— Publié le 5 novembre 2014

80ème Congrès FIG à Tachkent: message de Bruno GRANDI

Communiqué

LA LETTRE DU PRESIDENT

80ème Congrès FIG à Tachkent

MESSAGE DE BIENVENUE DU PRESIDENT

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Chers Membres du Congrès, Chères Amies et Chers Amis,

Bienvenus à Tachkent!

Je vous adresse à tous une chaleureuse et cordiale bienvenue et voudrais en premier lieu remercier sincèrement la Fédération Ouzbèke de Gymnastique de son accueil, de son hospitalité.

Avant d’ouvrir officiellement ce congrès, j’aimerais apporter une clarification quant à ma position actuelle, afin de dissiper tout malentendu et d’éviter toute interprétation erronée.

Chères Amies, Chers Amis, en octobre 2016, je ne serai plus candidat à la présidence de la FIG.

C’est la raison pour laquelle je tiens à vous adresser ce message, sous la forme d’un encouragement destiné à celles et ceux qui auront cette charge de travail ces prochaines années.

Un, ou une candidate à la présidence de la FIG devra avoir un âge susceptible de devenir membre du CIO. La troisième fédération, dans l’ordre d’importance, du Mouvement olympique doit avoir un de ses représentants au sein du Comité International Olympique, un poste qu’il doit occuper pour un terme d’au minimum 8 ans.

Souvenez-vous, j’avais déclaré à Cancun que le mandat actuel serait le dernier. C’est le cas.

J’estime toutefois, en toute humilité, avoir réalisé un travail considérable consacré à la transformation de notre Fédération, accordé toute l’attention à aux évolutions dans notre monde et de ne pas avoir été la cause des retards que nous accusons encore, dans les mises à jour dont nous avons besoin.

Dans le contexte des processus de transformation que la gymnastique devra encore entreprendre impérativement, j’aurais voulu faire encore beaucoup plus concernant les programmes techniques et le calendrier international. Nous les avons certes rendu plus stables, en particulier les code de pointage, même si cette stabilité n’a hélas pas duré. J’aurais voulu agir plus rapidement dans le dossier des réformes des statuts. J’ai cherché de stimuler les changements, pour transformer le format de nos compétitions, J’ai cherché d’exercer une pression constante sur les problèmes de justice sportive, droit principal et fondamental, lequel dans le sport, doit prévaloir sur tous les autres considérations touchant à l’existence même d’une fédération olympique.

Mais je n’ai pas toujours réussi à me faire comprendre. Dans de trop nombreux cas, ce sont l’inertie, la peur des changements dont nous avons absolument besoin qui ont prévalu. Dommage.

Tout notre monde est intimement lié aux règles nées de la tradition. Bien. Mais si nous voulons rendre la gymnastique plus moderne, plus actuelle, nous devons aller au-delà de cette pensée réductrice.

Le protectionnisme que les réalités individuelles nationales exercent sur les organes décisionnels est trop souvent un frein pour les innovations dont nous avons un besoin urgent.

Il semblerait que la justice sportive ait été uniquement une de mes obsessions personnelles. La réalité est tout autre. C’est un droit fondamental de chacun, en particulier dans un sport où les classements sont établis par des juges.

La même chose s’est répétée dans le contexte du débat autour des programmes de compétitions, l’évolution et l’universalité de notre sport. Même lorsque j’ai instauré la Fondation de solidarité FIG, en faveur des athlètes et des entraineurs touchés par un accident, certains d’entre vous ont cru qu’il s’agissait d’une pure invention pour stimuler une spéculation financière.

La vérité Chers Amis et Chères Amies, c’est que nombreuses personnes blessées ont jusqu’à ce jour bénéficié de cette pseudo spéculation financière.

Il y a également la création de la Commissions des athlètes, qui ont le droit de vote aussi bien à l’intérieur des comités techniques, que du Comité exécutif. A entendre certains, cela ressemblait une de mes idées démagogiques, pas applicableà la gymnastique, en raison du trop jeune âge de nos athlètes !

 

Je ne veux pas faire de liste exhaustive des projets réalisés. La liste serait longue. Mais j’en suis fier et vous aurez l’occasion, à la fin du présent cycle, de les redécouvrir dans un document que je rédigerai à cette occasion. Il vous permettra de mesurer, évaluer correctement le parcours accompli.

