— Publié le 28 mars 2014

« L’escrime se vend mieux à l’étranger qu’en France »

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Une double casquette. Un cas unique. Vincent Anstett, 31 ans, champion du monde en 2006 avec l’équipe de France de sabre, cumule les fonctions de directeur du marketing des championnats d’Europe d’escrime à Strasbourg, prévus du 7 au 14 juin 2014, et de candidat à la sélection pour cette compétition continentale. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux: A 70 jours de l’événement, comment se présentent les championnats d’Europe d’escrime à Strasbourg?

Vincent Anstett: Nous avons débuté la préparation il y a dix-huit mois. Aujourd’hui, les choses se précisent. Notre budget est élevé, il atteint environ 1 million d’euros, car nous avons souhaité mettre en place un dispositif technique proche de celui d’un championnat du monde. Habituellement, un Euro coûte plus ou moins 300.000 €. Nous avons bâti une offre de marketing très ambitieuse, mais les résultats sont positifs. Une douzaine de partenaires nous accompagne. Nos recettes de marketing se situent à 240.000 €. Et le budget est quasiment bouclé.

Comment se porte la billetterie?

Nous avons 3500 places par jour à vendre. En semaine, la présence de 3900 enfants de écoles de la région invités à la compétition devrait assurer une bonne occupation des tribunes, avec au moins 1500 à 2000 spectateurs. Les quatre derniers jours, nous devrions être complets.

Et la médiatisation?

C’est très paradoxal, mais les droits de télévision se vendent mieux à l’étranger qu’en France. Des chaines russe et italienne les ont déjà acquis. En France, nous n’avons pas trouvé de diffuseur prêt à assurer une retransmission en direct. Nous avons seulement reçu des propositions pour des reportages à J + 1. Il ne sera donc pas possible de suivre les compétitions en live à la télévision. Mais l’Euro sera disponible sur Internet. Aux derniers championnats du monde, le live a généré plus de 300.000 vues.

La France reste-t-elle une terre d’influence dans le monde de l’escrime?

Nous sommes moins influents que dans le passé, à l’époque notamment où le président de la Fédération internationale d’escrime (FIE) était français (René Roch). Aujourd’hui, il est russe (le milliardaire Alisher Usmanov). Mais son numéro 2, le secrétaire général, est le Français Frédéric Pietruszka. La France reste un acteur majeur, une place forte. Mais les dernières années ont été marquées par l’émergence de nouveaux pays, comme les Etats-Unis, la Chine, la Corée du Sud, certaines nations africaines. Aux Jeux de Londres, le porte-drapeau de la délégation américaine était une escrimeuse.

Vous portez la double casquette d’organisateur des championnats d’Europe et de candidat à une sélection pour l’épreuve de sabre. Est-ce compatible?

Oui. Je me sers de ce que j’ai vécu comme escrimeur dans mon rôle d’organisateur. Et j’utilise mon expérience de deux années au service marketing de la Fédération française de football (FFF). A Strasbourg, nous allons mettre les athlètes au coeur du dispositif. Un village leur sera consacré, ils pourront y être tranquilles. J’ai connu, à l’étranger, des compétitions où nous étions obligés de nous changer dans les tribunes, au milieu du public.  En mettant les athlètes dans les meilleures conditions, nous favorisons le spectacle, donc l’intérêt des spectateurs.