— Publié le 6 mai 2019

« Le cyclisme ne peut pas se cantonner à l’Europe »

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Il l’avait promis pendant sa campagne pour la présidence de l’UCI. David Lappartient a tenu parole. L’Afrique organisera pour la première fois, en 2025, les championnats du Monde de cyclisme sur route.

Dans quel pays ? Avec quels moyens ? Le dirigeant de l’UCI, présent à Gold Coast, en Australie, à l’occasion de SportAccord 2019, a répondu aux questions de FrancsJeux. Et évoqué son avenir au sein du mouvement olympique.

FrancJeux: Pourquoi était-il aussi important, à vos yeux, d’accorder à l’Afrique l’organisation des championnats du Monde de cyclisme sur route ?

David Lappartient : Je trouvais anormal que l’Afrique n’ait encore jamais organisé cet événement, pourtant présent au calendrier depuis 1900. Il y avait un manque. Je voulais le combler. En même temps, cela représente une reconnaissance du cyclisme africain. Il connaît actuellement un véritable boom, le public se passionne pour les courses. J’ai vu des foules immenses au bord de la route dans certains des pays où la discipline est la plus populaire.

Pourquoi avoir attendu l’édition 2025 ?

Il n’était pas question d’aller en Afrique seulement pour pouvoir dire que nous y avons attribué un championnat du Monde sur route. L’événement doit s’inscrire dans la logique de développement du cyclisme sur le continent. L’UCI va créer dans les années à venir deux nouveaux centres permanents d’entraînement en Afrique. Il s’ajouteront aux deux qui existent déjà, en Afrique du Sud et au Caire, en Egypte, ce dernier étant spécialisé dans la piste et le BMX. Nous allons envoyer dans les prochains jours un courrier aux fédérations africaines, en leur expliquant le cahier des charges et la procédure de candidature. Nous aimerions ouvrir un centre en Afrique de l’Ouest, un autre en Afrique de l’est ou centrale.

A ce stade du processus, quels sont les pays africains candidats à l’organisation des Mondiaux sur route en 2025 ?

Nous avons enregistré deux manifestations d’intérêt, formulées de façon très officielle, avec un courrier du gouvernement, par le Maroc et le Rwanda. Le processus de candidature se termine normalement au mois de septembre 2019. Il n’est pas exclu que nous recevions une autre candidature, mais les fédérations intéressées devront faire vite, car nous avons prévu de faire un point d’étape le mois prochain lors du comité directeur de l’UCI.

A part leur situation géographique, qu’est-ce qui distingue les dossiers du Maroc et du Rwanda ?

Sur le plan technique, pour le parcours par exemple, il est trop tôt pour répondre. Mais le Maroc et le Rwanda ont tous les deux la capacité d’organiser des Mondiaux sur route. Ils possèdent les structures, une fédération solide, des circuits adaptés et une très grande ferveur populaire pour le cyclisme. Le Maroc et le Rwanda comptent parmi les cinq meilleurs pays africains en termes de résultats, avec l’Ethiopie, l’Afrique du Sud et l’Érythrée.

Leur inexpérience dans l’accueil d’événements de la taille d’un championnat du Monde sur route n’obligera-t-elle pas l’UCI à s’impliquer un peu plus dans l’organisation ?

Peut-être. Mais ça n’est pas certain. Le Maroc et le Rwanda possèdent un réel savoir-faire. Notre objectif est que les Mondiaux en 2025 soient au même niveau que partout ailleurs. Et ils bénéficieront, dans un cas comme dans l’autre, d’une ferveur populaire qui fera date.

Après l’Afrique, quels nouveaux territoires souhaitez-vous explorer ?

Nous avons très peu été en Asie. Seulement deux fois, au Japon en 1990, puis au Qatar en 2016. Deux fois seulement également en Amérique du Sud. Nous devrons retourner dans ces deux régions du monde, à échéance 2030/2032. Le cyclisme ne peut pas se cantonner à l’Europe, même si l’Europe en reste le cœur.

La Chine aura-t-elle un jour les Mondiaux sur route ?

Bien sûr. La Chine organise déjà une course du World Tour UCI. A terme, nous irons là-bas.

Vous n’êtes pas encore membre du CIO. Souhaitez-vous de le devenir dans un avenir proche, en votre qualité de président de l’UCI ?

J’ai déjà beaucoup à faire aujourd’hui. En plus de l’UCI, je siège au Conseil de fondation de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Et le CIO m’a demandé de présider le groupe de travail sur l’eSport. Je me concentre sur tout cela. Mon ambition est de servir mon sport, le cyclisme.

Entrer au CIO ne vous aiderait-il pas à mieux servir les intérêts du cyclisme ?

Bien sûr. Mais on peut aussi le faire sans en être membre. J’ai récemment rencontré Thomas Bach. On peut agir et peser dans le mouvement olympique sans être membre du CIO. Je ne me lève pas tous les  matins en me disant que je dois le devenir, même si cette position représente une forme de reconnaissance. Je suis encore un jeune président.