— Publié le 2 mai 2016

« Membre du CIO? C’est trop tôt pour moi »

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Son nom et son visage restent encore peu connus en dehors du milieu du tennis. David Haggerty (notre photo), élu en septembre dernier à la présidence de la Fédération internationale de tennis (ITF), avance avec discrétion dans le mouvement sportif mondial. Le dirigeant américain, ex patron de l’US Open, se veut humble et mesuré. Mais ses idées pourraient rapidement transformer l’organisation et l’avenir de sa discipline. Il a répondu à Lausanne, à l’occasion de la dernière Convention SportAccord, aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux: Où en est l’affaire Sharapova?

David Haggerty: La procédure est relativement longue, environ 2 ou 3 mois. Elle est menée de façon indépendante de l’ITF, sous l’autorité de l’AMA. Je sais qu’une date a été fixée pour l’audition de la joueuse, mais je n’en ai pas eu connaissance. En ma qualité de président de la Fédération internationale, je n’ai pas de jugement à porter sur cette affaire et sur Maria Sharapova. Mais j’aime les joueurs propres.

L’ITF en fait-elle assez pour lutter contre le dopage dans le tennis?

Je crois en ce que nous faisons sur ce dossier. Nous ne couvrons aucune affaire, j’en veux pour preuve que des joueurs du haut du classement mondial ont déjà été pris. Mais, à mon sens, lutter contre le dopage n’est pas une affaire de nombre de contrôles. Je préfère la qualité à la quantité. Il me semble plus judicieux de cibler les contrôles, afin de les effectuer aux bons moments et sur les bons joueurs.

Les matches truqués ne sont-ils pas en train de s’imposer dans le tennis comme un fléau encore plus menaçant que le dopage?

Ils existent. J’en suis conscient. Nous avons mis en place, à l’ITF, une unité dédiée à l’intégrité. Elle travaille et obtient des résultat. Au cours du premier trimestre, nous avons relevé 46 à 48 cas de matches arrangés, sur environ 25.000 rencontres. Cela représente moins de 0,02%. C’est peu. Mais un seul match truqué serait encore trop à mes yeux.

Le CIO doit désigner une dizaine de nouveaux membres lors de sa session du mois d’août 2016 à Rio de Janeiro. Pensez-vous pouvoir être l’un deux, en votre qualité de président de l’ITF?

Membre du CIO? C’est trop tôt pour moi. Je suis encore un nouveau venu dans la place. Je veux me concentrer sur le tennis et sur l’ITF. J’envisagerai d’entrer au CIO dans un avenir plus ou moins proche.

Quels regards portez-vous aujourd’hui sur la course aux Jeux de 2024?

En qualité de président de l’ITF, je dois respecter une certaine neutralité sur cette question. Je vais regarder les dossiers des quatre villes candidates et étudier leurs propositions par le prisme du tennis. Estimer celle qui mettra le mieux en avant notre sport, en termes de qualité du site de compétition et de situation du complexe. Mais, en tant qu’Américain, je serais très fier de voir Los Angeles l’emporter.

A moins de 100 jours de Jeux de Rio, êtes-vous satisfait de la préparation du site et du tournoi de tennis?

Je vais me rendre à Rio le 4 mai pour une visite de deux jours. J’aurai l’occasion de rencontrer le responsable des travaux et le directeur commercial du complexe. Les choses avancent bien, mais elles ne sont pas terminées. Par exemple, les projecteurs ne sont pas encore installés autour des courts. Les Brésiliens travaillent très dur. Mais je suis très heureux de la situation du site de tennis.

Vous aviez suggéré, pendant votre campagne, qu’il était grand temps de faire évoluer la formule de la Coupe Davis et de la Fed Cup. Est-ce toujours d’actualité?

Bien sûr. Nous menons actuellement une étude sur ces deux compétitions, en discutant notamment avec les partenaires et les diffuseurs. Ces deux compétitions doivent évoluer. Pour la Fed Cup, l’une des options serait de créer un groupe A avec 16 nations, avec des demi-finales et une finale disputées en un lieu neutre, entre juillet et septembre. Dans le cas de la Coupe Davis, je sais que les joueurs sont frustrés de ne jamais savoir à l’avance où ils joueront et sur quelles surfaces. Nous étudions plusieurs formats pour l’avenir. L’un d’eux verrait la finale se disputer en terrain neutre, dans une ville décidée à l’avance.