— Publié le 25 août 2025

Milan-Cortina et le gouvernement italien en quête de l’équilibre financier

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Les comptes du comité d’organisation de Milan-Cortina 2026 font beaucoup parler en Italie. L’instance a enregistré 30,5 millions d’euros de perte en 2024, portant son déficit total à 150 millions d’euros. Si les revenus ont augmenté (de 26,4 à 72,7 millions d’euros), les coûts de production ont explosé en parallèle. Ses dirigeants n’affichent cependant pas d’inquiétude particulière. Alors que des recettes conséquentes sont attendues en 2025 et surtout 2026, le comité d’organisation a aussi reçu un gros coup de pouce du gouvernement, via un décret qui ne fait pas l’unanimité de l’autre côté des Alpes.

Un équilibre fragile

Le fameux « décret sport » a notamment été approuvé afin d’apporter « des réponses concrètes et urgentes pour que l’Italie soit prête à affronter les grands événements qu’elle accueillera dans les mois à venir », dixit le ministre des Sports et de la Jeunesse, Andrea Abodi. Il permettra de dégager autour de 394 millions d’euros, ce qui soulagera grandement la dette accumulée.

Dans le détail, un commissaire spécial pour les Jeux paralympiques recevra une enveloppe compartimentée : 79,3 millions d’euros pour des services (sécurité, logistique, etc.), 112 millions hors TVA pour « des activités organisationnelles de nature fongible dont les coûts n’ont donc pas été inclus dans le budget » de la Fondation Milan-Cortina, et 190 millions hors TVA pour « l’achat de services non fongibles directement auprès de la Fondation (avec pour conséquence une augmentation des recettes pour la Fondation elle-même) ».

Dans son bilan d’exercice, le COJOP estime ainsi que « le contenu du plan permet de conclure (…) que la Fondation sera en mesure de récupérer le déficit en capital accumulé ». Un optimisme pas forcément partagé. Début juillet, la Cour des comptes de la région Vénétie faisait part de ses doutes sur la situation financière. « Si les conditions d’équilibre financier ne sont pas réunies à la fin du dernier cycle pluriannuel, l’impact négatif sur les finances des différentes entités concernées, dont la région Vénétie, sera inévitable », a-t-elle rappelé.

Plusieurs députés ont aussi pointé que « le gouvernement agit comme prêteur en dernier recours pour couvrir les coûts liés à la construction des infrastructures des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Milan-Cortina » et que « lbudget des Jeux olympiques de Milan-Cortina 2026, présenté comme “à coût nul” pour l’économie et l’environnement, s’est en réalité élevé de décret en décret ». Entre autres car le gouvernement a souhaité à tout prix réhabiliter le centre de glisse de Cortina, alors que le CIO préconisait de délocaliser les épreuves concernées sur un site déjà existant à l’étranger.

La colère des associations antimafia

Dans ce contexte, une autre polémique s’est déclenchée lorsque des voix ont dénoncé l’allocation de 43 millions d’euros du Fonds de solidarité avec les victimes de la mafia et de l’usure pour le financement des Jeux d’hiver. « Aucune ressource n’est retirée », a assuré la sous-secrétaire d’État Matilde Siracusano, arguant que cette somme correspondait à un excédent non utilisé, dans le but de fournir des équipements et des logements aux forces de police pendant l’événement.

Les associations antimafia, dont Libera, ont qualifié la décision d’ « inacceptable », estimant que cet argent devrait plutôt être dirigé vers l’assistance médicale et psychologique, les bourses d’études, et plus généralement le soutien des victimes. L’association La Tazzina della Legalità juge que ces ressources sont « vitales pour les familles touchées par des tragédies irréparables, désormais volées pour financer le logement et l’équipement des forces de l’ordre lors d’un événement sportif ». Un caillou de plus dans la chaussure des responsables de ces Jeux d’hiver.