitale de la Hongrie. Elle veut jouer parmi les grandes. Et elle s’en donne les moyens.

Hôte de la première édition des premiers Jeux mondiaux urbains (13 au 15 décembre 2019), Budapest devrait prolonger l’expérience en 2021. La ville a raflé l’organisation des Mondiaux de judo en 2022, d’athlétisme en 2023 et de natation en 2027. Elle souhaite recevoir SportAccord. Elle a obtenu l’accueil des finales de la Fed Cup de tennis pour les trois prochaines années.

Aux commandes du navire, Balazs Fürjes (photo ci-dessous). L’ancien patron de la candidature aux Jeux de 2024 siège désormais au gouvernement hongrois, où il est chargé du développement de la ville de Budapest et des grands événements sportifs internationaux. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : Vous venez d’organiser les premiers Jeux mondiaux urbains. Vous avez accueilli quatre championnats du monde d’un sport olympique au cours de l’année 2019 (tennis de table, escrime, canoë-kayak et pentathlon moderne). Et vous avez obtenu l’organisation des Mondiaux d’athlétisme en 2023, puis ceux de natation en 2027. Quelle ambition se cache derrière cette pléthore d’événements sportifs majeurs ?

Balazs Fürjes : Notre stratégie est très claire : nous voulons installer Budapest dans le top 3 des villes européennes en matière d’accueil des grands événements sportifs. Nous voulons nous situer au même niveau que Paris, Londres, Berlin ou Moscou.

Quels sont les atouts de Budapest pour atteindre cet objectif ?

Je crois que nous possédons les bons ingrédients : une parfaite situation géographique, au cœur de l’Europe ; une ville de taille moyenne, très compacte ; une économie en pleine croissance ; un excellent rapport qualité/prix pour le visiteur ; et enfin un ensemble d’infrastructures, en termes de transport, d’hôtellerie et d’équipements sportifs.

Quels grands événements aimeriez-vous décrocher ?

Les championnats du monde de gymnastique en 2025. Nous avons déjà les Mondiaux d’athlétisme en 2023 et ceux de natation en 2027. Avec la gymnastique, nous pourrions présenter tous les deux ans, avant et après les Jeux de Paris 2024, le rendez-vous mondial des trois sports olympiques majeurs. Dans un autre genre, mais qui nous intéresse également, nous accueillerons un jour prochain SportAccord. Il est important, en termes de diplomatie sportive, que nous recevions certaines des grandes conventions internationales.

Avez-vous renoncé à une candidature aux Jeux olympiques ?

Oui. Les Jeux olympiques ne figurent plus dans notre planning. Nous ne serons pas candidats pour les Jeux d’été en 2032, dont je veux bien parier que le CIO les attribuera à Brisbane. Pour les éditions suivantes, 2036 et 2040, rien n’est exclu mais nous ne voyons pas aussi loin.

Les Jeux de la Jeunesse pourraient-ils constituer une alternative ?

Nous y pensons. Rien n’est décidé et nous ne serons sans doute pas candidats aux Jeux de la Jeunesse d’été en 2026. Mais par leur taille et leur nature, les JOJ correspondent assez bien à notre vision. Nous allons suivre leur évolution. Après l’édition 2022 à Dakar, nous réfléchirons sérieusement à envisager une candidature.

Vous semblez plus motivés par les rendez-vous mondiaux que par les championnats européens. Les Jeux Européens, ou les championnats d’Europe multisports, ne vous intéressent pas ?

L’Europe nous intéresse. Nous organiserons d’ailleurs l’an prochain les championnats d’Europe de natation et ceux de water-polo. Nous regardons de près les championnats d’Europe multisports. Cet événement me semble idéal pour une ville comme Budapest, surtout lorsque notre stade d’athlétisme, prévu pour les Mondiaux en 2023, sera terminé. Les Jeux Européens, en revanche, n’entrent pas dans notre stratégie.

Concrètement, comment se développe votre stratégie sportive ?

Nous avons constitué une équipe d’une quinzaine de personnes. Elle travaille en soutien avec les fédérations nationales lorsqu’elles souhaitent postuler à un événement international. Elle les aide également pour sa préparation et son organisation. Nous finaliserons bientôt la création d’un conseil du sport international, où seront associés le gouvernement, la ville de Budapest, le comité national olympique. L’importance de travailler en équipe est l’une des leçons que nous avons retenues de notre expérience de candidats aux Jeux de Paris 2024.

La Fédération internationale de judo a récemment annoncé sa décision de déménager son siège de Lausanne à Budapest. L’accueil des grandes institutions du sport figure-t-il également dans votre stratégie ?

Oui. Le Parlement hongrois a voté en juillet dernier une loi sur les facilités fiscales accordées aux grandes institutions sportives internationales basées dans notre pays. Elle prévoit notamment une exonération fiscale sur les primes qu’elles distribuent aux athlètes. Nous avons répondu à l’appel à candidatures lancé par la Fédération internationale de tennis de table (ITTF) pour l’accueil de son siège mondial. Et nous allons discuter dans les prochains mois avec plusieurs autres grandes institutions sportives internationales.