Candidatures

La Corée unifiée, le nouveau tube de l’olympisme

— Publié le 18 février 2019

Thomas Bach ne parle pas encore le coréen. Mais le président du CIO devra peut-être l’apprendre. La péninsule coréenne occupera en effet une partie non négligeable de son temps au cours des prochains mois, voire des années à venir.

Vendredi 15 février, le dirigeant allemand a reçu en grandes pompes, au siège du CIO à Lausanne, deux délégations exclusivement masculines envoyées de Séoul et Pyongyang. La réunion tripartite avait été annoncée très en avance. Elle se voulait historique, ou au moins décisive dans la construction d’une Corée sportive unifiée et marchant du même pas.

Premier sujet inscrit à l’ordre du jour, le plus immédiat : la participation d’équipes unifiées aux Jeux de Tokyo 2020. Deux ans après les Jeux d’hiver de PyeongChang, où les joueuses de hockey sur glace des deux pays avaient été les seules à enfiler le même maillot, le prochain rendez-vous olympique confirmera la tendance en l’amplifiant.

Selon un communiqué du CIO, « il a été décidé que la participation de ces équipes (unifiées) aux Jeux de 2020 à Tokyo s’appuierait sur une qualification réussie dans ces sports et disciplines où les deux CNO souhaitent concourir comme équipe coréenne unifiée ». Dans les faits, il est envisagé par les trois parties de présenter une équipe unifiée en basketball féminin, hockey sur gazon féminin, dans les épreuve par équipes mixtes de judo, en aviron masculin et féminin (quatre en pointe, quatre en couple et huit).

Une première liste qui pourrait s’allonger dans les prochains mois, les « discussions étant toujours en cours entre les comités nationaux olympiques de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée et leurs gouvernements sur l’ajout d’éventuelles équipes coréennes unifiées dans d’autres sports. »

Autre sujet, nettement plus attendu : le projet d’une candidature commune des deux Corée aux Jeux d’été en 2032. Il a été abordé vendredi 15 février à Lausanne. Abordé et, sans surprise, très favorablement accueilli par Thomas Bach et sa garde rapprochée. « Le CIO s’est félicité de cette initiative et s’est dit prêt à aider les deux Corée à développer davantage ce projet, assure l’organisation olympique dans un communiqué. A cet égard, le CIO se tient prêt à mettre son expertise à leur disposition et accueillerait favorablement la visite d’un groupe de travail conjoint afin d’explorer les possibilités. »

Le message est clair : le CIO accueille à bras ouverts une candidature des deux Corée, véritable don du ciel pour un mouvement olympique dont l’image a grand besoin d’un coup de peinture. Sa portée historique évacuera tout le reste, à commencer par la sempiternelle et lassante question des coûts.

Commentaire de Thomas Bach : « Les discussions qui ont eu lieu lors de la réunion de travail de ce jour constituent une nouvelle étape qui montre à quel point le sport peut à nouveau contribuer à la paix dans la péninsule coréenne et dans le monde. Nous disposons d’une bonne base sur laquelle nous appuyer et avancer encore en vue des Jeux olympiques de 2020 à Tokyo. Le sport continuera à jeter des ponts et à démontrer le pouvoir unificateur des Jeux olympiques. Nous accueillons donc chaleureusement l’initiative historique des deux Corée de présenter une candidature coréenne conjointe à l’organisation des Jeux olympiques de 2032. »

L’histoire est en marche. Elle ne s’arrêtera plus. Les Nord-Coréens eux-mêmes, habituellement peu enclins à s’exprimer, ont posé eux aussi les premiers jalons d’une candidature qui devrait porter le nom de Séoul/Pyongyang 2032. Kim Il-guk, le président du comité olympique nord-coréen et ministre de la Culture physique et du Sport, suggère : « Je suis très ému et je me réjouis à l’idée d’une candidature commune avec la Corée du Sud. Nous sommes d’accord sur les concepts mis en avant par la Corée du Sud et demandons l’appui du président Thomas Bach et du CIO pour organiser conjointement la manifestation olympique à Séoul et Pyongyang. »

A plus de six ans du vote, les obstacles restent nombreux. Mais la concurrence peut déjà se faire une raison : la candidature coréenne n’est plus un projet en l’air, mais l’un des favoris de la course.