— Publié le 28 février 2014

En Russie, les médailles olympiques sentent le gaz

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Les médaillés russes des Jeux de Sotchi étaient-ils dopés? A Moscou, on ne se pose pas la question. Jeudi 27 février, les héros de la quinzaine olympique ont reçu en grandes pompes, des mains de Dmitri Medvedev, le chef du gouvernement, la récompense d’une Mercedes. Il a même été précisé que les plus jeunes des médaillés, non titulaires du permis de conduire, pourrait bénéficier en prime des services d’un chauffeur. Quand on aime, on ne compte pas, dit-on. Et la Russie aime passionnément ses skieurs, fondeurs, patineurs et autres bobeurs, au moins depuis la semaine passée.

Ailleurs, on s’interroge depuis la révélation par la chaîne allemande WDR de l’utilisation par les athlètes russes du gaz xénon pour améliorer leurs performances sur la neige et la glace de Sotchi. L’inhalation de xénon favorise la production naturelle d’érythropoïétine (EPO), qui contribue au développement des globules rouges dans le sang et donc à l’amélioration de la performance. Certes, ce gaz ne figure pas dans la liste des produits interdits. Mais l‘apport externe d’EPO est clairement considéré comme du dopage.

Le xénon est un gaz asphyxiant qui s’utilise en inhalation, masque ou spray. En créant une diminution de l’apport d’oxygène, il pousse le corps réagir en produisant plus d’EPO endogène. Résultat: une fabrication supplémentaire de globules rouges.

Réaction des autorités russes: la bonne foi. « Le xénon n’est pas un gaz illégal », a plaidé Vladimir Uiba, le patron de l’Agence fédérale russe de biomédecine (FMBA). « Nous avons pour principe de ne pas utiliser ce qui est interdit par l’agence mondiale antidopage (AMA). Il est possible que nos sportifs aient eu recours à des inhalateurs de xénon, mais il n’y aurait rien de mal à cela. Ce n’est pas illégal, ce n’est pas destructeur et cela ne provoque pas d’effets secondaires ».

A en croire certains médias, une telle pratique ne serait pas nouvelle dans le sport russe. Les athlètes olympiques l’utiliseraient même de façon régulière depuis les Jeux d’Athènes en 2004.

Il n’empêche, ces révélations projettent une ombre sur la performance collective de la Russie aux Jeux de Sotchi, où sa délégation a terminé en tête du classement des médailles, avec 33 places sur le podium, dont 13 titres. L’AMA a assuré qu’elle allait se « pencher sur la question. » Pas sûr qu’elle creuse vraiment le sujet.