— Publié le 16 août 2013

Isinbayeva, haut perchée mais homophobe

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(Mis à jour le 16/08/2013 à 16h32)

Surprenante, Yelena Isinbayeva. Au bons sens du terme, comme au pire. A Moscou, la Russe a d’abord réveillé le public du stade Loujniki, mardi soir, en décrochant le titre mondial du saut à la perche. Magistral. Puis elle créé un certain malaise en s’exprimant sur la loi homophobe en vigueur en Russie. Un discours qui a fait froid dans le dos.

En substance, la perchiste russe a prévenu les athlètes qui participeront aux Jeux de Sotchi, en février prochain, qu’ils devront respecter la loi du pays. Sans exception. En gardant pour eux, donc, leurs envies de soutien de la cause homosexuelle. « Nous tolérons toutes les opinions et nous respectons tout le monde, mais en retour, ces personnes doivent respecter nos lois et ne pas promouvoir dans les rues les idées des orientations non-traditionnelles », a asséné l’athlète. Avant d’enfoncer le clou : « La propagande des relations non-traditionnelles serait un grand signe de non-respect des citoyens de notre pays et de nos lois. Toute personne qui viendra pour les JO de Sotchi doit respecter nos lois. Les hommes vivent avec les femmes, les femmes avec les hommes. »

Les propos de Yelena Isinbayeva s’avèrent d’autant plus gênants que la perchiste a accepté le rôle d’ambassadrice des Jeux de Sotchi. En février prochain, elle sera même très présente pendant la quinzaine olympique, au titre de maire du village des athlètes. Ses déclarations jettent donc un froid dans un débat qui semblait, jusque-là, s’orienter vers un début d’apaisement.

Pour rappel, la loi promulguée en juin dernier par Vladimir Poutine sanctionne tout acte de « propagande » homosexuelle devant les mineurs. Les étrangers risquent une amende de 100.000 roubles (2.300 euros) maximum, jusqu’à 15 jours de détention et l’expulsion du pays. Un texte jugé discriminatoire par les défenseurs des droits de l’homme et critiqué un peu partout à travers le monde.

Jeudi matin, à Moscou, la sauteuse en hauteur suédoise avait été la première, et la seule à ce jour, à profiter des Mondiaux d’athlétisme pour manifester publiquement son soutien à la cause homosexuelle et son opposition à la loi russe anti-gay. Elle s’était présentée aux qualifications en montrant ses ongles peints aux couleurs du drapeau arc-en-ciel. Un geste jugé « irrespectueux » par Yelena Isinbayeva.

Le lendemain matin, la perchiste russe a fait circuler un communiqué dans lequel elle assure avoir été « mal comprise » dans ses propos sur la loi homophobe. « Je suis opposée à toute discrimination contre les homosexuels, qui se base sur la sexualité (ce qui est contraire à la charte Olympique), a-t-elle écrit. L’anglais n’est pas ma première langue et je crois que j’ai peut-être été mal comprise quand je me suis exprimée hier. Ce que je voulais dire, c’est que les gens doivent respecter les lois d’autres pays, en particulier quand ils sont invités. » Une mise au point qui n’a pas convaincu tout le monde.