Dans un peu moins d’un mois, le 26 novembre, l’Inde saura si elle organisera les Jeux du Commonwealth 2030. Ahmedabad a déjà reçu une très bonne nouvelle en obtenant la recommandation du bureau exécutif de Commonwealth Sport dans son duel avec Abuja. Un signal très positif quant à la vision sportive du pays, qui vise aussi les Jeux olympiques et paralympiques 2036. La présidente de l’Association olympique indienne, P.T. Usha, fait le point sur l’immense ambition du pays pour Francs Jeux.
Quels sont les principaux atouts de la candidature de l’Inde pour 2036 ?
Notre principal atout réside dans le fait que cette candidature reflète une mission nationale et un engagement à long terme envers les idéaux olympiques. L’Inde connaît actuellement une transformation complète de son paysage sportif, guidée par la vision et le leadership du gouvernement national. Cette transformation vise à positionner l’Inde comme une nation sportive de premier plan, tant en termes de participation à grande échelle que de performances d’élite.
Nos objectifs sont clairement définis : figurer parmi les dix premières nations au classement des médailles olympiques d’ici 2036 et entrer dans le top 5 d’ici notre centenaire en 2047. Cette ambition s’appuie sur un effort soutenu et systématique englobant la réforme de la gouvernance, le développement des infrastructures, les systèmes de soutien aux athlètes et l’engagement de la base à travers le pays.
L’aspiration olympique de l’Inde fait donc partie intégrante de cette transformation nationale plus large. Elle offre au Mouvement olympique l’occasion de s’engager avec une nation de 1,4 milliard d’habitants, dont plus de 600 millions de jeunes, dans un parcours de croissance partagée, d’inspiration et d’excellence. Nous considérons ce partenariat comme mutuellement enrichissant et conforme aux valeurs de l’esprit olympique.
Le gouvernement indien a dévoilé un budget sans précédent consacré au sport. Comment cet élan financier va-t-il influencer la candidature pour 2036 ?
L’engagement financier sans précédent du gouvernement envoie un signal clair : l’Inde est déterminée à transformer son paysage sportif et à se hisser parmi les nations sportives de premier plan au niveau mondial. Les dirigeants du pays ne se contentent pas de fixer des objectifs sportifs ambitieux, mais qu’ils investissent résolument pour les atteindre. Si l’Association olympique indienne (IOA) bénéficiera de cet investissement, son impact réel se fera sentir dans l’ensemble de l’écosystème sportif. Des académies locales aux centres d’entraînement d’élite, les athlètes auront accès à des infrastructures de classe mondiale, à un encadrement de pointe et à de meilleures opportunités de compétition. Les fédérations nationales bénéficieront également de systèmes plus solides, de ressources plus importantes et de capacités améliorées. Dans ce contexte, notre ambition olympique pour 2036 est à la fois naturelle et réalisable.
Vous ressentez vraiment un soutien politique ?
Absolument. Le soutien politique qui sous-tend la transformation sportive de l’Inde sans équivoque et impulsé par les plus hautes instances gouvernementales. Cette convergence de vision et d’engagement est l’une des forces déterminantes de notre projet national. Le Premier ministre a personnellement et constamment défendu l’objectif de transformer l’Inde en une superpuissance sportive mondiale, en en faisant un pilier essentiel de la stratégie nationale Viksit Bharat 2047.
Les lois nationales sur la gouvernance sportive et la lutte contre le dopage, récemment promulguées et adoptées à la suite d’un large consensus entre les partis, soulignent la volonté nationale commune de renforcer notre cadre sportif. Parallèlement, les gouvernements des États à travers le pays, de l’Odisha au Gujarat en passant par le Mizoram, mettent activement en œuvre des politiques sportives et des initiatives d’infrastructure ambitieuses, en parfaite adéquation avec cette vision collective.
Il s’agit véritablement d’un engagement de toute la nation. Une telle unité politique globale garantit la continuité, la stabilité et la dynamique, autant de facteurs qui renforceront profondément l’ambition olympique de l’Inde pour 2036. Grâce à ce soutien politique sans faille, l’Inde est prête à offrir non seulement des Jeux exceptionnels, mais aussi un héritage durable pour le sport mondial.
Quels sont les événements que vous considérez comme des étapes cruciales sur la voie des Jeux olympiques ?
Notre priorité immédiate est d’obtenir l’organisation des Jeux du Commonwealth de 2030 pour Ahmedabad. Compte tenu de l’importance durable du Commonwealth pour l’Inde et de la valeur symbolique de son centenaire, nous sommes profondément déterminés à organiser des Jeux exceptionnels et mémorables. Ce sera une étape décisive, une occasion de mettre en valeur l’excellence organisationnelle de l’Inde et l’émergence d’Ahmedabad en tant que pôle sportif de premier plan.
