— Publié le 3 décembre 2025

« L'IMMAF est la seule fédération qui a du poids dans le milieu du MMA »

Interview Focus

Le panorama international du MMA a évolué ces derniers jours avec la formation de la FIMMA à Athènes. L’organisation a affiché ses ambitions olympiques, présenté des soutiens de poids comme Spyros Capralos et annoncé un partenariat avec l’Académie internationale olympique. L’IMMAF, fédération internationale fondée en 2012, a moyennement apprécié cette entrée fracassante. Bertrand Assoumou, membre du board et responsable du pôle Europe de l’IMMAF, a tenu à s’exprimer.


Comment réagissez-vous à la formation de la FIMMA ?

On ne peut pas arriver en disant que l’on crée une fédération internationale et que l’on sera aux Jeux olympiques. Il y a des étapes, des protocoles. J’ai l’impression qu’ils sont en train de réinventer le sport : le MMA se pratique dans une enceinte fermée, ça a d’ailleurs été l’un de nos combats quand on a fait campagne pour la légalisation du MMA en France. Ça ne se fait pas sur un tapis ou sur un ring de boxe, mais dans une cage ou un ring fermé car c’est un sport de percussion et de préhension.

Quand le MMA est pratiqué sans cage, comme aux Jeux asiatiques de la Jeunesse cette année, ce n’est pas du MMA ?

Non, ce n’est pas du MMA. C’est une tentative de s’approprier une discipline qui marche bien. Tu peux participer aux Jeux asiatiques, avoir un accord avec l’organisation de cet événement, mais ça ne veut pas dire que le CIO te reconnaît. Même nous, on ne dit pas qu’on sera aux JO en 2032 parce que ça ne voudrait rien dire. Il y a tout un protocole. L’important est de travailler sur le développement du MMA chez les jeunes, faire grandir le sport, transmettre des valeurs, avoir des coachs qualifiés, etc. Et après, s’il y a la possibilité d’être olympique, ça arrivera naturellement. Mais on ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs.

Vous aviez eu vent de ce projet ?

Bien sûr, le MMA est une communauté où tout le monde se connaît. L’IMMAF existe depuis 2012, on organise des championnats depuis 2014. Cette année, on a fait un Championnat du monde cadets avec plus de 1.200 athlètes et plus de 60 fédérations. La semaine dernière, on avait 300 athlètes au Championnat panaméricain au Mexique. On a plus de dix ans d’expérience et plus de 150 pays inscrits à la fédération internationale. Il n’y a plus rien à démontrer. L’IMMAF est la seule fédération qui a du poids dans le milieu du MMA. On souscrit aussi au code de l’AMA – un processus assez long, la première pierre à l’édifice pour être validé par les instances internationales comme SportAccord. Il y a des processus. On ne peut pas arriver en disant que l’on représente le monde du MMA, réinventer les règles et dire qu’on sera aux Jeux olympiques. Ça n’a pas de sens, ça ne fonctionne pas comme ça.

Donc quand la FIMMA annonce son objectif d’être aux Jeux olympiques, c’est de la communication ?

C’est de la communication, oui, car ça n’a pas de sens concret. Il y a tellement d’étapes… L’affirmer, c’est ne pas connaître le système. Annoncer qu’on veut être aux JO sans avoir passé ces étapes, ça brouille le message.

La photo de famille de la FIMMA, à Athènes.

La FIMMA dit qu’elle répond à une demande de nombreux athlètes et fédérations. Cela signifie peut-être que certains ne sont pas satisfaits par ce que propose l’IMMAF.

Vous allez toujours trouver des gens mécontents, pour plein de raisons. Ce n’est pas ça. On est la fédération qui a le plus gros background, on est là depuis 2012. Aujourd’hui, le passif parle pour nous sur la construction de la discipline au niveau amateur. Il y a des mécontents, évidemment, mais les contents sont beaucoup plus nombreux ! On essaie d’avancer, de faire les choses correctement et d’apporter quelque chose à chacun.

Vous dîtes que la FIMMA n’a pas de poids dans le monde du MMA. En revanche, la présence des certains présidents de CNO et du président des Comités olympiques européens, Spyros Capralos, montre qu’elle a du poids au sein du Mouvement olympique.

Je ne suis pas là pour dire qu’ils n’ont pas le droit d’exister, mais que pour être une fédération internationale, il y a un processus avant d’arriver aux Jeux olympiques. Que certaines personnes aient des accointances avec d’autres, c’est possible. Le MMA n’appartient à personne. En revanche, le fait de recréer des fédérations, ce n’est pas très rassurant, il n’y a pas de stabilité : certaines personnes étaient chez nous, ensuite chez GAMMA, et maintenant à la FIMMA… L’idéal serait que tout le monde se réunisse, mais ce n’est pas possible. C’est de la politique, il y a toujours des gens qui veulent créer leur propre truc. Quelqu’un qui veut vraiment développer le sport doit aller où il a le plus de chances d’exprimer son potentiel. Ce n’est pas la FIMMA, ni la GAMMA, c’est l’IMMAF. Si on veut avancer, il faut de la stabilité. Si on croit en une structure, on essaie de la développer en faisant fi des batailles d’ego.