— Publié le 11 février 2019

Menacée par le CIO, l’AIBA est attaquée dans son propre camp

Institutions Focus

Le ciel continue à s’assombrir au dessus de l’AIBA. Menacée par le CIO de disparaître du mouvement olympique, l’organisation internationale de la boxe ne doit pas seulement faire face à une menace extérieure. Elle est également attaquée par son propre camp.

Selon l’AIBA elle-même, un « groupe de voyous » dirigé par des Kazakhs fait campagne auprès des fédérations nationales pour contourner le pouvoir en place. Il suggérerait aux pays membres de l’AIBA d’écrire au CIO pour lui proposer leur aide dans l’organisation d’un tournoi olympique aux Jeux de Tokyo dont serait exclue l’AIBA.

L’organisation présidée par l’Ouzbek Gafur Rhakimov détient les preuves. Elle a publié en fin de semaine passée une lettre type, rédigée par le groupe dissident à l’intention des fédérations nationales. Le document n’est pas signé, mais ses termes sont explicites. Il assure au CIO que « notre groupe est prêt à fournir l’expertise technique nécessaire et les conditions financières suffisantes » pour organiser le tournoi. Il insiste sur « la situation catastrophique de la boxe. »

Rappel important : en novembre dernier, Gafur Rakhimov a été élu président de l’AIBA après avoir devancé son seul rival lors du scrutin, le Kazakh Serik Konakbayev.

Un officiel proche de la Fédération kazakhe de boxe a assuré à Associated Press, sous couvert d’anonymat, que la copie de la lettre publiée par l’AIBA était authentique. Une autre source, également anonyme mais présentée comme un membre haut placé d’une fédération nationale, révèle de son côté avoir été sollicitée pour signer le document, mais ne pas avoir accepté.

Au CIO, en revanche, on plaide l’ignorance. Son porte-parole, Mark Adams, explique ne pas être au courant d’une telle manœuvre.

Pour l’AIBA, le coup est rude. Confrontée à une menace réelle d’exclusion du mouvement olympique, l’organisation internationale n’a vraiment pas besoin d’une telle publicité. La commission d’enquête formée par le CIO pour étudier son cas lui a récemment soumis un questionnaire en 41 points. Il concerne sa gouvernance, ses finances, mais également les dossiers arbitrage et lutte antidopage.

L’AIBA a annoncé avoir missionné un groupe de travail pour faire la lumière sur cette tentative de débordement. Elle accuse les auteurs de la lettre de vouloir « saboter la position de l’AIBA dans le mouvement olympique ».

Elle précise également « supposer que le CIO n’a pas tenu compte de ces manœuvres initiées par ce groupe d’individus. » Affaire à suivre.