Je dois toutefois faire une courte observation, afin de citer quelques points que j’ai réussi à mener à terme, avec une grande détermination, pour vous faire comprendre colmbien parfois les temps de réalisation ont été trop longs.

Le manque d’énergie, d’inertie, la peur des changements ont ralenti l’adaptation de notre sport aux réalités de notre époque, Nous ne pouvons plus rivaliser avec les autres sports qui eux sont presque tous plus simples, plus compréhensibles et plus rentables que la gymnastique.

Nous n’avons pas encore réalisé la profonde conviction de la valeur que nous tenons dans nos mains avec la Gymnastique pour Tous, laquelle est notre seule activité ayant des retombées positives dans un marché très concurrentiel.

On est tous prêts pour les innovations, les changements, mais lorsque ils touchent les intérêts immédiats de chacun d’entre nous, on devient alors tout à coup frileux et les propositions ne sont pas été accueillies favorablement, pour être finalement rejetées.

La Gymnastique dans sa globalité se trouve à un tournant. A nous de choisir. Nous entrons dans une logique de restructuration ou nous maintenons le statu quo, en renonçant à nous adapter aux attentes d’un public qui veut comprendre les résultats des compétitions, de gymnastique et qui veut être plus participatif pour vivre le sport de la gymnastique comme tous les sportifs qui ont envie de vivre les sports qu’ils affectionnent.

La gymnastique devra faire un grand effort pour garder la confiance de l’opinion publique, des médias et des sponsors.

De nos jours rien n’est acquis. Plus nous restons attachés à notre tradition comme si c’était un tabou insurmontable et plus vite nous serons hors jeu.

Au cours de ces 18 dernières années de présidence, j’ai eu le sentiment que nous avons parfois risqué de toucher le fond en termes de popularité et de crédibilité. Nous en sommes sortis dignement uniquement parce que nous avons pris des décisions fortes et crédibles, au travers desquelles nous avons prouvé que nous sommes disponibles et prêts à introduire les mesures nécessaires. Mais trop de choses, trop d’initiatives ont été bloquées par la méfiance, par le manque d’énergie et par la peur des transformations.

Ce n’est pas en restant les bras croisés et tétanisés par la peur des changements que nous relèverons le défi que le monde du sport nous impose. Certes, nous pouvons aussi nous tromper dans nos choix de projets ou dans nos tentatives de faire de nouvelles expériences. Mais il faut se rappeler que, jusqu’à nos jours, les changements ont été utiles et productifs. On peut se tromper, tout le monde, en voulant innover de bonne foi, dans les limites du possible. Mais c’est actuellement un devoir d’avancer, dans le but de favoriser des expériences alternatives en vue d’ouvrir une voie pour un futur meilleur.

Aujourd’hui, tout cela est devenu une nécessité.

Voici une citation d’un illustre personnage du monde scientifique, le physicien Albert Einstein :

« Ne prétendons pas que les choses changent si nous continuons à faire la même chose. La crise est la meilleure bénédiction qui peut descendre sur les personnes et les pays, parce que la crise apporte des progrès. La créativité naît souvent de l’angoisse comme le jour naît de la nuit obscure. Dans la crise naissent l’imagination, les découvertes et les grandes stratégies. »

La gymnastique devrait s’inspirer de cette réflexion. Elle ne peut pas rester liée aux schémas rigides de la tradition.

Une dernière chose. La gymnastique n’a pas de marché. Elle ne devient un sport populaire que tous les quatre ans. Il faut dépasser cette situation qui peut à terme devenir dangereuse.

Nous connaissons les raisons qui provoquent cette situation, c’est pourquoi il faudra prendre des risques en introduisant de nouveaux projets et de nouvelles idées.

Je compte sur vous.

Avec mes compliments.

FEDERATION INTERNATIONALE DE GYMNASTIQUE

Prof. Bruno GRANDI, Président de la FIG.

Forli (ITA) / Lausanne (SUI) / FIG Office, le 29 octobre 2014. BGR

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A propos de la FIG: La Fédération Internationale de Gymnastique est l’autorité mondiale et exclusive de gestion de la gymnastique. Elle est la plus ancienne des fédérations internationales de sport et participe aux Jeux Olympiques depuis leur restauration en 1896. La FIG gère sept disciplines: la gymnastique pour tous, artistique masculine, féminine, rythmique, au trampoline, aérobic et acrobatique. Elle compte 135 fédérations nationales membres et emploie 28 personnes en son siège mondial de Lausanne (SUI), la ville hôte du Comité International Olympique.
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