Pour l’avenir, nous élaborons un calendrier complet d’événements internationaux qui seront organisés dans plusieurs villes indiennes, dont Ahmedabad. Des annonces seront faites en temps voulu. Ce parcours est déjà bien engagé. L’organisation récente et réussie des Championnats du monde de para athlétisme, les plus importants de l’histoire, et les prochains Championnats d’Asie de natation 2025 en sont de parfaits exemples. Chaque événement offre une plateforme pour tester et affiner nos systèmes opérationnels, améliorer notre expertise en matière d’organisation et démontrer que l’Inde n’est pas seulement un candidat ambitieux, mais un hôte confiant, compétent et expérimenté, parfaitement prêt à accueillir le monde en 2036.
We have officially submitted our formal Games proposal to Commonwealth Sport in London to host the centenary edition of the Commonwealth Games in 2030, in Ahmedabad.
— Team India (@WeAreTeamIndia) August 30, 2025
Our delegation presented the bid in London last evening, on National Sports Day.
Here’s to a celebration of the… pic.twitter.com/dBszgmE8S8
Le CIO a récemment rétabli intégralement le financement de l’Inde. Dans quelle mesure s’agit-il d’une mesure décisive ?
C’est extrêmement important et, en effet, déterminant. Nous y voyons une reconnaissance sans équivoque des réformes de gouvernance entreprises par l’Inde dans le secteur du sport. Le CIO a spécifiquement souligné la réforme de l’Association olympique indienne et la promulgation de la loi nationale sur la gouvernance du sport comme des étapes cruciales.
Au-delà du rétablissement du financement, cette décision représente un regain de confiance et un partenariat renforcé avec le CIO. Elle confirme que nos réformes sont reconnues comme crédibles et positionne l’IOA comme un partenaire fiable et responsable au sein du Mouvement olympique. Pour nos athlètes, cela se traduit par des avantages tangibles : un financement accru, des programmes de développement structurés et de meilleures chances de réaliser leurs ambitions olympiques. Fondamentalement, cette mesure confirme que l’Inde est sur la bonne voie pour atteindre l’excellence sportive.
Quels sont les commentaires que vous recevez au sein du mouvement olympique concernant la candidature de l’Inde ?
Ils sont extrêmement positifs et constructifs. Le monde est prêt à voir l’Inde jouer un rôle plus important et plus responsable au sein du mouvement olympique. L’Australie, qui accueillera les Jeux olympiques et paralympiques de 2032, en est un exemple frappant. Le haut-commissaire australien a publiquement offert son soutien, soulignant « l’ambition claire » et « l’investissement significatif » de l’Inde dans le sport. Cela n’est pas perçu comme une rivalité, mais comme le fondement d’un partenariat stratégique entre deux des plus grandes démocraties de la région indo-pacifique, susceptible de façonner une décennie d’intérêt olympique pour toute la région.
La FIVB a récemment lancé un important programme de volley-ball scolaire en Inde, exprimant explicitement son intention de « faire de l’Inde un centre névralgique du volley-ball ». Cela reflète la reconnaissance mondiale de l’énorme potentiel de l’Inde en tant que plaque tournante du développement du sport. Nous sommes impatients d’approfondir ces collaborations.
L’Inde reste un « petit pays » sportivement sur la scène olympique (six médailles à Paris 2024, 71e nation au classement). Si vous souhaitez accueillir les Jeux en étant compétitif, ne pensez-vous pas que 2036 arrivera trop tôt ?
L’ambition olympique de l’Inde s’inscrit dans un plan structuré à long terme, avec des objectifs clairement définis et la création de centres de performance de pointe dans tout le pays. Si nos objectifs sont ambitieux, ils reflètent l’esprit d’une nation qui est ambitieuse dans son essence même. L’Inde est la démocratie qui connaît la croissance la plus rapide et est en passe de devenir la troisième économie mondiale. Avec plus de 600 millions de jeunes et une stratégie nationale globale en matière de sport, nous pensons pouvoir réaliser des progrès transformationnels similaires à ceux accomplis par la Chine entre le milieu des années 1990 et 2008. 2036 n’est pas trop tôt ; c’est l’occasion de montrer les capacités émergentes de l’Inde sur la scène mondiale tout en accélérant les performances de nos athlètes pour les amener à un niveau mondial.
La défiance du public a récemment nui à plusieurs candidatures olympiques. Est-ce une source de préoccupation en Inde ?
Non, nous n’avons pas d’inquiétude. Le sport n’est pas considéré comme une activité élitiste, mais comme une priorité nationale et un parcours professionnel accessible à tous. Notre vision place le sport comme un moteur clé du développement national, en phase avec le centenaire de l’indépendance de l’Inde. Cette vision est apolitique, inclusive et largement soutenue par l’ensemble de la société.
Le programme « Khelo Bharat Niti » récemment lancé illustre cette approche. Il s’agit d’une politique nationale globale visant à renforcer notre écosystème sportif. Au-delà de la performance d’élite, cette initiative utilise le sport pour promouvoir l’inclusion sociale, la santé publique, l’éducation et la croissance économique. Dans ce contexte, le sport est une force unificatrice pour le progrès national, et non une source de division.

