— Publié le 14 septembre 2025

World Athletics face au défi du réchauffement climatique

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Les Championnats du monde d’athlétisme se sont ouverts samedi à Tokyo, avec le sacre du Canadien Evan Dunfee et de l’Espagnole Maria Perez sur le 35 km marche. Quatre ans après les Jeux olympiques et paralympiques, les projecteurs sont à nouveau braqués sur le Stade national. Et comme en 2021, les regards seront tournés vers le ciel, en espérant qu’il se montre clément. Presque un vœu pieux au regard des prévisions en matière de chaleur et d’humidité.

« Les gouvernements n’ont pas pris leurs responsabilités »

Le Japon a connu l’été le plus chaud de son histoire selon l’agence météorologique nationale, avec une température moyenne supérieure de 2,36 degrés par rapport aux normales de saison. Le réchauffement climatique n’est pas une nouveauté, et le sport y est une nouvelle fois confronté, comme les footballeurs lors de la récente Coupe du monde des clubs aux Etats-Unis. « Ce n’est un secret pour personne, nous avons des difficultés avec la chaleur à Tokyo, reconnaissait Sebastian Coe avant le début des épreuves. Les gouvernements n’ont pas pris leurs responsabilités et le monde du sport va devoir prendre des décisions unilatérales à ce sujet. »

Les organisateurs des Mondiaux ont déjà décidé d’avancer le début de certaines courses pour s’adapter : les marcheurs du 35 km et les marathoniens devaient s’élancer à 8 heures, mais il a finalement été décidé d’avancer leur départ de 30 minutes pour éviter des conditions trop extrêmes et protéger les athlètes. Lors des Jeux de 2021, la marche et le marathon avaient carrément été délocalisés à Sapporo, plus au nord, face à la chaleur tokyoïte. Des ajustements à la marge, qui appellent nécessairement à une action plus ambitieuse pour stopper l’hémorragie, à tous les niveaux.

Biocarburants, recyclage et cellules solaires

Le comité d’organisation de ces Championnats du monde a justement mis plusieurs initiatives en place pour contribuer à l’effort. Les biocarburants alimentent 100 % des générateurs temporaires utilisés pour fournir de l’électricité aux diffuseurs, une première pour des Mondiaux d’athlétisme. Toute l’électricité achetée pour l’événement est certifiée renouvelable, tandis que tous les véhicules officiels fournis par Honda, partenaire de World Athletics, sont électriques, hybrides ou à pile à combustible, « une autre première pour les Championnats du monde d’athlétisme », se félicite la Fédération internationale. Un système de recyclage circulaire « Bottle to Bottle » a été mis en place pour collecter et recycler les bouteilles en plastique dans le stade et les sites d’entraînement. Les spectateurs sont d’ailleurs encouragés à apporter leurs propres bouteilles et à les remplir aux différentes bornes de remplissage d’eau installées autour du stade.

Le comité d’organisation s’est associé à un projet de récupération d’huile de cuisson lancé en 2023 par la municipalité de Tokyo afin de contribuer à une chaîne d’approvisionnement en carburant durable pour l’aviation : un carburant fabriqué à partir d’huiles usagées qui, une fois généralisé, permettrait de réduire considérablement les émissions carbone du secteur. Moins original, mais tout aussi pertinent : des lampadaires alimentés par des cellules solaires de nouvelle génération sont installés le long du chemin menant les spectateurs vers le stade. Le samedi 20 septembre sera l’occasion parfaite de mettre toutes ces actions en valeur puisqu’il marquera la « Journée de la durabilité » de ces Mondiaux. Parmi les activités de sensibilisation qui seront organisées, figure notamment un plogging, combinaison de jogging et de ramassage des déchets. « Les gouvernements n’ont pas pris leurs responsabilités », clame Sebastian Coe, mais l’athlétisme compte prendre les siennes.