— Publié le 25 novembre 2014

« 90% des revenus du CIO sont reversés au sport »

Institutions Focus

Champion olympique de poursuite aux Jeux de Turin en 2006, Vincent Defrasne a eu le privilège de découvrir en avant-première, avec un petit groupe d’autres athlètes venus du monde entier, les 40 propositions qui composent l’Agenda 2020 du CIO. A l’issue de cette présentation, par Thomas Bach, de la feuille de route du mouvement olympique, l’ancien biathlète français a eu l’idée de rédiger une tribune. Il l’a envoyée à FrancsJeux. Nous la publions dans son intégralité.

« La semaine dernière, j’ai rejoint d’autres athlètes comme moi pour évoquer avec le président du Comité international olympique, Thomas Bach, l’Agenda olympique 2020 – la feuille de route stratégique pour l’avenir du mouvement olympique – et les 40 recommandations qui seront votées par les membres du CIO en décembre. Le mouvement olympique ne cherche pas à faire de profonds changements, mais des évolutions qui permettront à des villes très différentes d’accueillir les Jeux, des changements qui attireront un public encore plus large et des actions qui apporteront soutien et protection aux athlètes – au début, au milieu et à la fin de leur carrière.

J’ai eu la chance extraordinaire de passer la plus grande partie de ma vie dans le milieu sportif et au sein du mouvement olympique. J’ai poursuivi le rêve de concourir au plus haut niveau et pour moi ce rêve est devenu réalité. Dans pratiquement toutes ses dimensions, le sport est simplement magnifique. Pour autant, je suis choqué par la quantité de commentaires négatifs que j’entends et lis à propos du sport. Le sport apporte énormément aux individus, aux communautés et aux pays, et trop de personnes semblent ne pas en être conscientes.

Je sais bien qu’il est à la mode de souligner le négatif mais le sport est porteur d’optimisme. L’optimisme est dans l’ADN du sport. Le caractère unique du mouvement olympique tient au fait qu’il gère le sport au plus haut niveau et oeuvre en même temps pour donner accès au sport à tout un chacun. Je ne pense pas qu’il y ait une autre organisation sportive qui distribue 3,25 millions de dollars (USD) par jour au sport à travers le monde. Ce sont plus de 90 % des revenus du CIO qui sont reversés directement au sport. C’est l’un des points positifs qu’il faut connaître et partager, car dans tous les domaines, les bonnes nouvelles méritent d’être partagées !

D’aucuns parlent du coût des Jeux sans réellement comprendre où va l’argent. Ce n’est pourtant pas bien difficile à identifier. Sans les Jeux olympiques et les fonds qu’ils mobilisent, nous n’aurions pas tout ce soutien aux événements sportifs ni les programmes de solidarité qui sont mis en œuvre dans de nombreux pays du monde. Je consacre une grande partie de mon temps depuis trois ans à diriger en France des projets au profit d’organisations caritatives luttant contre le mal logement. Pour moi, c’est en quelque sorte pour rendre ce que j’ai reçu, pour venir en aide aux autres. Lorsque j’ai arrêté la compétition de haut niveau, c’est ce que je voulais faire. Aider les athlètes à exploiter tout leur potentiel en sport est une chose, mais aider les gens les plus en difficulté a également beaucoup de sens pour moi.

Le CIO m’a accueilli au sein de son administration après mes années de compétition pour gérer le programme des athlètes modèles des Jeux olympiques de la Jeunesse à Innsbruck et Nankin. Ce poste m’a motivé et enthousiasmé car il s’agit de travailler avec des jeunes affichant leurs premières ambitions olympiques. Voir des sportives et des sportifs endosser ce rôle de modèles auprès de jeunes athlètes est fantastique. Aucune question ne les effraie. C’est un vrai soutien que je n’ai pas eu de manière aussi formelle au cours de mes années de formation, même si de nombreux athlètes m’ont toujours inspirés. Nos futurs athlètes seront ainsi en mesure de mieux gérer leur carrière sportive.

Je souhaite voir ressortir des recommandations de l’Agenda olympique 2020 le renforcement des Jeux olympiques en tant que plus grande compétition sportive au monde, ainsi qu’un engagement profond en faveur du sport pour tous. À travers la magie des Jeux olympiques, le mouvement olympique apporte du rêve aux jeunes. Rendre le sport accessible à toutes les populations leur permet d’être un peu plus heureuses et en meilleure santé. Ces deux aspects du sport font pour moi toute la richesse des ambitions de l’Olympisme.

Je sais qu’il existe un certain nombre de recommandations visant à protéger les athlètes qui respectent les règles. Il est bien sûr extrêmement important de proposer une pratique du sport la plus sûre possible aux nouveaux athlètes et qu’ils soient assurés du soutien du mouvement olympique. Je souhaite voir les Jeux olympiques ainsi que leurs programmes et leurs valeurs s’étendre à davantage de pays. Les Jeux peuvent être organisés par de nombreuses villes et ne doivent pas être réservés à certaines. En ce sens, je suis heureux que l’Agenda olympique 2020 étudie de nouveaux formats et partenariats pour les Jeux et j’espère que ces derniers seront approuvés en décembre.

J’aimerais également qu’il soit compris que les Jeux peuvent se dérouler partout. Aucun pays n’est parfait. Nous devons être fiers que les Jeux olympiques aient le pouvoir d’attirer l’attention du monde sur d’autres régions. Cela favorise l’ouverture d’esprit, la compréhension, et j’espère la tolérance. Le sport, quel que soit son niveau de pratique, est l’outil le plus puissant que je connaisse pour rendre le monde un peu meilleur. Le mouvement olympique guide le sport de haut niveau et aide les athlètes à révéler pleinement leur potentiel.

Je souhaite sincèrement que le mouvement olympique continue d’agir comme chef de file du sport pour tous, en donnant accès au sport à des millions de personnes à travers le monde. »

Vincent Defrasne, champion olympique de biathlon