— Publié le 26 octobre 2025

Donald Trump, le président prêt à prendre la Coupe du monde 2026 en otage

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Donald Trump aime faire le show, en témoignent son apparition à la WWE ou ses nombreuses années dans l’univers de la téléréalité. Il n’a pas changé en arrivant à la Maison Blanche. Dans le Bureau ovale, le président des États-Unis a récemment brandi la menace d’un chamboulement de la carte des stades de la Coupe du monde 2026, rien que ça, à huit mois de l’ouverture du tournoi. Une sortie médiatique qui confirme une chose : Donald Trump ne se privera pas d’instrumentaliser le Mondial, ni même les Jeux de Los Angeles 2028, dans sa guéguerre politique avec les Démocrates.

Seattle, Boston et la Californie dans son viseur

Les propos du président américain interviennent sur fond de tensions avec Michelle Wu, la maire de Boston, qui accueillera sept matchs de la Coupe du monde l’été prochain. « Nous pourrions leur retirer, lançait Trump devant la presse. J’aime les habitants de Boston, mais votre maire n’est pas compétente… Si quelqu’un fait du mauvais travail et que je pense que les conditions ne sont pas sûres, j’appellerais Gianni (Infantino), le président de la FIFA, qui est formidable, et je lui dirais de déplacer les matchs ailleurs. Et il le ferait. Il n’aimerait pas ça, mais il le ferait, très facilement. (…) Boston ferait mieux de se ressaisir. » Il y a quelques semaines, il évoquait déjà l’idée d’effacer Seattle et San Francisco de la carte du Mondial en raison de l’insécurité supposée de ces villes, dirigées par des Démocrates.

Los Angeles est aussi dans son viseur. « Je pourrais dire la même chose pour les Jeux olympiques, poursuivait Trump mardi. Si je pensais que Los Angeles n’était pas suffisamment préparée, je les déplacerais vers un autre endroit. Pour cela, je devrais probablement obtenir un autre type d’autorisation, mais nous le ferions. (…) Gavin Newsom (gouverneur de l’Etat, ndlr) doit se ressaisir car si nous n’étions pas intervenus avec force au début de mon mandat, ils auraient perdu Los Angeles. » Trump a multiplié les critiques à l’égard de la gestion des incendies XXL dans la région de Los Angeles. Cet été, il avait aussi envoyé la Garde nationale sur place pour répondre aux manifestations contre la politique migratoire agressive de Washington. Le locataire de la Maison Blanche s’est engagé dans une guerre idéologique. Et pour parvenir à ses fins, il n’hésiterait pas à prendre en otage la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques et paralympiques.

« Le football est plus grand que n’importe quel individu »

Heureusement, Donald Trump n’a pas le pouvoir de déplacer les Jeux ou la Coupe du monde à son bon vouloir. Ce n’est pas le gouvernement américain qui a choisi les villes hôtes du Mondial, mais la FIFA. Donald Trump n’a donc pas la main. Le président américain pourrait en revanche faire pression sur son ami Gianni Infantino afin que la FIFA intervienne, mais une telle hypothèse paraît improbable à moins d’un an de l’événement.

Les villes désignées préparent le terrain depuis plusieurs années, et trouver un plan B dans la précipitation ne serait pas sans risques pour la bonne organisation du tournoi. Le tirage au sort de la compétition, prévu le 5 décembre, fixera l’emplacement de dizaines de matchs et sera suivi de nombreuses réservations de transport et de logement, de la part des fédérations et des supporters. Chambouler toute cette organisation donnerait une piètre image des États-Unis, à laquelle Trump est férocement attachée.

Chez les villes hôtes, les aboiements du président ne génèrent pas d’inquiétude particulière. Le vice-président de la FIFA, Victor Montagliani, rappelait le cadre il y a trois semaines lors d’une conférence à Londres : « C’est le tournoi de la FIFA, c’est la FIFA qui prend ces décisions. Avec tout le respect que je dois aux dirigeants mondiaux actuels, le football est plus grand qu’eux et le football survivra à leur régime, à leur gouvernement et à leurs slogans. C’est la beauté de notre sport, il est plus grand que n’importe quel individu et plus grand que n’importe quel pays. » Pas question de laisser quiconque, y compris le président des États-Unis, régler des comptes politiques en utilisant le sport.