À quoi ressembleront les Jeux olympiques de l’eSport ? La question reste sans réponse, quinze mois après l’annonce de la création de l’événement. Le CIO avance en tâtonnant. En février, il avait décidé de reporter la première édition à 2027. Ce jeudi, il a même renoncé à son idée de lancer ces Jeux avec son partenaire saoudien. Un rétropédalage qui, assure le CIO, ne remet absolument pas en cause son ambition.
Un mariage compliqué à assumer
Le CIO a gardé le contact avec le Comité olympique et paralympique saoudien tout au long de l’année. En tant que partenaire fondateur, l’Esports World Cup Foundation (EWCF) devait apporter « son expertise en matière de sélection des jeux, de structure des tournois et d’engagement de l’écosystème ». Il y a huit mois, Thomas Bach assurait qu’il existait « une feuille de route très claire pour les tout premiers Jeux olympiques de l’eSport ». Le dirigeant déclarait même que les Jeux étaient « en train de devenir une réalité ». Il s’est visiblement emballé. Les parties ont décidé de mettre fin à leur coopération, « d’un commun accord », et le chemin reste encore long avant que l’événement se matérialise.
« Il y avait beaucoup d’inconnues entre la manière d’aborder le montage de l’événement, les sélections, le choix des jeux, les relations entre les FI, les éditeurs, le CIO… Cet été, quand l’Arabie saoudite a annoncé l’organisation de la Coupe des Nations en novembre 2026, il était évident que cela pouvait jouer sur la réflexion du CIO. Ça commençait à faire beaucoup d’événements sur un même territoire et dans un laps de temps réduit, pointe Sylvie Le Maux, en charge du eSport au CNOSF, pour Francs Jeux. J’avais l’impression d’un mariage dont personne n’était vraiment convaincu, entre des parties très différentes. Si on regarde les choses de manière pragmatique, ça n’aurait pas marché comme ça. La discussion entre les FI et les éditeurs de jeu est compliquée, c’est avéré. Si on n’arrive pas à aligner tout le monde, c’est mieux de faire une pause. »
Nouvelle approche
Dans le communiqué publié jeudi, le CIO se dit « déterminé à poursuivre son ambition », en suivant sa propre voie et en adoptant « une nouvelle approche des Jeux olympiques de l’eSport ». Le projet est donc toujours d’actualité, mais ses contours précis restent à dessiner.
« Est-ce que le CIO ne prendra que des jeux rattachés aux FI, sans intégrer les éditeurs, qui eux seront à la Coupe des Nations ? Est-ce que le CIO peut glisser autant vers ce qui n’est pas dans son ADN, est le sport en tant qu’activité physique ? D’un autre côté, League of Legends, Counterstrike, c’est l’eSport dans sa définition première. Tu ne peux pas faire des Jeux du eSport sans les inclure, tu perds toutes les communautés. Si c’est juste pour retrouver les fédérations que l’on a déjà sur les Jeux olympiques, est-ce que ça a un intérêt ? », s’interroge Sylvie Le Maux, « pas étonnée que ces réflexions soient remises sur la table ».
Cette mise sur pause va nous laisser « un petit bol d’air pour prendre le temps d’expliquer, d’acculturer les fédérations, sans être oppressé par la nécessité de sélectionner très vite une équipe de France », poursuit-elle. Le CIO a fait part de son objectif d’organiser la première édition « le plus tôt possible », sans se montrer plus précis à ce stade.

