— Publié le 9 mai 2019

Face au CIO, l’AIBA veut retenir ses coups

Institutions Focus

L’échéance approche pour l’AIBA. Son président par intérim, le Marocain Mohamed Moustahsane (photo ci-dessous), est convoqué le 20 mai devant la commission d’enquête du CIO.

Deux jours plus tard, la commission exécutive de l’organisation olympique doit se pencher sur l’avenir aux Jeux de la boxe et de sa fédération internationale.

Désigné en mars dernier pour suppléer l’Ouzbek Gafur Rahimov à la présidence de l’AIBA, Mohamed Moustahsane a fait le voyage à Gold Coast, en Australie, pour assister cette semaine à SportAccord 2019. Sa première sortie officielle dans le mouvement olympique depuis son arrivée aux commandes. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux: A moins de deux semaines d’une réunion de la commission exécutive du CIO décisive pour l’avenir olympique de la boxe et de l’AIBA, êtes-vous confiant ou inquiet ?

Mohamed Moustahsane : Je reste optimiste quant à la participation de la boxe aux Jeux de Tokyo 2020. Le président Thomas Bach l’a encore répété, la boxe sera à Tokyo 2020. J’ai confiance. Notre sport sera présent.

Etes-vous aussi optimiste sur l’avenir de l’AIBA ?

La commission d’enquête du CIO rendra son rapport le 22 mai. Elle a commencé son travail il y a quelques mois. L’AIBA a donné tous les documents demandés et répondu à toutes les questions posées par cette commission. Je reste confiant. Le rapport montrera que nous avons accompli d’énormes progrès à tous les niveaux, arbitrage, finance, antidopage et gouvernance.

Avez-vous rencontré Thomas Bach depuis votre désignation comme président par intérim de l’AIBA ?

Non. Je n’ai pas encore eu l’occasion de le voir. Il n’est pas prévu que je le rencontre. Le CIO a pris la décision de limiter ses contacts avec l’AIBA sur le plan administratif. Nous respectons cette décision.

Le CIO prétend pouvoir organiser le tournoi olympique de boxe aux Jeux de Tokyo sans vous. Serait-il aussi capable de se passer de l’AIBA pour tout le processus de qualification ?

Je doute que ce soit facile.

Avez-vous des contacts avec Gafur Rahimov, l’ancien président de l’AIBA ?

Je n’en ai pas actuellement. Je l’ai rencontré une fois, lorsque j’ai été choisi pour assurer la présidence par intérim de l’AIBA. Il s’agissait d’assurer une sorte de passation de pouvoir. Depuis, nous avons décidé d’aller de l’avant en essayant d’évoluer sur le bon chemin.

Jusqu’où seriez-vous prêt à aller dans l’hypothèse où le CIO prenne la décision d’exclure l’AIBA du mouvement olympique ?

Je suis très optimiste quant à l’issue de cette crise. Il y aura toujours une solution à trouver et une discussion à avoir, dans l’intérêt du sport.

Vous n’engageriez pas de poursuite contre le CIO ?

C’est tout à fait hors de mes plans. J’ai pris la présidence de l’AIBA pour servir et défendre la boxe, pas pour aller au tribunal. Je travaillerai jusqu’à la dernière minute pour trouver une issue favorable, dans l’intérêt du sport et des sportifs.

Qu’en pensent les boxeurs ? Ils sont les premières victimes de cette situation…

Les boxeurs sont très perturbés. Nous ne sommes pas responsables à 100% de cette situation. Mais nous leur répondons toujours, lorsqu’ils nous sollicitent, qu’ils n’ont pas à s’inquiéter. Ils participeront aux Jeux olympiques. Les boxeurs sont notre priorité. La finalité reste qu’ils puissent aller aux Jeux et s’y exprimer.

Les grands noms de la boxe professionnelle sont restés très silencieux sur cette crise. Certains ont pourtant été médaillés olympiques. Pourquoi n’ont-ils pas été mobilisés ?

Nous avons discuté avec beaucoup d’entre eux. Ils sont très concernés. Ils en parlent entre eux, mais n’ont pas choisi de s’exprimer sur cette question dans les médias.

Quelle est aujourd’hui la situation financière de l’AIBA ?

La situation financière de l’AIBA est stable. Nous ne sommes pas en crise. Mais il est certain que pouvoir organiser les tournois de qualification olympiques, puis être présent aux Jeux de Tokyo 2020, constituerait un sérieux coup de pouce financier pour l’AIBA.

Un dirigeant russe a proposé de prendre personnellement à sa charge la dette de la Russie afin de rassurer le CIO et écarter la menace d’une exclusion. Où en est cette proposition ?

Vous venez de le dire, il s’agit d’une proposition. Elle n’est pas écartée. Le comité exécutif va se réunir prochainement pour l’étudier et en discuter. Mais l’AIBA est capable, sans cette aide, de présenter dans les 3 ou 4 prochaines années une situation financière conforme aux exigences du CIO. Nous leur avons présenté tous nos rapports financiers depuis 4 ou 5 ans. Nous avons fait preuve d’une grande transparence.

Vous avez été désigné président par intérim. Seriez-vous prêt à prolonger cet intérim ?

Ma priorité, comme celle des autres membres du comité exécutif, est de régler cette affaire qui envenime nous relations avec le CIO. Actuellement, je ne me pose pas la question de mon avenir personnel. Il sera toujours temps de le faire une fois sorti de cette crise.