— Publié le 12 décembre 2014

Une élection qui sent le souffre à la FEI

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Drôle d’ambiance. La crème des dirigeants des sports équestres a fait le voyage vers Bakou, en Azerbaïdjan, pour assister au Congrès de la Fédération équestre internationale (FEI). Un Congrès particulièrement important puisqu’il sera dominé par l’élection, dimanche 14 décembre, d’un nouveau président. Un successeur à la Princesse Haya de Jordanie, en poste depuis 2006, qui a annoncé en août dernier sa décision de ne pas solliciter un 3ème mandat. Cinq hommes ont fait acte de candidature: Ingmar de Vos (Belgique), Pierre Durand (France), Pierre Genecand (Suisse), Ulf Helgstrand (Danemark) et John McEwen (Grande-Bretagne).

Jusque-là, tout va bien. Mais le Congrès annuel, et surtout l’élection à la présidence, sont enveloppés d’une forte odeur de doutes et de suspicions. L’équipe en place est l’objet de nombreuses critiques. Avec, en tête de pont, le secrétaire général de la FEI, le Belge Ingmar de Vos, par ailleurs en course pour la succession de la Princesse Haya. Plusieurs de ses opposants lui reprochent de profiter de sa position aux commandes de l’institution pour favoriser son élection. En clair, de se servir sans scrupules de l’appareil fédéral pour préparer le terrain à une prise de pouvoir. Un « conflit d’intérêt » invoqué par l’Espagnol Javier Revuelta, un moment candidat à la présidence de la FEI, pour justifier son choix de se retirer de la course en novembre dernier.

Encore plus gênant: la demande faite par Ingmar de Vos, pendant la campagne, de pouvoir désormais cumuler les fonctions de président et secrétaire général. Un tel scénario serait non seulement unique dans le sport international, mais surtout contraire aux statuts de la FEI. Il a provoqué, sans surprise, des réactions très vives de nombreuses fédérations nationales et des autres candidats à la présidence.

Autre pomme de discorde: l’endurance. La discipline est régulièrement agitée, depuis plusieurs années, par des affaires de dopage et de décès de chevaux. Une situation que l’équipe dirigeante de la FEI a, semble-t-il, laissé empirer. La presse spécialisée a régulièrement dénoncé une volonté d’étouffer certaines affaires et de faire taire les entraîneurs ou dirigeants trop bavards. Le Belge Pierre Arnould en fait partie. En octobre 2013, il avait cherché à briser la loi du silence en dénonçant, lors d’une interview à un quotidien anglais, les dérives fréquentes en endurance. Pierre Arnould a été remercié par la FEI en juillet dernier. « J’ai été le seul à taper du pied dans la fourmilière », explique-t-il.

Plus récemment, le chef du département vétérinaire, Graeme Cooke, a été poussé brutalement à la démission. Selon plusieurs sites spécialisés, il aurait fait ses cartons et quitté son bureau en quelques heures. La FEI aurait aussi nommé, au poste de directeur de l’endurance, le Portugais Manuel Bandeira de Mello, peu connu dans la discipline et actuellement en procès avec sa propre fédération nationale, après en avoir été licencié de son poste de secrétaire.

Avec un tel climat, et pas moins de cinq candidats, l’élection à la présidence de la FEI s’annonce houleuse. Verdict dimanche 14 décembre.